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Comment le «bondage» peut aider les couples en mal de communication

Jusqu'alors subversive et confinée, la pratique du bondage s'est déployée en Occident dans les sphères privées, les écoles et les clubs spécialisés. Depuis quelques années, force est de constater qu'un essor grandissant a lieu auprès du grand public...
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Jusqu'alors subversive et confinée, la pratique du bondage s'est déployée en Occident dans les sphères privées, les écoles et les clubs spécialisés. Depuis quelques années, force est de constater qu'un essor grandissant a lieu auprès du grand public...

Le bondage est le nouage de cordes sur un corps. Il provient du Japon (15ème siècle) et s'inscrit aujourd'hui dans une activité de jeu entre adultes consentants, lesquels choisissent de mettre en scène leurs imaginaire et fantaisies érotiques de manière sécurisée (règle du SSC : sain, sécuritaire et consenti).

Le bondage retient, relie et révèle...

Se faire bonder, c'est jouer avec la polysémie des liens et de l'attachement. Les cordes - en guise d'inscription sur la peau et d'écriture de soi - enlacent l'humain dans une enveloppe sécurisante. Comme je le propose dans mon essai, ces dernières renvoient à la fonction du lien et de l'attachement énoncée par le psychiatre John Bowlby dans les années 50. L'expérience du plaisir dans la douleur permet au Moi de se faire présent. Car le bondage retient, relie et révèle. C'est un processus paradoxal d'exposition et de libération du corps par le biais de sa propre constriction. La corde fait sa marque, elle creuse son sillon. Si le tatouage, c'est la peau, le bondage, c'est l'articulation. Une érotique de l'articulation et du pli : plier, déplier, tendre, replier, écarter. Le bondage renvoie finalement à un squelette externe, à un exosquelette de cordes. Comme la corde du saucisson qui retient les chairs assaisonnées, le bondage enveloppe la chair, crée des plis, des replis, des boursouflures, véritables signes du corps vivant, pulsant de l'intérieur, mais immobile de l'extérieur. Corps offert au mouvement et au regard d'autrui. L'«extimité» - cette intimité révélée aux autres - s'inscrit dans le pli.

Le bondage est un langage

Le bondage, avec ses cordes et ses codes non langagiers, avec ses impressions géométriques (quasi alphabétiques) effectuées sur le corps du partenaire, relève également d'un nouveau mode de communication. Les liens effectués par les cordes viennent combler le vide en soi autant que celui des échanges humains. À ce titre, le bondage est une forme de langage qui s'appuie sur une scripturalité épidermique (le marquage du corps) exercée par la pression des cordes et des ficelles sur l'épiderme. À travers le ligotage, des messages sont émis. Ils se lisent à même la peau. La chair est à vif. Une communication apparaît entre le ligoteur et le ligoté. La scripturalité des cordes de tissu sur le corps vient remplacer l'oralité des cordes vocales. Un nouveau langage surgit. L'encordeur et l'encordé se trouvent à chaque extrémité de la chaine signifiante, ils constituent respectivement l'émetteur et le récepteur du message. Souvent, le bondage produit ce qui ne peut se dire.

Bondage, quand tu nous tiens...

Quand la communication traditionnelle des couples s'épuise, les cordes du bondage peuvent parfois devenir une parade relationnelle. Non pas dans une brusquerie des liens, mais dans une quête de rétablissement d'un contact perdu. Contact que le fil des mots, de l'écriture ou du téléphone se chargeait de produire auparavant. Car aujourd'hui, les ordinateurs, les connexions internet, les téléphones sont devenus sans fil, on écrit de moins en moins et on communique de loin... Plus d'attache, plus de liens matériels faisant office d'ancrage physique et de vecteur relationnel. Les explorateurs de nouvelles formes discursives ont bien intégré les vertus rhétoriques du bondage également. Bonder, c'est structurer un langage pour communiquer. Bonder, c'est articuler.

Véritable poétique du fil, le bondage n'en a pas fini de tisser sa toile...

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Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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