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Barack Obama: un homme à femmes

Barack Obama est un homme à femmes. Certes, ce n'est pas le premier. Mais ce président-là affiche sa prédilection pour la gent féminine de manière assez différente d'autres hommes d'État aux allures de Don Juan. Cette féminisation de l'appareil diplomatique est-elle de bon augure pour la politique étrangère américaine?
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Barack Obama est un homme à femmes. Certes, ce n'est pas le premier. Mais ce président-là affiche sa prédilection pour la gent féminine de manière assez différente d'autres hommes d'État aux allures de Don Juan.

Première constatation

Ce président qui aime les femmes prime avant tout la fidélité.

D'abord, il y a l'élue de son cœur : la première dame. On a rarement vu un couple politique aussi proche, aussi complice... et aussi visiblement amoureux. On le voit à leur body language et à la façon dont il l'invite au restaurant pour la Saint Valentin ou pour leur anniversaire de mariage, de vrais dates à l'américaine. Barack et Michelle, c'est du solide - que toutes les jeunes fans qui trouvent ce bel homme à leur goût se le disent.

Puis il y a ses deux filles, Malia et Sasha, et sa belle-mère, Marian Robinson, qui s'est carrément installée à la Maison Blanche avec sa fille et son gendre. Le Président qui a si peu connu son père a déclaré il y a quelques jours, à l'occasion de la fête des Pères, que son meilleur job, c'est d'être papa.

Une responsabilité qui n'est pas dénuée de défis. Le First Couple a géré avec brio une angoisse qui doit préoccuper bien des parents d'adolescents : que faire si Sasha et Malia veulent se faire tatouer, à l'instar de certaines copines de leur âge ? "Nous avons dit aux filles 'Si jamais vous décidiez de vous faire tatouer, alors maman et moi nous ferions faire exactement le même tatouage au même endroit. Et nous le montrerions sur YouTube comme un tatouage familial," a expliqué le président sans ciller. "Nous pensons que cela les dissuadera de penser que c'est une bonne manière de se rebeller." Cette solution n'est évidemment à la portée de tout le monde, mais avouez que ce sont de fins stratèges.

Pas toujours facile pour Sasha et Malia, dont les parents imposent une discipline de fer: elles doivent faire leur lit tous les matins, ne peuvent s'amuser sur internet qu'une fois les devoirs terminés et, évidemment, sont encouragées à consommer des portions doubles des légumes bio issus du potager de leur maman. Et quand leurs parents sont absents, c'est la First Grandmother qui veille sur elles. Oui, c'est une première. Mais, nous avons affaire à une famille soudée et finalement conventionnelle, où la grand-mère aide à s'occuper des enfants. En effet, le couple Obama veut donner à ses filles une existence aussi "normale" que possible.

Deuxième constatation, un peu contradictoire

Obama aime passer du temps avec ses copains, à l'exclusion des femmes.

Comme l'explique François Clémenceau dans son livre Le Clan Obama, (François Clémenceau : Le clan Obama, les anges gardiens de Chicago. Paris : Editions Riveneuve, 2013) ce président "a été élevé par des femmes et vit entouré de femmes. Sa grand-mère, sa mère... sa belle-mère, sa demi-sœur, son épouse et ses filles sont toute sa vie."

Mais, poursuit l'auteur, qui suit cette présidence de près, "c'est sans doute l'une des raisons qui l'ont poussé à avoir également une vie de 'garçon' à côté : le basket avec ses amis..., les matches à la télé ou même à bord d'Air Force One. Il a effectivement fallu attendre octobre 2009 avant qu'il ne consente à emmener une femme jouer au golf, comme si ces moments étaient réservés uniquement à ses copains."

