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Quand naissance rime avec violence

Plus de 80 000 femmes accouchent au Québec chaque année. Parmi elles, il y a trop de femmes qui se sentent infantilisées, méprisées, voire traumatisées à la suite d'un accouchement.
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Ce billet de blogue est un texte collectif dont la liste des signataires se situe ci-dessous.

À l'heure actuelle, les sages-femmes, les doulas, les femmes enceintes, quelques chercheures indépendantes et des militantes féministes sont pratiquement les seules à s'intéresser aux nombreuses questions entourant la naissance. Pourtant, toute personne se sentant concernée par l'avenir de l'humanité devrait s'y intéresser de près.

Plus de 80 000 femmes accouchent au Québec chaque année. Parmi elles, il y a trop de femmes qui se sentent infantilisées, méprisées, voire traumatisées à la suite d'un accouchement.

«On m'a dit que mon bébé allait mourir si je ne faisais pas ce qu'on me disait.»

«J'ai eu des touchers vaginaux par tellement de personnes que je me suis sentie violée.»

«On ne m'adressait pas la parole, le personnel se parlait entre eux et je ne comprenais pas ce qui se passait.»

«On m'a fait une épisiotomie malgré mon refus.»

«Je revois ma césarienne, comme un film d'horreur qui joue en boucle dans ma tête.»

«On m'a refusé le droit d'accoucher autrement que sur le dos, je n'étais pas libre de mon corps.»

Ce ne sont que quelques exemples de ce que nous rapportent des femmes. Ceci est encore plus vrai pour les femmes racisées, les femmes en situation de handicap ou dans un contexte de vulnérabilité, incluant les personnes trans ou non-binaires. Bien que la situation ne soit pas nouvelle, rien n'est dit, rien n'est fait et les médias s'efforcent, sauf exception, de nous vendre une maternité rose bonbon. Le système de santé se déshumanise au nom de l'austérité et de l'efficience et le silence entourant la souffrance des femmes qui enfantent perdure.

Nous pensons que ce silence doit cesser, qu'il est temps de soulever nos voix collectivement, de questionner la médicalisation et la pathologisation de la naissance et d'humaniser les soins autour de la naissance. Pour faire sa part, le Regroupement Naissance-Renaissance s'apprête à lancer une série d'outils pour (re)lancer le débat durant la Semaine mondiale pour l'accouchement respecté (SMAR). Nous faisons appel à la population afin de joindre sa voix à la nôtre pour réclamer que le système de santé ait une plus grande écoute des besoins des femmes pour qu'elles puissent vivre leur maternité dans le respect et la dignité.

Le Vénézuéla, premier pays à reconnaitre légalement la violence obstétricale, dans le cadre de sa loi sur la violence envers les femmes, la définit comme «l'appropriation du corps et du processus reproducteur des femmes par les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé, appropriation qui se manifeste sous les formes suivantes: traitement déshumanisé, abus d'administration de médicaments et conversion de processus naturels en processus pathologiques. Cela entraîne pour les femmes une perte d'autonomie et de la capacité à décider en toute liberté de ce qui concerne leur propre corps et sexualité, affectant négativement leur qualité de vie.»

Nous ne disons pas que les professionnelles et professionnels de la santé sont de mauvaise foi et agissent de manière intentionnelle. L'organisation des soins, les protocoles rigides et la vision principalement médicale de l'accouchement constituent les principaux problèmes.

Historiquement, l'obstétrique s'est construite sur la nécessité d'élever cette discipline émergente (l'accouchement étant jusqu'alors assumé par les sages-femmes) en conférant une «dignité pathologique» à l'accouchement. La médecine est devenue de plus en plus hospitalocentrique et gérée trop souvent comme une usine de montage. Cette historicité nous semble porteuse d'une violence systémique, d'une culture patriarcale qui amène une vision des corps des femmes réductrice, pathologisante et défaillante. Les femmes sont dépossédées de leur pouvoir d'accoucher, pouvoir remis entre les mains du corps médical, avec des conséquences parfois désastreuses sur la santé physique et psychologique des femmes.

Nous plaidons pour que la violence obstétricale soit enfin reconnue au Québec. En ce moment, il n'y a pas d'espace pour que les femmes puissent exprimer ce qu'elles ont vécu. Les femmes qui osent parler se font taire sous prétexte qu'elles devraient être heureuses d'avoir un bébé en santé. Or, il est de plus en plus reconnu qu'une expérience négative d'accouchement peut avoir, entre autres, un impact sur le lien d'attachement avec le bébé, le sentiment de compétence parentale et sur la santé mentale de la mère (dépression postnatale, syndrome de choc post-traumatique, etc.).

De plus, des études démontrent que les interventions obstétricales évitables nuisent à la santé de la mère et du bébé. Il s'agit dès lors d'un enjeu de santé publique qui devrait intéresser l'ensemble de la population et des intervenantes et intervenants du milieu de la santé. Puisque les données sont là, pourquoi constate-t-on si peu de changements sur le terrain? Ne serait-il pas temps d'envisager d'autres moyens pour arriver à humaniser la naissance et respecter l'autonomie des femmes et leurs droits sur leur propre corps? La reconnaissance de la violence obstétricale changera les choses pour les femmes qui accouchent. Celles-ci auront enfin droit de parole et des solutions pourront être mises en place pour le bien-être des mères, des bébés et de toute la société.

