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Retour sur la nomination du Comité exécutif de la nouvelle administration

M. Dorais et la mairesse Plante placent les considérations partisanes devant l'intérêt des Montréalais en ne nommant pas les meilleures personnes pour le poste.
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La mairesse Valérie Plante avait l'occasion de débuter son mandat avec un conseil moins partisan, et sur ce point, elle a échoué.
La Presse canadienne
La mairesse Valérie Plante avait l'occasion de débuter son mandat avec un conseil moins partisan, et sur ce point, elle a échoué.

La semaine dernière, la nouvelle mairesse de Montréal, Mme Valérie Plante, a nommé son comité exécutif (CE). C'est sa première décision en tant que mairesse, mais c'est aussi, potentiellement, un présage des choses à venir.

Les choix de Mme Plante démontrent: (a) que son équipe manque d'expérience et de profondeur; (b) qu'elle a manqué l'occasion d'intégrer les membres de l'Opposition qui ont une expertise dans un domaine en particulier; (c) qu'elle a brisé sa première promesse de campagne de réduire la partisanerie à l'hôtel de ville; et (d) qu'elle n'a pas fait de la diversité au sein du CE une priorité pour son administration.

L'expérience ne pousse pas dans les arbres

Seulement quatre des 12 membres nommés au CE ont une véritable expérience de gestion d'une administration gouvernementale : Benoit Dorais, Luc Fernandez, François William Croteau et Jean-François Parenteau. Les trois premiers ont huit ans d'expérience comme élus et ont donc été exposés aux nombreuses facettes de la Ville et de son fonctionnement. Plus important encore, en tant que maires d'arrondissements, ils savent ce que signifie la prise de décision. De son côté, M. Parenteau a été maire de l'arrondissement de Verdun depuis quatre ans, mais a aussi a siégé au CE en tant que membre associé dans l'administration précédente. Bien que cette expérience à elle seule ne soit pas une garantie de succès, ces quatre individus constituent des choix naturels, pour qui la compétence ne peut être mise en doute.

La courbe d'apprentissage sera extrêmement raide.

Par contre, trois autres membres (Nathalie Goulet, Robert Beaudry et Rosannie Filato), nouvellement élus, n'ont absolument aucune connaissance du fonctionnement de la Ville, du cycle budgétaire, de la conduite des conseils municipaux ou d'arrondissement, de la gouvernance municipale, du rôle des commissions, des processus de consultation et bien plus encore. En outre, leurs profils ne suggèrent pas une expertise particulière dans les domaines pour lesquels ils ont été nommés. La courbe d'apprentissage sera extrêmement raide. Il faudra surveiller leurs dossiers de très près.

Cinq autres membres (Magda Popeanu, Éric Alan Caldwell, Sylvain Ouellet, Laurence Lavigne-Lalonde et Christine Gosselin), occupent des postes de conseillers depuis seulement quatre ans dans l'Opposition. Est-ce que cela leur donne «l'expérience» nécessaire pour siéger sur le CE? Permettez-moi d'en douter.

Les membres de l'Opposition peuvent avoir une connaissance des dossiers, mais ce n'est qu'une partie des compétences nécessaires. Vous avez besoin de compétences «douces» (« soft skills ») et de l'expérience de gestion pour mobiliser des services et rallier des partenaires et collègues. Quelques-uns de ces choix sont solides, tandis que d'autres le sont moins. Ce qui est inquiétant, cependant, c'est de voir certains d'entre eux dotés de portefeuilles extrêmement exigeants : Transport et urbanisme? Logement et diversité? L'eau, l'infrastructure de l'eau et les infrastructures routières? C'est la preuve la plus convaincante que l'administration Plante-Dorais a un manque évident de profondeur sur ses bancs.

Un autre exemple flagrant est le transfert des responsabilités de l'environnement et du développement durable de M. Luc Ferrandez à M. Parenteau, avec comme raison « la charge de travail était trop importante ». Si elle avait suffisamment d'élus qualifiés, ces dossiers ne seraient pas gérés par la même personne. J'ai peur que les Montréalais y perdent au change.

Une autre indication du manque de profondeur est la vacance des trois sièges de conseillers associés, soi-disant pour les attribuer dans le futur «en cas de besoin»... Ce n'est rien de plus que du spin politique. Moins de 12 heures avant l'annonce de la composition du CE, Projet Montréal a approché quelqu'un de notre équipe pour la première fois, en lui demandant de siéger comme conseiller associé dans un domaine pour lequel il n'avait aucune expérience. Assez révélateur, non?

Trio-combo d'élus pour gérer les dossiers : une fausse bonne idée

On est chez McDo? Un chausson avec ça? Le comité exécutif n'est pas un menu à la carte. L'idée selon laquelle un trio d'élus devrait travailler ensemble pour faire avancer les dossiers démontre un manque de compréhension de la façon dont fonctionne la Ville. Vont-ils assister à toutes les réunions statutaires hebdomadaires des autres élus? Si oui, ils devront vite faire face à un tourbillon de réunions perpétuelles. Ce n'est pas une façon productive de travailler. Ils seraient beaucoup mieux servis en ayant des réunions ponctuelles sur des enjeux spécifiques au besoin. N'oublions pas qu'ils voient déjà leurs collègues chaque semaine et, dans certains cas, encore plus souvent. Par exemple, le Comité de coordination des projets d'envergure (CCPE), ou siègent le Président du CE et les responsables au CE des Transports, Infrastructure voirie et eau, Urbanisme et Habitation, se réunit au moins une fois par mois, avec l'objectif d'accroître la concertation entre les élus du CE et de « briser » les silos. Est-ce que M. Dorais était au courant du CCPE? Question à lui poser.

