Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Guide de destruction du réseau public de services de garde

Vous voulez savoir comment vous y prendre pour détruire un réseau de services de garde public qui fait la fierté des Québécois et l'envie de nos voisins?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Vous voulez savoir comment vous y prendre pour détruire un réseau de services de garde public qui fait la fierté des Québécois et l'envie de nos voisins? Si le gouvernement libéral persiste dans sa volonté d'imposer des compressions en petite enfance, on pourra bientôt rédiger un guide pratique qui pourrait se lire ainsi :

Étape 1: Affamer le réseau public

La première chose à faire? Affamer le réseau public. Comment? En bloquant la création de places subventionnées et en imposant des compressions impossibles au réseau public, tout simplement! Depuis 2006, selon l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), ce sont 400 millions de compressions qui ont été imposées aux Centres de la petite enfance du Québec (CPE).

Étape 2: Subventionner indirectement les garderies privées

Faire pousser les garderies privées non subventionnées comme des champignons, c'est facile. Il suffit de mettre en place un généreux crédit d'impôt pour les parents qui y enverront leurs enfants. Généreux comment? Assez généreux pour qu'il n'y ait qu'une légère différence de coût entre une place publique et une place privée non subventionnée. Je dis « non subventionnée », mais dans les faits, le gouvernement finance indirectement ces places, vous aurez compris l'astuce.

En plus, l'obtention d'un permis de garderie privée non subventionnée est tellement facile que le nombre de places offertes au privé au Québec est passé de moins de 1% des places en 2003 (1620 places) à 18,5% des places au 31 mars 2015 (51 843)![1] Ajoutez à cela une absence totale de contrôle qualité et vous avez la recette parfaite pour la prolifération de garderies privées partout au Québec.

Étape 3: Augmenter les tarifs du réseau public

Pour favoriser l'exode vers les services de garde privés et décourager les familles québécoises d'y aller, suffit d'augmenter de façon prohibitive les tarifs. Par exemple, pour une famille qui gagne 100 000 $, le coût d'une place en CPE atteindra 11,41 $ par jour, jusqu'au maximum de 20 $ par jour pour les ménages dont le revenu brut dépasse 157 500 $.[2]

De l'autre côté, grâce aux nouveaux crédits d'impôt, il devient moins cher d'envoyer son enfant au privé non subventionné, même à 28$ par jour![3] Et quand je dis moins cher, je veux dire pour les parents, parce que collectivement, on n'épargne pas un seul sou. Les crédits d'impôt accordés aux parents qui doivent placer leur enfant dans un service de garde privé non subventionné s'élèvent à 420 millions de dollars. Ce n'est pas une coïncidence que le montant correspond aux compressions imposées aux CPE. C'est un choix politique délibéré d'étouffer le réseau public pour favoriser l'expansion du réseau privé.

Étape 4: Imposer de nouvelles compressions jusqu'à disparition complète du réseau public

Ça ne se termine pas là. Ce matin, on apprenait que le gouvernement libéral souhaite retrancher 120 millions de dollars additionnels l'an prochain dans le réseau des CPE! Ce montant s'ajoutera aux coupes de 400 millions imposées depuis 2006.[4]

Des mises à pied sont à prévoir. Des baisses de services aussi. L'AQCPE dénonce, avec raison, une vision purement comptable qui ne tient compte ni des réalités différentes entre les différents CPE et leurs clientèles, ni de la qualité des services offerts. Pour le gouvernement, une place, c'est une place, qu'importe que le réseau privé non subventionné fasse l'objet de 83% des plaintes portant sur la santé et la sécurité des enfants!

Le gouvernement fait également fi de l'enquête Grandir en qualité qu'a menée l'Institut de la statistique du Québec en 2003. Cette dernière révélait que, selon les évaluations faites dans 605 services de garde, 37 % des garderies privées sont en deçà des critères moyens de qualité comparativement à seulement 6 % des CPE et à 20 % des services en milieu familial. Et ça c'était avant l'explosion des places! [5]

Vous voulez agir?

Nous n'avons pas à subir sans broncher ces compressions. Nous ne sommes pas impuissants. Une pétition initiée par l'AQCPE pour demander au gouvernement d'annuler ses coupures est en ligne.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST:

Mai 2017

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.