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Comment je suis devenu candidat aux élections municipales

Comme 483 de mes concitoyens montréalais, je suis devenu récemment candidat aux prochaines élections municipales. Tout a commencé quand j'ai pris conscience de l'accessibilité méconnue du monde politique. Il suffit de récolter 25 signatures d'appui pour prétendre au poste de conseiller municipal.
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Comme 482 de mes concitoyens montréalais, je suis devenu récemment candidat aux prochaines élections municipales. Mes deux colocataires déploient depuis des efforts aberrants pour me proposer des slogans de campagne saugrenus. Leurs idées sont toutes hilarantes (« Enfin du Ludo-changement pour Montréal ! »), mais aucune ne ferait vraiment mousser une candidature à des élections.

Tout a commencé quand j'ai pris conscience de l'accessibilité méconnue du monde politique. Il suffit de récolter 25 signatures d'appui pour prétendre au poste de conseiller municipal. Les postes de maires, eux, peuvent nécessiter jusqu'à 200 signatures dans les villes et arrondissements les plus peuplés.

Aucune somme en argent n'est requise. Il faut être majeur, citoyen canadien, résident d'une municipalité et avoir un peu d'audace.

De l'audace, j'en ai eu besoin. N'étant doté ni d'un entregent exceptionnel, ni d'aptitudes sociales remarquables, j'allais pourtant entrer dans l'arène des ligues majeures en la matière. Mon sourire et mes idées n'allaient certainement pas rivaliser avec les affiches léchées et les programmes étoffés de mes adversaires, tous membres de partis politiques établis. Oui, de l'audace, j'en ai eu vraiment besoin.

Je suis tout de même allé à la rencontre de mes voisins pour obtenir leur support et m'enquérir de leurs préoccupations. Constat inattendu : toutes les personnes rencontrées m'ont accueilli chaleureusement. Elles ont été heureuses de voir se présenter un indépendant.

J'ai appris aussi que les Montréalais voient d'un bon œil la présence d'amateurs en politique. Que maîtriser la langue de bois n'est pas nécessairement une aptitude recherchée. Et surtout, que mon âge (je n'ai que 25 ans) ne me disqualifie pas, bien au contraire.

Puis, le jour de mon assermentation, j'ai rencontré les officiels du bureau d'élection. On m'a demandé si j'entretiens une relation d'affaires avec la ville. On m'a fait un cours pour me permettre de lire la carte électorale. On a même pris le temps de m'expliquer l'art de faire « sortir le vote » le jour du scrutin, car ça n'est rien de moins qu'un art, croyez-moi.

On m'a aussi mis en garde. On m'a dit : « pendant une campagne électorale, il y a toujours des personnes qui se battront pour t'empêcher d'être élu. Ces personnes chercheront à jeter le discrédit sur toi, contesteront tes déclarations de dépenses, ou remettront en cause les signatures d'appuis que tu auras amassées.»

Mais voilà, je suis aujourd'hui candidat. Tous mes amis et parents m'ont proposé de m'aider, d'être mon directeur de campagne. Cette unanimité me fait penser qu'en chacun de nous est présent un intense désir d'intervenir pour résoudre les problèmes de la vie politique.

Pourtant, aucun de mes proches n'est candidat ni n'envisage de l'être un jour. Ils sont peut-être intimidés, comme je l'ai moi-même été. Voilà pourquoi j'écris cet article : pour leur dire qu'il ne m'est rien arrivé, que tout s'est bien passé, que tout le monde peut être candidat lors d'une élection.

Le 3 novembre, j'aurai la chance de voter pour une personne en laquelle j'ai vraiment confiance, moi-même. Je souhaite à tout le monde d'avoir l'occasion d'en faire autant au moins une fois dans sa vie.

Se faire candidat à des élections, c'est acquérir en expérience et en connaissance l'équivalent de bien des diplômes. Bref, moi, je n'attends déjà plus le jour du scrutin pour gagner.

Ludovic Aubut-Lussier, 25 ans, est diplômé en administration publique et en science politique et est candidat indépendant au poste de conseiller de ville dans Villeray.

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