Sommes-nous condamnés à répéter les bêtises du passé? La description des initiations de la Faculté de droit de l'Université de Montréal pourrait nous faire croire qu'on a reculé, comme le disait la ministre responsable de l'Enseignement supérieur, Hélène David.
« On vient de repartir à zéro », disait Hélène David.
Au cours de ces initiations, les étudiantes et étudiants en droit de l'Université de Montréal ont eu l'étalage de tout un éventail d'exemples d'hypersexualisation, d'objectivation et d'autres représentations de ce que l'on nomme la culture du viol. Cela est un obstacle plus que majeur à l'atteinte de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Ce n'est pas le seul cas où un flagrant manque de jugement aura entraîné des comportements et des propos inacceptables dans le monde universitaire. Tapez « initiations » et « culture du viol » dans un moteur de recherche et vous verrez que les résultats donnent le tournis!
Repartir à zéro? Pas tout à fait
Devons-nous pour autant « repartir à zéro », comme le déplorait la ministre David? Même si cet événement peut nous le laisser croire, fort heureusement, la réponse est non. La rapidité avec laquelle la situation problématique a été établie et dénoncée est la marque d'une belle organisation et d'une vigilance de tous les instants au sein de nos institutions d'enseignement supérieur.
Le fait que des situations semblables aient été dénoncées au cours des dernières années devrait certes nous indigner, mais également nous donner espoir puisqu'elles ne se poursuivent pas en toute impunité.
Miser sur l'intelligence
Chansons dégradantes, slogans plus que douteux, plusieurs étudiantes et étudiants en droit ont décidé de dénoncer la teneur de ces propos dans les pages du Pigeon dissident, le journal des étudiantes et étudiants en droit.
Dans le contexte où des établissements universitaires et des associations étudiantes partenaires ont mis sur pied une vaste campagne pour expliquer le consentement sexuel (« Sans oui, c'est non »), la réaction de ces futurs bachelières et bacheliers en droit est fort encourageante.
En agissant tôt par l'éducation aux rapports égalitaires, il sera possible de tuer dans l'œuf la possibilité même que l'idée d'organiser de telles activités d'initiation puisse germer dans l'esprit des membres d'une association étudiante universitaire.
Comme l'ont si bien souligné les signataires de l'article intitulé La Bière est amère :
Nous ne pouvons pas tolérer des paroles, des actes, des comportements entre nous que nous réprouvons autrement ailleurs, dans un autre contexte. Nous devons être cohérents. Il n'y a pas de coupables ici. Ce ne sont pas les organisateurs. Ce ne sont pas les participants. Les coupables, c'est vous, c'est nous, c'est chacun d'entre nous pris isolément qui accepte par son silence de cautionner que des idéaux aussi distants de ce que nous défendons soient perpétués.
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