Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les agences de placement: un désengagement à la carte

L'Institut économique de Montréal (IEDM), unqui n'est pas connu pour ses prises de position favorisant une plus grande justice sociale, souhaite une meilleure intégration au marché de l'emploi des personnes immigrantes et des chômeuses et chômeurs. Voilà une idée fort louable. Cependant, la solution envisagée par l'IEDM a de quoi laisser perplexe.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

L'Institut économique de Montréal (IEDM), un think tank qui n'est pas connu pour ses prises de position favorisant une plus grande justice sociale, souhaite une meilleure intégration au marché de l'emploi des personnes immigrantes et des chômeuses et chômeurs. Voilà une idée fort louable. Cependant, la solution envisagée par l'IEDM a de quoi laisser perplexe.

Les agences de placement, un outil d'insertion ?

En effet, l'IEDM suggère que les agences de placement de personnel seraient une véritable panacée pour l'insertion en emploi. Permettez-moi de soulever quelques nuances. Ces agences n'ont qu'un seul but : assurer la disponibilité d'une main-d'œuvre bon marché à un bassin d'employeurs qui s'échangent les services de travailleuses et travailleurs ballotés d'un milieu à l'autre.

Selon l'IEDM, ces agences offriraient une plus grande « flexibilité » aux employeurs québécois. Qu'entend-on par ce terme ? Généralement, cela signifie le pouvoir d'un employeur de ne pas offrir de stabilité d'emploi aux travailleuses et travailleurs, de les payer moins cher, de ne pas être dans l'obligation d'offrir des avantages sociaux et, surtout, de pouvoir s'en débarrasser quand bon leur semble.

Ces agences n'offrent pas de nouveaux emplois, mis à part ceux reliés à leur fonctionnement (avec des frais de gestion de l'ordre de 20 à 40 %, ces agences sont loin d'être « efficientes »). Elles s'insèrent plutôt entre les chercheuses et chercheurs d'emploi et les employeurs, se rémunérant à même le dur labeur de leurs clients. De plus, la grande majorité d'entre elles s'assurent, par contrat, que les entreprises ne puissent offrir de poste permanent à leurs travailleurs, sous peine de se voir imposer des frais importants. De même, les travailleuses et travailleurs faisant affaire avec les agences de placement sont soumis aux mêmes exigences. En matière d'insertion en emploi, on repassera !

Précariser l'emploi, dans l'intérêt des agences

Ce genre de pratique assure aux agences de placement une main-d'œuvre disponible pour combler les besoins des entreprises. Cette main-d'œuvre est également prête à s'acquitter de la tâche dans des conditions moindres puisqu'elle est maintenue dans une précarité et une recherche d'emploi permanentes.

Une enquête de la Commission des normes du travail, rapportée par l'organisme Au bas de l'échelle, révèle que près de la moitié des personnes faisant affaire avec une agence de placement disent n'avoir eu d'autre choix pour postuler pour un emploi qui les intéressait. De plus, la flexibilité tant recherchée par les employeurs ne semble pas trouver écho chez les travailleuses et travailleurs. Lorsque ces derniers refusent des emplois proposés, ils se retrouvent soit en bas de la liste d'appel ou bien les agences ne leur offrent tout simplement plus de travail. Cette main-d'œuvre précaire n'a tout bonnement pas de rapport de force !

Mieux encadrer les agences de placement

Personne ne sera surpris d'entendre l'IEDM réclamer un assouplissement des règles minimales qui régissent les activités des agences de placement. Contrairement à ce que les détracteurs de la règlementation affirment, il n'y a pas que quelques cas d'abus. L'enquête de la Commission des normes du travail indique que les grandes agences ne respectent pas les droits des travailleuses et travailleurs qui font appel à leurs services. Le droit du travail n'est tout simplement pas bien adapté à cette réalité. Le fait d'avoir deux employeurs rend l'application des normes du travail bien difficile. Comme dans le cas des dispositions anti-briseurs de grève prévues au Code du travail, ces dispositions n'ont tout simplement pas suivi les nouvelles réalités du travail.

Encore une fois, l'IEDM nous ressort la même cassette anti-règlementation sans se soucier des conditions des travailleuses et travailleurs, ni des impacts de telles pratiques sur l'économie en général ! Cependant, il ne faudrait pas que nos décideurs tombent dans le panneau. Le rôle d'un gouvernement responsable est de protéger les droits des travailleuses et travailleurs. Dans le cas des agences de placement de personnel, force est de constater qu'il reste du chemin à faire.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

8: Québec: 22 %

Les écarts entre riches et pauvres dans les grandes villes canadiennes

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.