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On ne peut pas traiter mathématiquement les problématiques politiques, de même qu'il est périlleux de politiser les démarches scientifiques.
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Artem Hvozdkov via Getty Images

J'ai reçu bien des commentaires au sujet de mon texte portant sur la posture religieuse du pacte de transition écologique. J'y reviens, car l'un d'entre eux m'a particulièrement intéressé.

Il s'agit du témoignage d'un scientifique, détenteur d'un Ph. D. en sciences écologiques.

Il m'a écrit:

«Tellement d'accord avec vous Louis-André. Que dire maintenant du "péché" écologique? J'ai lu le pacte qui, en plus de sa teneur religieuse dont l'humain contemporain a tellement besoin, est d'une naïveté navrante. Il donne la vive impression que tout va changer si tout un chacun cesse d'utiliser des sacs de plastique et roule en voiture électrique. J'ai fait mon doctorat en sciences de l'environnement et j'ai fréquenté l'un des pères de l'écologie, Pierre Dansereau. Or, je crois que le problème de détérioration de la planète est réel, mais ses causes sont anthropologiques comme vous le soulignez. Il est le résultat de la fin de l'ère industrielle et des changements profonds qu'ils ont entraînés sur nos modes de vie. Ce qui me désole le plus est l'effet de mystification qui entraîne dans son sillage des milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont besoin d'idéal. Moi non plus, je ne signe pas.»

Nous y voilà, «right to the point» comme disent les Anglais! C'est l'effet de mystification au nom de la rigueur scientifique qui dérange. En écoutant l'entrevue accordée par Dominic Champagne à l'émission Tout le monde en parle, il a déclaré parler au nom de la raison scientifique. Il a évoqué le discours scientifique, sorti de sa réserve devant l'urgence. Il a parlé de plus de 6000 études convergentes derrière le cri d'alarme. «La raison nous hurle d'agir», résumait-il en fin de parcours.

Je me suis rappelé alors le concept de «joyeuse austérité», si cher à Pierre Dansereau. Cet oxymore surprenant traduit bien une posture personnelle intéressante. Elle est enracinée dans une démarche studieuse. Elle est prudente à l'égard d'une forme de science, dont la complexité de l'objet interdit trop d'assurance et commande plus de réserve. Bref, la pluridisciplinarité des sciences écologiques actuelles prohibe la précipitation dans les interprétations de certains résultats.

Elle réclame aussi d'éviter les amalgames au demeurant d'approches méthodologiques divergentes. On ne peut pas traiter mathématiquement les problématiques politiques, de même qu'il est périlleux de politiser les démarches scientifiques.

À cette enseigne, Isabelle Paré signait un texte intéressant dans Le Devoir. Les informations annexées à la fin de l'article étaient éloquentes. On y apprend que le pire acte anti-écologique est d'avoir un enfant (+58 tonnes d'émission de CO2 par an!). À côté de ça, les autres mesures font pâle figure, même celle d'éviter de prendre l'avion.

Ce qui est dit des enfants doit l'être de tous les animaux de compagnie. L'empreinte écologique du chien hébergé à la maison, dont une part de la diète est carnivore, doit sonner l'alarme. Faut-il alors cesser d'avoir des enfants et renoncer aux animaux de compagnie? Bien non, mais... il y a ici un exemple d'un potentiel mauvais usage de la science au service d'une nouvelle forme de religion civile. C'est à considérer pour ne pas rester interloqué au moment d'être mystifié!

Pour le moins avant de signer un pacte, il vaut mieux réfléchir. Les avis d'experts peuvent diverger. Même sans le signer, il est toujours pressant d'agir pour une meilleure écologie humaine. C'est ce que j'appelle de mes vœux!

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