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Non, allaiter un enfant de quatre ans n’est ni «bizarre» ni «anormal»

Dans un contexte de sursexualisation des seins, ça peut sembler dérangeant, mais l’allaitement prolongé est littéralement la chose la plus naturelle au monde.
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Lucie Cox

Quand mon fils a eu quatre mois, on a commencé à me demander quand il passerait à la nourriture solide. À un an, quand je lui donnais le sein, on me demandait: "Tu vas bientôt arrêter, non?" et ma réponse était toujours: "Il arrêtera quand il sera prêt." Maintenant qu'il a trois ans, les gens semblent avoir accepté que Redford est maître de cette décision et que ça me va très bien. Est-ce que ça veut dire qu'il me tète en public? Pas vraiment. Qu'il ne mange pas de nourriture solide? Non. Il a simplement accès au lait de sa mère quand il en a envie, à l'heure du coucher, s'il toque à la porte ou s'il a peur et qu'un câlin ne suffira pas à le calmer.

Et, non, je ne m'inquiète pas qu'il veuille continuer jusqu'à ses 14 ans. Vous savez pourquoi? Personne ne tète éternellement. Autour de sept ans, on oublie même comment faire. Saviez-vous que nous sommes les seuls mammifères qui sèvrent leurs petits prématurément? Nous ne sommes pas dans Game of Thrones et, contrairement à la croyance populaire, un enfant allaité ne devient pas plus dépendant ou plus inséparable de sa mère. Bien au contraire, une relation forte dès les premières années pose les bases d'une confiance qui lui donne le courage d'explorer et le rend plus indépendant. Redford a même bien compris le concept d'espace personnel. Quand je ne suis pas d'humeur à lui donner le sein (oui, j'ai le choix), il pointe sa poitrine du doigt et dit: "Ca, c'est mon corps, et ça, c'est ton corps."

Alors pourquoi l'allaitement après un an constitue-t-il un tel tabou en Occident? En survolant les commentaires sur Tamara Ecclestone qui donne le sein à sa fille de quatre ans, on lit des choses comme "Ce n'est pas normal" et "C'est vraiment bizarre." Mais il y a des femmes dans le monde entier qui allaitent leur enfant jusqu'à leur âge de sevrage naturel, entre quatre et six ans, et personne ne s'en préoccupe. Pour la simple raison que c'est littéralement la chose la plus normale au monde. Nous marchons sur deux jambes depuis trois millions d'années et nous allaitons depuis encore plus longtemps. L'allaitement a toujours rempli son rôle: il assure l'alimentation, l'hydratation et le confort, en plus de toute une liste d'autres bienfaits que l'homme des cavernes ignorait. Le lait est toujours disponible, toujours nourrissant, toujours chaud. C'est vraiment une méthode de fainéant.

Que peut-on faire pour changer l'opinion des gens? Normaliser l'allaitement et, tant qu'à faire, l'allaitement prolongé. Les gens ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Mais si vous ne comprenez pas quelque chose, ça ne veut pas forcément dire que c'est une menace ou une erreur. Les enfants qui tètent ne développent pas une relation malsaine au sexe ou aux seins. Au risque de causer un scandale, c'est peut-être justement le fait d'être privé de la vue de seins au quotidien, une image parfaitement ordinaire avant la période victorienne, qui aurait de telles conséquences.

À une époque de sursexualisation des seins, tout ça peut paraître dérangeant et il y aura toujours des gens pour être mal à l'aise à la vue enfant au sein. Mais il n'est pas trop tard pour la prochaine génération. Il faut qu'on puisse assister à cela, voir que c'est normal. Car qu'est-ce que la normalité? Ce que nous avons l'habitude de voir. Il faut donc que nous montrions clairement aux enfants qu'il est normal de boire le lait de leur mère, comme le font les animaux, et ils trouveront ça normal en grandissant. Je ne m'attribue aucun mérite pour ce que je sais être et ressens comme le bon choix pour moi, parce que ma tendre mère a fait tout le travail en me donnant le sein malgré la résistance qu'elle a rencontré dans les années 1990. Elle a fait tout le travail et maintenant, c'est tout naturel pour moi. J'espère que ce le sera aussi pour mes enfants.

Il faut faire confiance aux femmes, à nos corps, à nos enfants, soutenir les mères qui nourrissent (gratuitement) leur bébé. C'est la chose la plus naturelle au monde, au même titre que dormir ou manger, et j'espère que nous pourrons à l'avenir la considérer de la même manière.

Ce blog, publié à l'origine sur le HuffPost britannique, a été traduit par Lison Hasse pour Fast for Word.

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