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Twitter et les « spin doctors »

Environ un million de Québécois sont abonnés à Twitter, ce qui représente plus ou moins 16% des 6 130 307 électeurs inscrits dans la province au dernier scrutin fédéral. En plus de constater que Twitter est un réseau social qui ne n'est pas implanté de manière aussi élargie que Facebook au sein des foyers québécois, il faut comprendre que la communauté politique sur Twitter est limitée à quelques milliers de personnes.
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Twitter/Wikipedia

Le début du mois d'août marquera le lancement d'une campagne électorale qui sera la première à complètement intégrer les médias sociaux et le web 2.0. Les signes d'une utilisation accrue et inédite de Twitter au cours des prochains mois se font de plus en plus clairs et annoncent un changement important dans l'idée qu'on pouvait se faire de la communication politique.

Les débats Twitter qui ont débuté durant la grève étudiante et ceux qui font rage en cette période préélectorale sont réservés à un nombre de personnes très restreint qui s'adonnent à des guerres de mots et des attaques souvent personnelles qu'on appelle des #tweetfights. Lors de ces dernières, les professionnels de la communication sont prêts à tout pour discréditer leurs homologues. Ces « spin doctors » sont en effet des relayeurs d'information partisane dont le but est de cadrer certains messages pour que les rendre spectaculaires aux yeux des médias (qui eux peuvent décider ou non de les transmettre). Pour eux, Twitter est plateforme de promotion des idées de leurs partis, mais aussi, un outil de dénigrement des faits et gestes de leurs adversaires.

Pour être un hyperactif de Twitter, comme des dizaines de personnes qui gravitent dans la sphère politique en sont, il faut y mettre un nombre d'heures tel que la conséquence très probable de cette implication est de couper les utilisateurs d'une réalité politique et sociale beaucoup nuancée et certainement moins dramatique que les bombes qu'ils tentent de faire exploser à tous moments. De tels comportements quasi-schizophréniques étaient à prévoir avec l'arrivée de ce réseau social dans la joute politique, mais n'ont rien de réjouissant dans un contexte ou le cynisme est à son apogée.

Environ un million de Québécois sont abonnés à Twitter, ce qui représente plus ou moins 16% des 6 130 307 électeurs inscrits dans la province au dernier scrutin fédéral. En plus de constater que Twitter est un réseau social qui ne n'est pas implanté de manière aussi élargie que Facebook au sein des foyers québécois, il faut comprendre que la communauté politique sur Twitter est limitée à quelques milliers de personnes. Au moment d'écrire ce papier, environ 13 200 utilisateurs étaient abonnés au compte officiel de Québec Solidaire, ce qui en fait le parti politique le plus suivi du Québec. Le PQ attirait quant à lui environ 11 700 abonnés, la CAQ près de 7 000, le PLQ 5 600 et Option nationale environ 4 100 personnes. La majorité des acteurs politiques importants et des journalistes qui sont actifs sur ce réseau social attirent entre 7 000 et 20 000 utilisateurs. Les «spin doctors » quant à eux ont entre 1 500 et 3 000 abonnements et abonnés.

Twitter est devenu incontournable lorsqu'on parle de message politique. Toutefois, avec quelque chose comme 25 000 utilisateurs « politiques », qui représentent à peine 0,4% des électeurs, il faut éviter de faire l'erreur de croire que Twitter représente « le vrai monde » et ses idées. Il s'agit plutôt d'une plateforme de discussion entre différents acteurs de la société civile qui s'apparente peut-être davantage à un carré de sable.

Dans cette campagne électorale, Twitter sera un outil essentiel pour savoir presque en direct ce qui se passe dans toutes les régions du Québec. Les professionnels de la communication tenteront de l'utiliser pour maximiser l'appui à leur parti politique. Ce sera toutefois aux dépens de la nuance dans les débats et du respect de leurs adversaires.

En période normale, Twitter est une plateforme d'information et de discussion intéressante et dynamique. Lors d'évènements politiques comme des élections générales, ce réseau social a toutefois le défaut de donner une tribune à des centaines de personnes qui croient être les seuls à détenir la vérité sur la manière dont il faut gérer le Québec et qui sont prêts à prendre des heures à ne rien faire d'autre que d'angoisser sur la réaction que les autres joueurs du carré de sable auront lorsque le prochain « tweet » émergera.

Il pourrait donc y avoir cet avertissement lors d'un abonnement sur ce réseau social : Attention, Twitter peut rendre agressif lorsque mal utilisé.

L'auteur est finissant à la maîtrise en science politique à l'Université Laval et a été boursier de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant de l'Assemblée nationale du Québec en 2011-2012. Ses recherches portent essentiellement sur la couverture médiatique de la politique au Canada et au Québec.

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