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Le Québec, paradis du féminisme

En cette journée du 8 mars, Journée internationale des femmes, on oublie trop facilement les gains énormes réalisés par les Québécoises.
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Le Québec est en train de devenir le pays de la «Femme Nouvelle» selon deux expertes féministes françaises : Florence Montreynaud et Simone Weil. En cette journée du 8 mars, Journée internationale des femmes, on oublie trop facilement les gains énormes réalisés par les Québécoises. Voici quelques exemples.

Florence Montreynaud, est une féministe militante, lors de son séjour ici en 2002, elle a affirmé : «Il est doux d'être féministe au Québec. Le Québec, c'est ce qu'il y a de plus proche du paradis féministe!» Cette historienne française est l'auteure de l'encyclopédie Le XXe siècle des femmes.

Simone Weil, ancienne ministre de la Santé en France, et survivante de l'holocauste, en visite au Québec pour recevoir un doctorat Honoris causa, a déclaré, à la suite d'une discussion sur l'avortement, «envier la place des femmes d'ici, jugées extraordinairement émancipées».

C'est grâce aux luttes menées par Lise Payette et le Dr. Morgentaler, dans les années 70, que les Québécoises ont eu accès à l'avortement. C'est environ 33 000 femmes par année qui ont recours à ce service disponible presque partout au Québec et encore presque inaccessible dans certaines provinces du Canada.

L'équité salariale, appliquée au Québec depuis 2009, constitue un autre élément important de ce paradis. Aucune autre province ou aucun état américain ne reconnait ce principe de justice naturelle. Les femmes sont grandes gagnantes de la lutte pour l'équité salariale. Les fonctionnaires concernées ont eu droit à une rétroactivité de 1.2 milliard de dollars et à des ajustements de rémunération variant de 0.1% à 120%.

Le réseau de garderies à bas prix et le régime de congé parental sont deux programmes qui ont été revendiqués et gagnés par le mouvement féministe.

Les femmes ont fait des gains dans un autre domaine, celui de la rédaction épicène et la féminisation des titres. Le Québec est le pays francophone qui accepte le mieux et utilise de manière générale la féminisation des noms des emplois occupés par des femmes. Si on se compare à la France, on réalise le chemin parcouru par les femmes d'ici, au grand dam de l'Académie française. Il est important de faire remarquer que cette institution, fondée en 1634, est l'une des seules de l'Ancien Régime, qui ne fut pas modifiée par la Révolution française de 1789. C'est ce qui explique que les règles de l'orthographe et de la grammaire sont toujours si en retard sur l'évolution et le «Bon usage».

La recherche de consensus est une autre valeur féminine, qui tend de plus en plus à réguler les rapports entre les hommes et les femmes qui travaillent ensemble. Dans un texte L'Évolution du leadership féminin au collégial, Eve Lavoie, cadre au Cégep de Saint-Jérôme, affirme : «Les femmes gestionnaires sont conscientes d'être en situation de pouvoir, mais elles prétendent l'exercer d'une manière différente. Elles investiraient le pouvoir des valeurs dont elles sont porteuses. Il s'agit des valeurs et des qualités traditionnellement perçues comme féminines: souplesse, leadership participatif, communications franches, recherche du consensus. » Pendant le Printemps érable de 2012, les représentants étudiants ont rencontré la ministre de l'Éducation Line Beauchamp. Ils ont recherché le consensus, en discutant pendant 23 heures d'affilée !

La lutte au patriarcat et à ses symboles est très en avance au Québec, avec la possibilité pour les femmes de garder leur nom de famille après un mariage. De plus, la lutte au masculinisme prend de plus en plus d'importance. Il faut remarquer que les hommes en devenant plus ''roses'' en sortent gagnants, en bénéficiant d'un nouveau type de relation avec les femmes.

La lutte des mères monoparentales pour la reconnaissance a fait des gains énormes au Québec, qui est la province qui possède le plus grand pourcentage de mères monoparentales. Ces dernières ont fait valoir leurs droits, comme l'obtention des prêts et bourses pour étudier, les garderies en milieu scolaire, les congés parentaux, etc.

L'apparition des femmes comme groupe spécifique dans les manuels d'histoire de nos écoles est une nouveauté. L'histoire traditionnelle était ethniciste. La nouvelle histoire s'oriente vers des horizons qui mettent de l'avant les idéaux du multiculturalisme. Ainsi l'histoire des Noirs, des LGBTQA+, des femmes et de tous les exclus de l'histoire officielle, va remplacer les figures traditionnelles de Dollar des Ormeaux, Talon, Champlain, etc.

C'est au Québec que l'on peut constater que les programmes de discrimination positive ont donné les meilleurs résultats.

Mais c'est surtout au niveau intellectuel que les femmes ont fait le plus de gain. Pour éviter la concurrence agressive avec les hommes, des départements d'études féministes ont été créés dans les universités, pour se concentrer sur les problématiques qui affectent les femmes. Le féminisme a permis à des femmes d'acquérir un statut social supérieur en se spécialisant dans des secteurs comme la théorie du genre, les groupes LGBTQA+, etc. C'est au Québec que l'on peut constater que les programmes de discrimination positive ont donné les meilleurs résultats. Grâce à des programmes comme Chapeau les filles, l'accès aux postes dans les CA, la relativité salariale, l'imposition de quotas pour augmenter le nombre de députés féminins, etc.

Finalement, malgré tous ces gains justes et nécessaires, il existe quand même des critiques et des voix discordantes comme celle de Lysianne Gagnon, en accord avec Mario Dumont de la CAQ, qui reproche à ses concitoyennes éduquées, de ne pas faire assez d'enfants. D'autres veulent ridiculiser en parlant de «matantisation des médias», de «chick lit» etc. sans oublier la fameuse déclaration du premier ministre Bernard Landry : «Ne me parlez pas des groupes de femmes», ni celle de la Présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, lorsqu'elle déclara aux journalistes : «Les hommes feront les frais de l'équité salariale» et en rajouta «Pour régler l'équité salariale, j'ai gelé les salaires pendant deux ans ». Le grand financier Stephen Jarilowsky s'opposa aux quotas de femmes sur les CA des grandes institutions.

Au niveau de gouvernement fédéral, les conservateurs du gouvernement Harper s'opposaient à l'application de l'équité salariale. Tom Flanagan, professeur de sciences politiques à l'Université de Calgary et conseiller de Stephen Harper, a écrit « L'équité salariale était l'une de ces très mauvaises idées des années 70, comme les cheveux longs, les survêtements de sport en polyester, le contrôle des prix et des salaires et Pétro-Canada. » Il en a rajouté : le principe de l'équité salariale équivaut à «prétendre qu'une salade de fruit a la même valeur qu'un steak.» Dans un livre ''The Pursuit of Division. Race, gender, and Preferential Hiring in Canada'' Martin Loney affirme que ce principe entraine la division, et discrimine les hommes blancs !

Enfin, tout ne peut être parfait en ce bas monde.

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