Une occasion perdue d'inaugurer un conseil moins partisan

La mairesse avait l'occasion de débuter son mandat avec un conseil moins partisan, et sur ce point, elle a échoué. Elle aurait pu nommer des élus de l'Opposition officielle qui ont de l'expérience dans des dossiers spécifiques. Bien que Projet Montréal ait approché un certain nombre des membres de notre formation, ceux-ci ont refusé un poste au CE parce qu'ils étaient tenus de quitter la bannière politique sous laquelle ils avaient été élus seulement deux semaines auparavant. Pour eux, ce serait tout bonnement une insulte aux électeurs qui leur ont accordé leur confiance.

Je suis très fier de mes collègues qui ont refusé l'offre de la mairesse dans de telles conditions.

La mairesse a déclaré que Projet Montréal exigeait seulement qu'ils cessent de siéger aux réunions du caucus du parti. Si c'est vrai, pourquoi est-ce que M. Parenteau ne l'a pas fait? Pourquoi n'est-il pas resté dans notre formation politique sans venir aux caucus? Il répond qu'il a choisi de quitter. La population n'est pas dupe et c'est ce genre de situation qui rend les gens cyniques sur les politiciens. Je répète, la condition préalable était de quitter l'Opposition officielle. À la suite des refus de nos membres, Projet Montréal est revenu avec une position de rechange, permettant aux membres de demeurer dans notre formation, à court terme, avec l'engagement de partir dans les six mois, et de cesser immédiatement de participer aux réunions du caucus. Je suis très fier de mes collègues qui ont refusé l'offre de la mairesse dans de telles conditions.

Ce qui est aussi intéressant, c'est la raison que Mme Plante et son président du comité exécutif, M. Benoit Dorais, ont donnée pour justifier une telle exigence, à savoir que cela mettrait l'élu dans une position intenable avec un risque de violation de la confidentialité des discussions au CE. Il est intéressant de noter comment M. Dorais, en tant que chef de Coalition Montréal, n'a pas eu les mêmes réserves quand ses collègues Russell Copeman, Réal Ménard et Elsie Lefebvre siégeaient au CE de l'administration Coderre, tout en assistant aux caucus de Coalition Montréal qu'il présidait. Y a-t-il eu un incident ou une allégation d'inconduite éthique? La réponse est non. Le maire Coderre a fait confiance à ses membres du CE pour respecter leur obligation de confidentialité.

M. Dorais et la mairesse Plante placent les considérations partisanes devant l'intérêt des Montréalais en ne nommant pas les meilleures personnes pour le poste.

M. Dorais et la mairesse Plante placent les considérations partisanes devant l'intérêt des Montréalais en ne nommant pas les meilleures personnes pour le poste. De toute évidence, ils ne font pas assez confiance aux élus qu'ils nomment au CE ou pensent que ces derniers n'ont pas un sens d'éthique assez profond pour respecter leurs obligations de confidentialité. Cela en dit long sur l'administration Plante-Dorais.

La mairesse a également déclaré que des membres de l'Opposition ont refusé un poste parce qu'ils voulaient «plus». La vérité, c'est qu'ils ont offert à certains de nos élus des postes qui ne correspondaient pas à leur domaine de connaissances. D'autres ont refusé de jouer les figurants dans un comité exécutif qui a fait appel à eux uniquement pour contrer les critiques portant sur son manque de diversité. Des critiques bien méritées : pas un seul membre du nouveau CE ne représente la diversité culturelle et religieuse de notre métropole.

Manque criant de diversité

Un comité exécutif diversifié est essentiel pour assurer la légitimité des institutions auprès de la population que nous représentons et pour donner de la place à une diversité des opinions, des perspectives et des expériences. Ce n'était manifestement pas une priorité pour la nouvelle mairesse, malgré toutes ses belles promesses pendant la campagne électorale.

La nomination de Mme Cathy Wong comme présidente du Conseil démontre que la nouvelle administration a entendu notre message sur cet enjeu.

La nomination de Mme Cathy Wong comme présidente du Conseil démontre que la nouvelle administration a entendu notre message sur cet enjeu; reste que ce poste est apolitique et que cette nomination ne pourra pas influencer les choix de l'administration lors des séances du CE. De plus, la mairesse a dû puiser un membre de notre formation pour justement pallier à cette lacune évidente. Disons que c'est un début.

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Je vais continuer à publier de temps en temps pour fournir un point de vue détaillé, franc et honnête. Je peux me le permettre, car je ne serai pas candidat au poste de maire lors des prochaines élections.

À la prochaine.

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