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Nouveau regard sur les «Deux solitudes»

Le Parti Québécois devrait se rendre compte qu'il a ici une responsabilité particulière. Que fera-t-il immédiatement pour que certains de ses projets législatifs ne soient pas perçus comme appartenant à un nationalisme d'exclusion pratiqué par une certaine droite française? Qui mettra en pratique la tradition de Gérald Godin et de René Lévesque à l'égard de nos compatriotes d'arrivée plus récente?
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PC

Mon ami Pierre n'est pas né ici. Il partage notre histoire commune depuis 43 ans. C'est un Québécois passionné dont le regard saisit souvent des images de nous-mêmes que nous ne voyons pas. Par exemple, voyant s'afficher les résultats des élections de mardi, il y a vu une nouvelle manifestation de ce que l'on nomme depuis si longtemps les « Deux solitudes ». C'est faux dans le détail, me semble-t-il, mais terriblement vrai globalement.

D'un côté, le bloc du vote libéral dont on sait qu'il est très majoritairement allophone et anglophone; de l'autre presque tous les autres partis qui, pour la première fois depuis les années soixante-dix, portent la variété des nuances du choix démocratique.

La majorité de l'électorat québécois se disperse d'une façon normale du centre droit jusqu'à la gauche plus progressiste. Faisant la promotion de la question nationale ou souhaitant la taire, cette majorité situera toutefois bon nombre de ses débats sur des prémisses nationalistes diversement énoncées. Là se trouve la possibilité d'une assemblée nationale d'où peuvent émerger des décisions majoritaires importantes, fruits de négociations d'adversaires démocratiques inspirés par le bien général. Une des deux solitudes est en train de s'émanciper au plan politique en instituant la diversité politique en son sein. Le Parti Québécois ne doit plus tenter de capturer toutes ces couleurs. Il devra appuyer le changement de notre régime électoral pour la prendre en compte. Il doit activer d'urgence le renouvellement générationnel de sa base militante.

Ce qui m'inquiète le plus, dans ce contexte, c'est la force de conscription unitaire du Parti libéral. J'appréhende tout particulièrement qu'on nous révèle bientôt qu'il a agrégé, une nouvelle fois, la majorité des citoyens québécois d'arrivée récente. Malgré l'extrême diversité des pays d'origine comme des appartenances culturelles et religieuses, celles et ceux qu'on désigne trop souvent uniquement par le qualificatif d'immigrants se sentent exclus de la majorité, même celles et ceux qui parlent un français dont la qualité est équivalente à celle de la majorité d'ascendances canadienne-française. Et pourtant nombreuses parmi ces personnes sont celles qui ne demandent qu'à participer au processus d'émancipation nationale.

Le Parti Québécois devrait se rendre compte qu'il a ici une responsabilité particulière. Que fera-t-il immédiatement pour que certains de ses projets législatifs ne soient pas perçus comme appartenant à un nationalisme d'exclusion pratiqué par une certaine droite française? Qui mettra en pratique la tradition de Gérald Godin et de René Lévesque à l'égard de nos compatriotes d'arrivée plus récente? Il ne s'agit pas ici de mesures législatives d'abord et essentiellement, mais d'une attitude plus ouverte à la différence, de changements à long terme, de renouvellement.

Dans bien des milieux, les deux solitudes n'existent plus. Ce vieil héritage n'intéresse guère les plus jeunes qui inventent l'avenir dans un joyeux métissage. Il y a de la place à la table commune. Le repas est meilleur lorsqu'on laisse la peur à la porte. En ce lendemain d'élection, cela ne semble pas encore acquis! Faux en particulier, mais vrai en général?

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