Dans le cadre de la Semaine mondiale pour l'accouchement respecté (SMAR), nous encourageons toute femme ayant vécu de la violence obstétricale à nous en faire part ou à le partager avec un groupe auquel elle appartient et nous invitons l'ensemble de la société à se pencher avec nous sur le problème qu'est la violence obstétricale. Parlez-en entre vous et autour de vous pour briser le silence.

materniteetdignite.wordpress.com

maternitedignite@naissance-renaissance.qc.ca

#ViolenceObstetricale #SMAR2016 #MaterniteDignite #AccouchementRespecte #RNR

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Regroupement Naissance-Renaissance et 288 co-signataires :

Hélène Vadeboncoeur

Lorraine Fontaine

Nicole Pino

Stephanie St-Amant

Sophie Séguin

Martine Delvaux

Claudine Jouny

Ariane Métellus

Sarah Labarre

Marilyse Hamelin

Isabelle Brabant

Roxane Noël

Sandrine Ricci

Mélanie Sarrazin

Isabelle Boisclair

Marie-Christine Lemieux-Couture

Alexandrine Agostini

Manal Drissi

Josiane Stratis

Maguy Métellus

Jeen Kirwen

Marianne Prairie

Roxanne Guérin

Tanya St-Jean

Anne-Marie Rouillier

Anick Desrosiers

Suzanne Zaccour

Ianik Marcil

Murphy Cooper

Renée Tremblay

Christine Marcotte

Nicole Nepton

Gabrielle Beaudoin Frenette

Marie-Ève Sturrock

Emmanuel Duret

Sandra Deschenes

Diane Boutin

Lucie Bataille

Louise Riendeau

Sandra Trottier

Vicky Bergeron

Bonnie Brayton

Fannie Lacroix

Annick Bourbonnais

Sandy Delisle

Florie Ainsley

Isabel Garcia

Sophie Lauzier

Maude Savaria

Carole Benjamin

Thérèse Namahoro

Saïda Skalli

Marie-Eve Lajoie

Mariane Piché

Valérie Turcotte

Véronique Paquin

Karine Murphy

Amélie Bélanger

Pascale Cazabon-Sansfaçon

Geneviève Béland

Rose Sullivan

Stéphanie Houde

Ingrid Payet

Andrée-Anne Gagnon

Bianca Forand-Routhier

Amélie Blanchette

Geneviève Coulombe

Cindy Sansoucy

Laurie Vallée-Dallaire

Caroline Champagne

Kelly Daigle-Blanchet

Anne-Lyse Theurillat

Morgane Beausoleil

Aurélie Alaume

Ariel-Emilien Bherer

Kimmyanne Brown

Valérie Maltais

Marielle Couture

Nancy Fortin

Dominique Gagné

Stéphanie Béland

Catherine Durand

Thérèse St-Gelais

Caroline Roy-Blais

Julie Aubin

Catherine Dufour

Sandra Jobin

Mireille Boulanger-Nadeau

Véronique Lalonde

Kim Hébert

Marie-Lou Bartish

Marie-Pier Béland

Anne-Marie Busque

Maryse Forget

Stéphanie Thibodeau

Martine Boucher

Typhaine Leclerc-Sobry

Marie-Pier Beauséjour

Johanne Heppell

Françoise Pelletier

Kate Petitclerc

Mélanie Vallée

Julie Nöel

Michelle Girard

Véronique Boisvert

France Bélanger

Jennely Dessureault

Nathalie Thibodeau

Melissa Goulet

Marie Karine Leclerc

Martine Delage

Marie-Eve B. Lévesque

Marie-Danielle Larocque

Sandrine Jeanjean

Jan Kelly

Julie Jolin

Kessey-Vanessa Vaudrin

Marie-Ève Brouillette

Karine Forget

Diane Boutin

Geneviève Boileau

Rosalie Lapalme-Coderre

Elizabeth Germain

Catherine-Maude Grenier-Tourigny

Catherine Bouchard

Anne Plourde

Caroline Jacquet

Sandrine Héroux

Dominique Bernier

Caroline Laplante

Maude Payette Beauchesne

Diana Lombardi

Julie Charron

Marie-Eve Desforges

Bianca Deslauriers

Valentina Mardones

Sophy Bernier

Amélie Faubert

Anne-Marie D'Aoust

Annie-Pierre Bélanger

Karine Rosso

Julie Boivin

Emilie Beauchesne

Catherine Leclerc

Anne-Marie Voisard

Catherine Côté

Jocelyne Gaudy

Annie Pelletier

Maude Poulin

Juliette LeRoy

Mounia Amine

Gaëlle Graton

Danielle Fafard

Andréanne Graton

Anne Mignier-Laurin

Valérie Lefebvre-Faucher

Sharon Hackett

Johanne Paulauskas

Janelle LeBlanc

Trina labelle

Raphaëlle Gagné

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Vanessa Houle

Marie-Hélène Viau

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Hamya Mongrain-Therrien

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Rachel Bergeron-Carriere

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Margherita Seconnino

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Elise Nadeau

Monique Brazeau

Nadine Francillon

Alice Trépanier

Julie Pelletier

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Brigitte Chiasson

Adrienne Arseneau

Nathalie Gagnon

Fabienne Tessier

Christine Labrie

Marie-Phare Boucher

Amélie Jeannotte

Mylène Bigaouette

Frantz Delice

Lysanne Richard

Annie Lefebvre

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Elisabeth Leblanc

Audrey Bernard

Elisabeth Leblanc

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Annie Noël de Tilly

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Roxanne Lorrain

Natalie-Ann Roy

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Christine St-Onge

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