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Que reste-t-il de nos amours, Stephen?

Quelqu'un peut-il faire savoir à Stephen Harper que George W. Bush n'habite plus à la Maison Blanche? Et si on se fie aux quat' tatas candidats à la tête du Grand Old Party (c'est ça, le GOP), je doute qu'un républicain s'installe au 1600 Pennsylvania Avenue, Washington D.C. USA en 2012. Au cœur de son premier mandat, quand il était encore minoritaire, j'ai eu l'occasion d'interviewer Stephen Harper au 24 Sussex Drive.
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Justin, je suis avec toi. Ce Canada là, j'en veux pas.

Quelqu'un peut-il faire savoir à Stephen Harper que George W. Bush n'habite plus à la Maison Blanche? Et si on se fie aux quat' tatas candidats à la tête du Grand Old Party (c'est ça, le GOP), je doute qu'un républicain s'installe au 1600 Pennsylvania Avenue, Washington D.C. USA en 2012.

Et John Howard, émule de GWB et copain idéologique de Stephen Harper, n'est plus premier ministre de l'Australie depuis 5 ans. Pourquoi alors notre premier ministre déploit-il autant d'énergie pour imiter deux chefs politiques passés date, rejetés par leur électorat et dont nombre de positions, notamment sur la torture, sont presqu'universellement reconnues comme étant toxiques? Même le conservateur David Cameron en Grande-Bretagne est un Tory light comparé à notre premier ministre.

Au cœur de son premier mandat, quand il était encore minoritaire, j'ai eu l'occasion d'interviewer Stephen Harper au 24 Sussex Drive.

Bien calée sur son canapé rose, devant un gros feu de foyer, j'avoue qu'il m'a séduite. C'est vrai que je navigue plus à droite qu'à gauche, mais je suis arrivée à l'entrevue toutes griffes dehors, professionnelle. Mais l'homme devant moi était posé, articulé, intelligent, modéré, rassembleur. Cultivé! En prime, il m'a avoué ne pas fréquenter l'église. Il répondait candidement à mes questions. Je suis partie de là en me disant qu'on était entre bonnes mains, le temps que les libéraux se refassent une virginité politique.

À l'époque, monsieur Harper était très critique envers la Chine et n'entendait pas se ranger derrière la communauté d'affaires qui exigeait à grands cris plus d'échanges commerciaux avec la dictature communiste. Faut appeler les choses par leur nom. Je le trouvais très courageux. Pas évident quand des emplois canadiens sont en jeu, mais le Stephen Harper de l'époque mettait ses principes à l'avant-plan. Avant l'argent. Il soutenait ouvertement le Dalai Lama, malgré les menaces de Beijing envers le gouvernement canadien. Nous en avons parlé.

Comme les choses ont changé. Aujourd'hui, le Dalai Lama est persona non grata dans les couloirs du pouvoir à Ottawa. Et monsieur Harper pavane avec le leadership chinois. On l'a vu récemment passer les troupes chinoises en revue. J'en ai eu mal au cœur.

On peut difficilement ignorer les Chinois, certes, mais sommes-nous obligés d'embrasser leurs pieds (parce que je suis polie) pour autant? On pourrait bien garder une petite gêne envers cet état totalitaire, cruel, dénué de toute morale sauf celle de l'argent, qui soutient ouvertement des ordures comme Bachar al-Assad, avec le non moins pourri Vladimir Poutine? Au moment même où le Canada conclut des ententes commerciales avec eux.

Le commerce, dit-on, cultive les mentalités. Plus les Chinois s'enrichissent, plus ils voudront être libres. On disait ça de l'impact du tourisme à Cuba il y 25 ans. On attend toujours... Les leaders chinois sont très très intelligents. Ils font le pari qu'en permettant au peuple (en excluant les habitants des campagnes)de s'enrichir, qu'ils n'en demanderont pas plus si on applique une répression efficace et qu'on récolte l'approbation tacite du monde entier pour cette méthode.

C'est le meilleur des mondes: un peuple fortuné qui n'a pas à s'occuper de politique, un gouvernement stable, un pays riche.

Après les Jeux Olympiques de Beijing, plusieurs, oui plusieurs journalistes qui ont couvert l'événement m'ont dit grosso modo: «Les Chinois sont bien comme ça. Ils sont heureux. Difficile pour nous de comprendre, on n'a pas les mêmes valeurs.» Quelqu'un a même passé une bonne heure à essayer de me convaincre que les jeunes Chinois sont fous de leur gouvernement et qu'ils n'acceptent nullement les critiques de l'Ouest à son égard.

Un pas de plus et on proclame: «Vive la dictature!»

Mais revenons à nos moutons, en l'occurrence notre premier ministre. Il y a plus que la Chine dans son dossier. Comme bon nombre de Québécois (et de Canadiens), je ressens avec émotion et colère que ce gouvernement ne me représente d'aucune façon. Pas mal pour une fille qui se dit à droite. C'est à se demander si ses insultes répétées envers le Québec ne sont pas une façon de se débarrasser de nous une fois pour toutes. Suis pas parano, mais je commence presqu'à le penser. J'ai déjà vécu en Alberta et croyez-moi, peu de gens là-bas seraient tristes de voir le Québec quitter la Confédération. On est perçu par une majorité comme des emmerdeurs de première. Et des têteux de péréquation.

Il n'y a pas que le Québec qui souffre de ce gouvernement conservateur à l'extrême. Les Canadiens n'ont pas voté pour un gouvernement qui appuie la torture, un gouvernement monarchiste, un gouvernement qui ment comme on l'a rarement fait, en nous regardant droit dans les yeux. Un gouvernement fermé, intraitable, doctrinaire. Un gouvernement canadien qui veut refaire l'image du Canada en s'inspirant de ce qu'il y a de pire aux États-Unis.

La liste des inepties commence à être longue: remplacer un Pellan par une photo de la reine au ministère des Affaires étrangères; gaspiller impunément 50$ millions de fonds publics pendant le G8; attendre d'être en Suisse pour lancer un ballon politique qui a terrorisé les retraités; faire fi des compétences linguistiques nécessaires pour les hauts fonctionnaires et les juges de la Cour suprême; jouer à fond de train la carte de la loi et de l'ordre avec des politiques que les Américains désavouent. Ramener la peine de mort et l'avortement sur le tapis après avoir promis de ne pas le faire. Mépriser le rôle essentiel des médias dans la démocratie. Faire de l'ingérence à Radio-Canada, en attendant de mettre la clé dans la porte. Kyoto et le dossier environnemental au grand complet. Les F-35 acquis sans appel d'offre. Et traiter les élus de la Chambre, le débat législatif et les processus parlementaires avec mépris.

Qui sait, il existe peut-être en Chine un type qui explique à un ami journaliste que les Canadiens aiment ça, au fond.

Dire que je lui trouvais de beaux yeux bleus et de jolies lèvres charnues...

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