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Finances publiques: un vaudeville dangereux

Classique d'entre les classiques, le gouvernement libéral de M. Couillard a constaté avec étonnement que les finances publiques allaient moins bien que ce à quoi il s'attendait en campagne électorale. Comme citoyennes et citoyens, nous commençons à avoir l'habitude de ce genre de vaudeville.
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Classique d'entre les classiques, le gouvernement libéral de M. Couillard a constaté avec étonnement que les finances publiques allaient moins bien que ce à quoi il s'attendait en campagne électorale. Comme citoyennes et citoyens, nous commençons à avoir l'habitude de ce genre de vaudeville.

Vu que plusieurs membres de son équipe étaient au pouvoir il y a moins de deux ans, cette « surprise » a de quoi étonner. Tout au plus, elle sert de prétexte pour annoncer le pire au nom du sacro-saint équilibre budgétaire qu'il faut atteindre à tout prix, et ce, même si pratiquement aucun des États du G-20 n'en sent le besoin.

La recette pour couper

Comme ce n'est pas la première fois qu'on se fait faire le coup, on connaît un peu la recette. En premier lieu, on annonce la découverte de ce fameux trou dans les finances publiques. On prononce la phrase consacrée : « L'administration précédente a laissé les finances publiques dans un état lamentable. »

Ensuite, on mandate des experts pour évaluer l'état réel des finances publiques et les solutions envisageables pour remettre le navire à flot. On prépare le public au fait que des choix difficiles devront être faits et on évoque plusieurs scénarios de compression qui, bien entendu, « n'affecteront en rien les services à la population ».

Enfin, on procède tantôt à des gels de salaire, tantôt à des mises à la retraite anticipées, tantôt à des gels d'embauche, tantôt à des mises à pied. Les solutions varient, mais elles peuvent se résumer à ce simple mot : compressions.

L'inévitable réaction positive du patronat

Fidèle à son habitude, le Conseil du patronat du Québec a réagi très rapidement à cette annonce, moins d'une heure après pour être exacte. C'est certain que toutes les propositions contenues dans les conclusions de ce rapport collent précisément aux demandes de l'organisme patronal. Au premier chef, le recours accru à la tarification et la vente d'actifs du gouvernement ouvrent grande la porte à la privatisation de sociétés d'État comme la Société des alcools du Québec ou Hydro-Québec.

Une obsession malsaine

Je me permets d'insister, les compressions ont des effets directs sur les services à la population. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la protectrice du citoyen dans un récent rapport. De plus, on n'a qu'à se tourner vers Ottawa pour voir que les compressions répétées et les mises à pied dans la fonction publique ont des effets désastreux sur les services offerts.

L'obsession de nos gouvernements pour le déficit zéro est malsaine pour la population du Québec. Nos services publics sont un puissant levier pour contrer les inégalités sociales. L'argent qu'on investit en prévention en offrant des services de qualité et un filet de sécurité sociale adéquat nous permet d'épargner des sommes plus importantes encore pour l'avenir.

Par exemple : les inégalités sociales, la pauvreté et l'éducation sont des facteurs sociodéterminants de la santé. Agir en amont pour réduire les deux premiers et augmenter les investissements en éducation permet, à terme, des économies bien plus importantes en santé et services

sociaux.

Un choix de société

Le rapport qui nous est présenté par messieurs Godbout et Montmarquette est idéologique, sans l'ombre d'un doute. Préparé en seulement 14 jours, il nous présente une vision bien précise de l'économie et de la société québécoise. Monsieur Montmarquette faisant la promotion des baisses d'impôts et des hausses de taxes et de tarifs depuis plus de 15 ans, il est peu étonnant de le voir arriver à ces conclusions.

Il est évident qu'en choisissant ses experts, on a une bonne idée de ce que le rapport contiendra avant même sa publication. Il est évident aussi que l'opinion de deux personnes, toutes expertes soient-elles, ne suffit pas à faire des choix de société aussi importants. Pour assurer la viabilité et la pérennité de nos services publics, nous devons discuter collectivement de leur financement et du type de fiscalité que l'on veut.

Il n'y a pas péril en la demeure, agir de façon précipitée nous empêche de faire preuve de vision et de faire des choix éclairés. Prenons le temps de bien faire les choses. Ensemble, occupons-nous des vraies affaires.

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