Misogyne, Obama? Oh non ! Regardez un peu ses conseillères les plus proches. En tout premier lieu, l'incontournable Valerie Jarrett. Son vrai mentor, c'est elle. L'éminence grise dont le rôle et l'influence vont bien au-delà de ses fonctions officielles de "liaison avec le public". Ils se sont connus à Chicago. Comme lui, elle est née très loin des États-Unis - en Iran, bien avant l'arrivée au pouvoir des Ayatollahs - et a grandi dans de nombreux pays. Elle a une compréhension du monde qu'apprécie ce dirigeant à l'expérience si internationale.

Troisième constatation

C'est justement son équipe de politique étrangère qui est étonnamment féminine.

Lors de son premier mandat, il a courageusement nommé Hillary Clinton au poste de ministre des Affaires étrangères. Courageusement parce que cette femme, éminemment qualifiée, avait été sa rivale lors des primaires.

En même temps, il a choisi Susan Rice comme Ambassadeur auprès des Nations Unies -- poste qui a un statut de portefeuille ministériel et dont l'occupant a son fauteuil attitré dans le Cabinet Room où se réunissent tous les ministres autour du président. Celle-ci vient d'être promue Conseillère à la Sécurité nationale et aura un accès constant au Président depuis son bureau de la West Wing, à quelques enjambées du Bureau ovale. Il est prévu que Rice soit remplacée à l'ONU par Samantha Power, dont la nomination sera sujette à une confirmation par le Sénat.

Ces deux choix pour le mandat Obama 2 ne sont pas anodins. Susan Rice était pressentie pour succéder à Hillary Clinton au Département d'État. Mais la polémique au sujet de ses déclarations après la mort de l'Ambassadeur américain à Benghazi en septembre dernier a braqué les républicains contre elle, et il est devenu clair qu'elle aurait du mal à obtenir la confirmation du Sénat. (Son poste actuel dans le cabinet présidentiel ne requiert pas de confirmation.) Certains voient la nomination de cette jeune femme brillante qui n'a pas sa langue dans sa poche comme un geste de défiance de la part d'Obama, dont elle est très proche. Une fois de plus, le commandant en chef prime la fidélité. "Quand elle parle, personne ne se demande si c'est ou pas au nom du président", déclarait récemment le Vice-Président, Joe Biden, lui aussi très impliqué dans la diplomatie de cette administration.

La remplaçante de Rice à l'ONU est une de ses alliées les plus proches et aura tendance à favoriser une politique étrangère plus interventionniste, notamment sur des questions humanitaires. En effet, Samantha Power s'est fait connaître à travers son livre sur le Rwanda, primé par un Pulitzer. Elle a rejoint très tôt la campagne présidentielle d'Obama et ne cesse, elle aussi, de lui exprimer sa fidélité.

Le trio Clinton-Rice-Power a défrayé la chronique en encourageant le président Obama à recourir aux frappes aériennes en Libye pour des raisons de "moralité" alors que le régime de Moummar Kadhafi se défoulait violemment contre les populations civiles. Les positions de ces trois femmes hors du commun ont fait mouche, dans un contexte international déjà surprenant puisque c'est le président français, Nicolas Sarkozy, qui a pris les devants sur la question d'une intervention militaire et mené une coalition internationale en ce sens. Comme nous étions loin de l'Irak, où la France n'a pas voulu intervenir aux côtés de Washington et où les décisions américaines étaient prises par une alliance de "vieux garçons", notamment le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, qui tentaient tant bien que mal d'exclure l'autre Madame Rice, Condoleezza, la républicaine, qui a elle aussi été conseillère à la Sécurité nationale, puis secrétaire d'État de George W. Bush.

Cette féminisation de l'appareil diplomatique est-elle de bon augure pour la politique étrangère américaine? Alors que Barack Obama est à Berlin pour y rencontrer la Chancelière Angela Merkel, souvent désignée comme la femme la plus puissante du monde, et dont le mari a accompagné Michelle Obama et ses filles au Mémorial du Mur de Berlin, on est tenté de dire oui.

Avec comme un air de Jacques Dutronc dans la tête: Il aime les filles !

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