Cessons de stigmatiser les pères travailleurs

«Je suis retenu au travail. Je vais vous rejoindre plus tard. Je suis désolé.»

C'est lundi soir. La soirée soccer chez nous. Je viens de recevoir ce texto de Frank. La saison a commencé il y a un mois. Et depuis, chaque lundi, Frank envoie un message du genre.

Les entrainements débutent à 18h et Frank souhaite ardemment venir encourager sa fille sur les lignes de côté. Il sait très bien que ce n'est pas juste - et toujours possible - pour moi de quitter le travail afin qu'elle ne soit pas en retard sur le terrain.

Mais, comme la moitié des pères travailleurs, Frank a du mal à trouver un équilibre entre les demandes de son patron et les obligations familiales.

À l'image de 60 % des familles biparentales américaines, la nôtre est constituée d'un père et d'une mère qui travaillent à temps plein. Ce phénomène a créé une nouvelle dynamique familiale. Les rôles traditionnels des pères et des mères convergent, ce qui fait qu'aujourd'hui, les pères ont doublé le temps qu'ils consacrent aux tâches ménagères et ont triplé le temps qu'ils passent avec leurs enfants.

Je le vois stressé par son horaire quand il doit planifier des diners d'affaires plutôt que des soupers, dans le but de manquer le moins de repas possible avec nous.

La situation évolue, mais la stigmatisation demeure

Au fil des ans, Frank m'a parlé de ses collègues qui le regardent d'un autre œil quand il conduit notre fille à la garderie, située à quelques pas de son travail, ou quand il doit écourter une réunion au bar, afin de rentrer avant l'heure du conte.

Je le vois stressé par son horaire quand il doit planifier des diners d'affaires plutôt que des soupers, dans le but de manquer le moins de repas possible avec nous. Nous avons souvent échangé, jusqu'à tard, sur le fait que nous n'avions pas assez vu notre fille durant la semaine. Et j'ai été témoin de son inconfort, alors que ses collègues questionnaient son rôle de père et mon rôle d'épouse et de mère.

Qu'est-ce qu'un père peut faire?

Même s'ils passent plus de temps à la maison, les pères se concentrent toujours autant sur leur carrière que par le passé. Et bien qu'ils voudraient avoir un horaire plus flexible, la moitié d'entre eux croit que de bénéficier de mesures de conciliation travail-famille nuirait à leurs possibilités d'avancement professionnel.

Cette pression fait en sorte que plusieurs pères de famille - qui aimeraient pourtant être plus impliqués à la maison - choisissent le travail avant la famille. Le partage égalitaire des tâches parentales n'existe que dans seulement 36 % des familles biparentales. La majorité des pères se résignent à «aider la mère» plutôt que de porter le chapeau de coparent.

Sortir les pères de l'ombre

Plusieurs efforts sont faits pour que la stigmatisation dont sont victimes les pères travailleurs cesse. Sur les réseaux sociaux, des campagnes comme #LeanInTogether (Avançons ensemble) encouragent les hommes à se battre pour l'égalité des sexes. De plus en plus d'hommes revendiquent aussi leur rôle de père, tentant de normaliser le double rôle travail-famille qui pèse sur leurs épaules.

Chacun de nous peut en faire davantage. Les pères qui s'impliquent auprès de leur famille devraient le dire haut et fort au travail. Même si Frank semble parfois jouer à l'équilibriste entre la maison et le bureau, il parle avec passion de sa fille à ses collègues. Je le sais, car je suis toujours surprise quand j'entends l'un d'entre eux raconter une anecdote que Frank leur a partagée.

À la maison, les papas doivent jouer un rôle actif, dès la naissance de leur enfant. Et ils peuvent le faire, même s'ils n'ont pas toujours accès à des congés de paternité très généreux. Les mères ont aussi leur rôle à jouer, afin d'empêcher leur partenaire de craquer sous la pression sociale.

Si vous souhaitez savoir comment papa peut s'impliquer dans la vie de bébé dès le premier jour, regardez cette vidéo (en anglais).

Lisa Durante conseille les mères qui travaillent afin de préparer la vie après bébé. Plus d'infos sur son site lisadurante.com . Suivez la aussi sur Twitter : @lisadurante

Ce billet de blogue a été initialement publié sur le Huffington Post Canada. Il a été traduit par Vincent Fortier.