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J'ai eu besoin d'une déprime à 31 ans pour réaliser ce que je voulais dans la vie

Quand j’étais gamine, j’étais convaincue qu’à 30 ans, j’aurais un super job, de supers amis, un super mec et 2 ou 3 enfants.
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J'ai eu besoin d'une déprime à 31 ans pour réaliser ce que je voulais dans la vie.
Ingo Jezierski / EyeEm via Getty Images
J'ai eu besoin d'une déprime à 31 ans pour réaliser ce que je voulais dans la vie.

Ma crise existentielle

31 ans, le point sur la vie?

Depuis mes 30 ans, j'avais vécu des choses fortes: des rencards, des fous rire provoqués par les potes, des larmes, des crises d'angoisse (beaucoup). Je m'étais remise de la rupture en prenant progressivement conscience que Voldemort n'était vraiment pas fait pour moi et que cette relation n'avait été qu'une erreur nécessaire à mon futur bonheur. Un peu comme les enfants qui se vautrent par terre comme des cons jusqu'à ce qu'ils maîtrisent la marche. Ça fait mal, mais c'est un mal nécessaire pour apprendre à marcher dans un cas, apprendre à aimer sereinement de l'autre. Et surtout, sagesse des 31 ans arrivant, j'arrivais progressivement à envisager de pardonner à Voldemort. Ce qui provoquait en moi un certain apaisement. Un tout petit îlot d'apaisement dans un océan de déprime.

Mes 31 ans se profilaient et l'angoisse grandissait: en ayant perdu du temps en anéantissement post-rupture, je n'avais pas vraiment pris le temps de déprimer sur toute mon existence. Et ce, alors que mes 31 ans tapaient à la porte pour me rappeler tels des témoins de Jehovah insistants, qu'il était temps de faire le point sur ma vie personnelle et comprendre que j'avais une vie de merde.

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La trentaine n'est pas du tout comme je l'avais prévue

Quand j'étais gamine, j'étais convaincue qu'à 30 ans, j'aurais un super job, de supers amis, un super mec et 2,3 enfants. J'étais sûre que je serais dans la moyenne, heureuse, accomplie, sereine, épanouie.

Vers 25/26 ans, j'ai senti que les projets commençaient à sentir le patchouli. Je voyais que je n'avais pas de relation sérieuse, pas de boulot stable, des amis qui vivaient leur vie et n'étaient, en toute logique, pas présents pour moi. J'ai commencé à comprendre que l'âge adulte était un piège.

A 28 ans, en tombant amoureuse de Voldemort, j'ai recommencé à croire à mes projets. Je me disais qu'à 32 ans, je serais maman de mon premier enfant parce que 32, ça sonnait bien. A 32 ans, j'aurais enfin un CDI, un super appartement et que je ferais des soirées avec les potes façon Friends toutes les semaines. Aucun élément de ma vie d'alors n'abondait dans ce sens mais être en couple me redonnait foi en les projets. Je me sentais comme Arielle Dombasle dans Danse avec les stars: je prenais la confiance, convaincue d'atteindre mes ambitions. Et à 12 mois de l'échéance, je comprenais que j'avais été trop ambitieuse.

Game over, try again

A quelques semaines de mon 31e anniversaire, je sentais que j'avais encore foiré ma vie. J'étais pigiste (soit un job précaire qui me faisait de moins en moins vibrer), je vivais dans une sous-location minable, j'étais célibataire, en manque d'affection, en manque de câlins, convaincue que personne ne pouvait m'aimer et je commençais à paniquer à l'idée que je pourrais peut-être ne jamais avoir d'enfant (joie de la pression sociétale !). Je voyais de moins en moins mes potes parce qu'ils ne parlaient que de mariage et de gamins ou avaient tous un avis à donner sur la situation. Familles, potes et anciens collègues semblaient vouloir m'aider en bradant mes envies. Parce qu'il faut continuer à se contenter de trucs un peu merdiques, "en attendant".

-"Tu es journaliste à Paris? Postule-donc à cette offre de stage non rémunérée en Bretagne ! Ne sois pas trop exigeante, c'est toujours une activité bonne à prendre, en attendant."

-"Tu cherches un homme pour une relation stable? Prend déjà un plan cul, c'est toujours bien. En attendant"

-"Tu veux ton appartement? Le copain du voisin de ma cousine propose une chambre de bonne en sous-loc pendant 4 mois. Ça t'intéresse pas? C'est pas mal, en attendant."

"Il y a toujours pire que soi"

"En attendant". En attendant quoi? Que la chance tourne enfin? Parce que je n'arrivais pas à cocher les cases imposées par la société, je devais brader mes envies et me contenter de trucs concrets pas terribles parce que "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" ? . Bien sûr, il y avait des gens dans une situation pire que la mienne, qui auraient été bien contents de bénéficier de mon job ou de mon appartement. Oui, c'était vrai. Mais ce n'est pas parce qu'il y avait pire que moi, que ça devait me rassurer ou me réjouir. Je n'étais pas dans une situation stable et ce n'était pas normal qu'il y ait pire. Ça aussi, ça me déprimait.

31 ans, la (tentative de) reconstruction

En creusant ma petite tête et en suivant une thérapie, je me suis rendue compte que je manquais de confiance en moi et en mes projets. Que j'acceptais des choses que je ne devrais pas. Un comportement malsain alimenté par les conseils des proches qui me faisaient des suggestions de mode de vie "en attendant". Un ménage s'imposait: apprendre à me faire confiance, à croire en moi et en mes projets -personnels et professionnels – et chercher ensuite sereinement l'amour. En ayant l'impression de toucher le fond (même si oui, il y a toujours pire), on a un peu l'impression d'être entourée de chaos et d'instabilité. De cette impression, fondée ou non, je positivais en me disant que je ne pouvais a priori désormais que reconstruire. A moi donc de reconstruire quelque chose avec des bases solides, cette fois.

Ce billet est également publié sur le site Nos 30 ans.

(Le nom de l'auteur a été modifié à sa demande)

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