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Le féminisme a-t-il encore sa place?

Plus qu'une idéologie communautariste qui évince l'autre moitié de l'humanité, le mouvement féministe devrait s'inscrire dans une lutte globale contre toutes les formes de discrimination, qu'elle soit selon le sexe, la couleur de peau, la religion ou l'orientation sexuelle.
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Ce n'est pas moi qui pose la question, mais bien Marie-France Bazzo qui s'adressait alors à Monique Simard, présidente de la SODEC et tout un symbole de la lutte féministe au Québec. Même si elle peut paraître déplacée, cette question n'en demeure pas moins pertinente, comme elle pourrait l'être aussi pour le syndicalisme. Bien entendu, il ne s'agit pas d'oublier le combat de pionnières qui se sont battues pour l'obtention du droit de vote pour les femmes, pour l'égalité salariale ou encore pour la création des congés de maternité. Toutefois, le devoir de mémoire n'empêche en aucun cas le questionnement, n'est-ce pas ? Alors, le féminisme a-t-il encore sa place au Québec ?

À mon avis, la réponse est oui tant les commentaires et les comportements sexistes sont toujours aussi actifs et même plus encore grâce aux réseaux sociaux où tous les excès de langage sont permis. Et pas seulement envers les femmes... En revanche, je poserais plutôt la question suivante : « Au Québec, le féminisme tel qu'il se définit aujourd'hui a-t-il encore sa place? » En effet, sauf erreur de ma part, il me semble toujours entendre une once de ressentiment envers la gent masculine dans les propos de certaines féministes, comme Geneviève Saint-Germain, Nathalie Collard ou Marie Plourde par exemple. Ainsi, même si je respecte leurs convictions, leur notion du féminisme m'apparaît parfois trop radicale et sectaire.

Certes, même si tout n'est pas gagné, la situation des femmes au Québec s'est grandement améliorée. Notre première ministre est une femme. De plus en plus de femmes ont des postes de direction comme par exemple Monique Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, Suzanne Fortier, principal et vice-chancelier de l'Université McGill, Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro ou encore France Charbonneau à la tête de la commission qui porte son nom. Et je ne pense pas que la tendance va s'inverser. Dans un article publié récemment sur le site Les affaires, on apprenait aussi que le Québec détenait la plus haute proportion de femmes membres de conseils d'administration au Canada. Je conçois, bien entendu, qu'il y a encore des batailles à mener, notamment en termes de conciliation famille-travail, quasi inexistante malgré les beaux discours. Soyons un peu patients, les grandes transformations de société se font souvent sur deux ou trois générations. Or, les postes de direction sont encore majoritairement occupés par des baby-boomers...

Une autre bataille est l'équité salariale. À ce titre, n'en déplaise au gouvernement Marois qui vante tant cette égalité homme femme pour justifier sa charte de la laïcité, elle n'existe pas encore dans la fonction publique et parapublique au Québec (là où travaillent un grand nombre de femmes et où les salaires sont plus bas que dans le privé). Dans son billet Une gifle pour les femmes!, Richard Perron, président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) y va ainsi d'un triste constat. On peut lire, je cite, « parmi les membres que je représente, six emplois occasionnels sur dix sont occupés par des femmes. Par contraste, les hommes occupent 57% des emplois professionnels les mieux rémunérés. Si j'avais un esprit machiavélique, je serais porté à croire que l'État reproduit la discrimination systémique envers les femmes en offrant moins que le privé ».

Plus qu'une idéologie communautariste qui évince l'autre moitié de l'humanité, le mouvement féministe devrait s'inscrire dans une lutte globale contre toutes les formes de discrimination, qu'elle soit selon le sexe, la couleur de peau, la religion ou l'orientation sexuelle. Cette lutte globale s'appelle l'humanisme et elle devrait se matérialiser au quotidien sans porte-étendard. Autant de luttes contre la pauvreté (hommes, femmes, enfants), le piètre état de l'éducation publique et la violence conjugale. Présenter le féminisme uniquement sur une base manichéenne du bien contre le mal me semble dorénavant inapproprié tant cette distinction me semble de plus en plus floue.

Dans notre société qui carbure à la réussite matérielle, certains hommes ont des comportements déplorables, tout comme certaines femmes sont sans scrupules. Dans le milieu de travail, certaines femmes peuvent ainsi se transformer en rapaces pour leurs semblables, hommes et femmes confondus. Aussi, bon nombre de femmes cupides n'hésitent pas à flatter dans le sens du poil celui qui ne leur plaît pas vraiment, mais qui sait si bien les gâter... Quant à l'hypersexualisation des filles, reconnaissons qu'il y a une certaine déresponsabilisation de la société dans son ensemble. Qui sont ces designers qui ont eu l'idée de créer des strings pour fillettes ? Où sont les mères pour apprendre à leur fille qu'offrir sa bedaine aux yeux du monde ne la rendra pas plus attirante ? Qui sont ces parents (dont des mères) qui offrent des augmentations mammaires à leurs filles ou les inscrivent (surtout des mères) à des concours de mini-miss ? Et puis, qui oblige des jeunes femmes à « se prostituer » sur le petit écran d'Occupation double qui bat d'ailleurs des records d'audience ? Ne venez quand même pas me dire que tout ça est la seule faute des hommes. Il y a bien quelques femmes qui manquent de couilles pour dire « stop » à tout ça, non ?

Bref, des hommes vraiment cons, il y en a et il y en aura toujours, tout comme il y a des femmes complètement débiles. Alors, ne tombons pas dans les généralités simplistes (voyez la piètre image des hommes dans les publicités). Aussi, par respect pour les femmes qui luttent dans le monde pour leur intégrité ou, plus grave, pour leur vie, évitons les écarts de langage pour dénoncer certains comportements masculins comme l'avait fait maladroitement la chroniqueuse Judith Lussier dans son article La robe que je ne porte plus pour une raison x. Être sexy et féministe n'est pas forcément incompatible. Être un homme et être sexiste n'est pas automatiquement un fait. Ne pas être féministe et être engagée, c'est aussi un choix.

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