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Le cours ÉCR constitue une étape vers la science

Je propose, pour prendre un peu de recul dans ce débat très émotif autour du cours Étique et culture religieuse, de se référer aux idées d'un grand sociologue pour faire avancer le débat. Il s'agit d'Auguste Comte et de sa «Loi des trois états», écrite vers 1844.
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La pétition pour le retrait du volet religieux du cours Éthique et culture religieuse (ECR) vient d'être déposée à l'Assemblée nationale. Elle oppose les idées de deux intellectuels québécois, Daniel Baril et Georges Leroux. D'un côté, on retrouve un promoteur de la philosophie humaniste et de l'athéisme et de l'autre le défenseur du «respect absolu de toute position religieuse », qui place le droit de conscience et de religion au-dessus du droit à la liberté de parole. Cette pétition donne suite à la publication récente du livre La face cachée du cours ECR.

Je propose, pour prendre un peu de recul dans ce débat très émotif, de se référer aux idées d'un grand sociologue pour faire avancer le débat. Il s'agit d'Auguste Comte et de sa «Loi des trois états», écrite vers 1844. Ce concept, inventé par le fondateur du positivisme, nous explique que le savoir humain passe par trois états théoriques successifs : théologique, métaphysique et positif. Il en va de même tant pour les individus que pour la société. J'applique cette loi au cours ÉCR.

Les sociétés archaïques et traditionnelles placent la religion au-dessus des lois humaines. Les mythes anciens gouvernent leur monde. Si les découvertes scientifiques contredisent la religion, les textes sacrés prévalent. Si l'égalité homme femme pose problème, il faut vivre comme si la femme était soumise à l'homme. Si la Magna Carta ou les droits de l'Homme vont à l'encontre des interprétations des textes sacrés, qu'à cela ne tienne, l'interprétation des religieux prévaudra. L'ancienne présidente du Mouvement laïque québécois Marie-Michelle Poisson décèle par ailleurs dans les fondements du programme ÉCR «l'influence d'un courant philosophique appelé les anti-Lumières». Ce mouvement réactionnaire a un illustre représentant au Québec en la personne de Charles Taylor, philosophe auquel se réfèrent la plupart des défenseurs du cours. C'est l'état théologique.

Notre société actuelle évolue entre ces deux types de sociétés. Ce que j'apprécie de l'approche de Georges Leroux, qui est le «père» du cours ÉRC, c'est qu'elle représente une étape entre les deux. C'est l'âge métaphysique. Les faits récents démontrent une évolution. Le chef du Parti québécois, Pierre-Karl Péladeau s'est marié non pas à l'église, mais dans le cadre d'une cérémonie civile. Le maire Doré a choisi de ne pas faire célébrer ses funérailles dans une église, mais à l'Hôtel de Ville de Montréal. Ces deux personnages importants ont donné un bel exemple de ce qu'il faut abandonner dans la pratique religieuse. C'est ce que recommande Michel Onfray dans son Traité d'athéologie qui, malgré son titre, fait la part des choses entre ce qu'il faut enlever et garder de 2000 ans de traditions religieuses chrétiennes.

Les sociétés post-modernes prônent des valeurs qui sont avant tout contre la violence. Tout texte, même sacré aux yeux de certains, qui prône la violence est à rejeter même s'il a été écrit il y a plus de 2000 ans. Ces textes religieux ne peuvent justifier le fait qu'ils poussent des gens à se faire exploser pour tuer des innocents. Les gens sont libres de croire en Jésus, Mahomet, Nostradamus ou au Monstre en spaghetti volant, mais ils doivent respecter les droits de chacun. A l'école, il faut avancer graduellement vers l'âge positif et des cours qui accordent une place importante aux «courants de pensée séculière», comme le recommandait en 1999 le «rapport Proulx» retenu par le gouvernement du Québec.

Les cours ÉCR permettent de nous distancer d'une religion qui impliquait le témoignage personnel de l'enseignant et qui marquait l'enfant pour la vie, en lui inculquant des valeurs religieuses. C'est ce que j'ai compris en aidant ma petite fille à faire ses devoirs pour le cours ÉCR de Secondaire 2. Ils se situent entre le Petit catéchisme de mon enfance, avec ses 992 questions-réponses à apprendre par cœur, d'une part, et un véritable enseignement laïc du phénomène religieux basé sur les sciences sociales comme la sociologie, l'histoire, l'anthropologie, etc. «L'approche à privilégier doit être historique et le tout doit être examiné d'un point de vue comparatif, anthropologique, social et cognitif», comme l'écrivait André Gagné dans l'ouvrage La face cachée du cours ÉCR.

Il faut surtout apprendre aux écoliers qu'à chaque époque dans l'histoire de l'humanité, des groupes de pression ont voulu se placer au-dessus des autres et réclamer des avantages. C'était le cas des sorciers des sociétés primitives. C'est le cas des religieux de nos jours, qui profitent du fait que leur statut de membre d'une religion leur permet de ne pas payer de taxes municipales, scolaires, ni d'impôts, de profiter des largesses du système de dons de charité, etc. Pour la sociologue Joëlle Quérin, «le cours ÉCR apparaît ainsi comme un projet pédagogique à haute teneur idéologique et politique qui est en outre marqué par un recul des connaissances».

En attendant cette société post-moderne et positive, dans laquelle la science dominera comme le prévoyait Auguste Comte, pourquoi ne pas donner aux jeunes le droit d'être exemptés du cours ÉCR, dans sa mouture actuelle, comme cela était le cas avec les cours de religion avant leur apparition.

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