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De l'urgence d'un fonds de restructuration

Aucune de nos institutions n'est en mesure d'acquérir la totalité d'une entreprise, de la gérer temporairement, de la restructurer au besoin et de la revendre ensuite à profit.
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La vente récente à des intérêts extérieurs d'entreprises québécoises bien identifiées au milieu, comme les rôtisseries St-Hubert, Rona, Provigo, le Cirque du Soleil, Alcan, a soulevé à nouveau la question de la perte d'emplois et de sièges sociaux qui en résulte généralement. Cette question est légitime, même dans le cas où les acquisitions québécoises seraient plus nombreuses que celles de l'extérieur, car il vaut toujours mieux conserver ce qu'on a que de s'en départir. D'autant plus que les entreprises perdues auraient pu servir de base pour des acquisitions ultérieures à l'étranger.

Depuis la Révolution tranquille et l'arrivée de la garde montante, le Québec s'est doté de plusieurs instruments qui ont favorisé le développement chez nous d'un grand nombre d'entrepreneurs et de multiples entreprises. On pense à cet égard à la Caisse de dépôt et placement, à Investissement Québec, au Fonds de solidarité FTQ, aux fonds régionaux de Desjardins, au Fondaction de la CSN. Mais il manque encore à cet ensemble une institution capable d'agir, au besoin, comme agent principal de restructuration sur le modèle des grands fonds privés d'investissement (les private equity funds) comme il en existe aux États-Unis ou en Ontario (dont Fairfax qui, incidemment, est le principal actionnaire de Cara, qui achète St-Hubert).

En effet, aucune des institutions que nous avons créées n'est en mesure d'acquérir la totalité d'une entreprise, de la gérer temporairement, de la restructurer au besoin et de la revendre ensuite à profit.

Si un tel instrument avait existé, il aurait pu acheter St-Hubert au prix payé par Cara, solidifier sa gestion et, ensuite, soit la revendre à une entreprise québécoise existante (avec l'aide des autres instruments que nous possédons déjà), soit inscrire sa propriété à la Bourse, puisqu'il s'agit d'une société privée. Normalement, une telle opération se serait soldée par un profit substantiel, puisqu'il s'agit d'une entreprise déjà rentable. On n'a qu'à se référer à l'expérience des Blackstone, Fairfax et autres KKR pour constater que ce genre de restructuration est extrêmement profitable.

La mise sur pied d'un tel Fonds de restructuration exigerait des fonds substantiels, possiblement dans l'ordre du milliard de dollars. Il est probable que, chez nous, une telle somme de capitaux ne puisse pas être amassée rapidement sans que le gouvernement en prenne l'initiative. Ce n'est pas hors de ses moyens quand on se rappelle que la Caisse de dépôt et Investissement Québec ont récemment contribué, chacun, 1,3 G$ au soutien de Bombardier. Mais il serait souhaitable qu'afin d'éviter toute pression politique indue, le secteur privé et coopératif en prenne le contrôle le plus rapidement possible. D'ailleurs, rien n'empêcherait que la Caisse de dépôt, le Fonds FTQ, Desjardins et d'autres investisseurs puissent y contribuer dès le départ s'ils le souhaitent.

Le Fonds de restructuration est l'instrument qui nous manque. Il est d'autant plus urgent de le mettre en place qu'au cours des prochaines années, plusieurs centaines de nos entrepreneurs, qui sont ceux qui ont créé et développé les entreprises qui font notre fierté, devront céder la place à la relève. À nous de les aider, si nous ne voulons pas perdre et céder aux autres le fruit de leur travail.

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