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Non, ménopause ne signifie pas la fin de la sexualité

Tous les indicateurs sont là pour attester qu'en tant que construction sociale et psychologique élaborée à partir d'une réalité biologique, la ménopause ne sonne plus le glas de la vie sexuelle des femmes.
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Les arcanes de l'amour et du désir demeurent l'un des plus grands mystères de la sexualité humaine. Tantôt capricieuse, tantôt harmonieuse, l'articulation amour-désir ne coule pas de source pour la majorité des couples. Et quand arrive l'heure de la ménopause, il n'est pas rare de voir des femmes venir consulter pour évoquer leurs préoccupations.

La ménopause, une période de transition

Inconfort physiologique au quotidien pour les unes, sensation de perte de libido pour les autres, la ménopause est une phase à part dans la vie des femmes. Malgré les traitements hormonaux proposés (THM), la ménopause est une période de transition qui engage autant le corps que l'esprit et comporte des répercussions notoires sur la vie intime et sexuelle des couples. Le regard sur l'autre change, des interrogations personnelles et relationnelles affleurent. C'est souvent l'heure des remises en question.

En effet, l'arrivée de la ménopause engage un rapport à soi et aux autres différent qui peut influencer radicalement (ou pas) la vie du couple. La principale demande des personnes qui viennent en consultation concerne la baisse - voire l'absence totale - de libido. Que faire après des années de vie commune lorsque le corps se met en veille et que le désir n'y est plus? Faire le deuil du temps passé et se résigner? Envisager une rupture? Se renouveler peut-être? À l'heure où le corps change et où le désir (en apparence) s'émousse - en apparence car de nombreux facteurs psycho-sociaux-culturels peuvent agir sur les représentations de la ménopause - il est important de rappeler à quel point la sexualité engage tout un panel d'éléments psychocorporels et qu'en matière de ménopause (comme de tout autre phase de changement biologique), il y a toujours des choses à faire et des solutions à apporter.

Pause, vous avez dit (méno)pause ?

La bonne nouvelle est qu'aujourd'hui la ménopause est devenue un passage plus aisé pour la gente féminine (j'évoquerai la problématique des hommes prochainement). D'une part, cela résulte de l'existence des traitements préventifs et hormonaux qui se sont fortement améliorés (THM, lubrifiants, gels intimes luttant contre la sécheresse vaginale, etc.) et d'autre part de certains facteurs psychosociaux qui ont évolué. Les stéréotypes bougent, la présence des femmes dans le monde du travail les rend moins dépendantes de la dimension familiale, leurs activités sociales les dynamise et leur processus d'individuation s'en trouve stimulé.

Comme le rappellent les sociologues Nathalie Bajos et Michel Bozon, la ménopause ne marque plus la fin de la vie sexuelle des femmes, contrairement à ce que l'on pouvait encore constater dans les statistiques des années 1960. L'enquête en question atteste d'une modification notoire de la sexualité des personnes de plus de 50 ans (entre 1970 et 2006). À savoir :

  • une prolongation de la vie sexuelle à des âges plus avancés
  • une intensification de l'activité sexuelle
  • une diversification des pratiques
  • un rapprochement des attitudes et des expériences des femmes et des hommes.

Ménopause et sexualité : entre tradition et modernité

Par ailleurs, si le nombre moyen de partenaires sexuels dans une vie a légèrement progressé parmi les hommes (de 10,9 partenaires en 1970 à 12,8 en 2006), il a proportionnellement fortement augmenté chez les femmes (passant de 1,4 en 1970 à 3,6 en 2006), ce qui témoigne d'une diversification des expériences sexuelles au cours de la vie.

Petit bémol cependant, même si de 30 % en 1970 la courbe est passée à 10 % en 2006, bon nombre de femmes de plus de 50 ans déclarent avoir encore des rapports intimes pour «faire plaisir à leur partenaire». Elles sont même 54 % à révéler faire occasionnellement l'amour avec leur compagnon «pour le satisfaire». La notion de «devoir conjugal» fait encore de la résistance dans les mentalités contemporaines...

Cependant et d'une manière générale, tous les indicateurs sont là pour attester qu'en tant que construction sociale et psychologique élaborée à partir d'une réalité biologique, la ménopause ne sonne plus le glas de la vie sexuelle des femmes. Certaines même profitent de cette période de libération du rôle procréateur pour réinvestir leur corps de femme et retrouver du temps pour revivre une nouvelle jeunesse ou (re)prendre soin d'elle. Car quel que soit son âge, la liberté du choix de sa sexualité relève avant tout de sa propre responsabilité. Et en filigrane, ce n'est pas spécifiquement la ménopause mais toute la problématique du maintien du désir à long terme entre deux êtres qui pose véritablement question.

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Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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