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La censure systémique: le rôle des cégeps et des universités

Je suis persuadé que si les études supérieures étaient gratuites avec des examens d'entrée pour sélectionner les meilleurs, le problème de la censure disparaitrait presque de lui-même.
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Les journaux comme Le Devoir, ont publié récemment un grand nombre d'articles concernant ce nouveau phénomène apparu dans les universités, la censure systémique. Habituellement, quand on parle de la censure dans les milieux universitaires, les auteurs font mention de la dégradation de la liberté d'expression et de l'impossibilité d'avoir des débats où des idées inconfortables sont présentées.

Je veux aborder une autre dimension, qui me semble occultée par nos tabous bien québécois, pour expliquer le sujet. J'ai remarqué que tous décrivent la situation, donnent leur opinion, mais personne ne propose d'expliquer certaines des causes qui sont oubliées.

Je veux présenter quelques suggestions pour mieux comprendre ce problème «complexe». Je considère que les cégeps et les universités sont en partie responsables de la censure qui prend de plus en plus de place dans les institutions de haut savoir. Il faut noter que ce phénomène existe aussi dans les universités américaines.

Le Québec n'est pas habitué, comme la France, aux débats basés sur des arguments. Il compte peu d'intellectuels et malheureusement deux d'entre eux sont attaqués. Normand Baillargeon a reçu des menaces de mort et Mathieu Bock-Coté a été empêché de prononcer une conférence à l'UQAM.

La censure dans le milieu universitaire s'explique par de multiples raisons. Voici quelques pistes de réflexion. Le fait d'être accepté au cégep ou à l'université crée des attentes chez un jeune, qui pense réussir comme au secondaire. Ses parents, qui ont investi dans un RÉÉ, poussent sur lui. Lorsqu'il se rend compte qu'il n'a pas les capacités intellectuelles ni les talents pour réussir, il panique.

Je suis persuadé que si les études supérieures étaient gratuites avec des examens d'entrée pour sélectionner les meilleurs, le problème de la censure disparaitrait presque de lui-même.

Un grand nombre de jeunes doivent travailler pour payer leurs études supérieures. Ils sont souvent fatigués et ne sont pas intellectuellement motivés pour participer à des conférences. Je suis persuadé que si les études supérieures étaient gratuites avec des examens d'entrée pour sélectionner les meilleurs, le problème de la censure disparaitrait presque de lui-même.

J'aime les jeunes et je leur fais confiance. Je leur ai enseigné pendant 36 années. Ils sont honnêtes et bons, mais lorsqu'ils découvrent que le système les trahit, ils développent différentes attitudes. Devenir violent en écoutant des intellectuels qui expliquent des idées complexes qu'ils ne comprennent pas est l'une de ces attitudes.

Plusieurs épiphénomènes accompagnent la culture de la censure systémique, comme la culture du viol systémique, l'abolition des pénalités reliées au plagiat à l'université Laval, le «stickergate» à l'UQAM, les manifestations violentes dans les rues, le concept «d'espace sécuritaire, safe space», des conférences censurées, des micros agressions, des faux appels à la bombe, l'appropriation culturelle, la construction de toilettes transgenres, l'obtention du fameux '' quart d'heure de célébrité mondiale'', le militantisme dans les associations étudiantes, la demande de lieux de prière, de lavabo pour se laver les pieds, etc. ou tout simplement la création d'universités religieuses.

Après avoir discuté avec de nombreux étudiants, au cégep et à l'université, je me suis aperçu qu'ils ne comprenaient pas le fonctionnement de ces institutions, qui reçoivent leurs subventions par tête de pipe. Au primaire et au secondaire, les écoles «maquillent les notes» comme l'explique Patrick Lagacé de La Presse, avec comme résultat que le jeune ne connait pas sa vraie valeur. Au cégep, on continue cette pratique avec l'apparition récente de tous les programmes comme ''Transition'', ''Accueil et intégration'', des cours d'appoint en philosophie, en français, en maths, i.e. de niveau secondaire, des Centres d'aide, des accommodements déraisonnables pour obtenir une heure de plus pour faire un examen, un ordinateur, un local particulier, etc. Les étudiants les plus faibles génèrent des subventions qui sont le beurre sur les toasts des administrateurs. À l'université d'autres programmes semblables prennent le relai, comme la création de départements d'études féministes, afro-canadiennes, queers, LGBTQI2S+, etc.

Le professeur de philosophie de l'Université catholique de Montréal, Michel Seymour, écrit dans son livre Une idée de l'université, que cette course au chiffre et à la rentabilité a des conséquences graves; elle fait en sorte «qu'un trop grand nombre de personnes s'engagent dans des études universitaires sans avoir les aptitudes requises.» Le professeur constate que, «depuis dix ans, la moyenne des notes a été haussée dans presque toutes les universités», pour ne pas décourager les jeunes. À l'université, tous ont droit à une note comme A-, A ou A+. Mais les jeunes ne sont pas idiots. Certains se révoltent.

Lorsqu'ils prennent conscience de tous ces problèmes, certains deviennent violents. Dans son livre Éloge de la fuite, Henri Laborit nous apprend que devant l'adversité, l'humain devient agressif et se bat, fuit, fait le mort ou développe du stress. Exiger la censure est une forme de combat.

Les garçons sont mal adaptés au milieu scolaire. Ils se rebutent contre l'illogisme des règles de l'orthographe et de la grammaire. De moins en moins d'hommes leur enseignent. Ils sont très susceptibles aux arguments qui relèvent de la rectitude politique. Si vous ajoutez à cette situation la panique devant leurs insuccès académiques, vous créez une culture de la censure. Une partie de la solution réside dans le fait de n'accepter aux études supérieures que les jeunes qui ont les talents et les capacités intellectuelles pour réussir.

Pour mieux comprendre le rôle de la censure à l'université, j'invite à lire le beau roman de Philip Roth La tache qui raconte l'histoire d'un professeur d'université, qui dut démissionner de son poste à cause de la censure.

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