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Quand la Nasa murmure à l'oreille des écrivains

C'est une sorte d'atelier d'écriture un peu magique où des scientifiques et des ingénieurs de la NASA aident des écrivains à développer des histoires crédibles en partageant leur expertise, en conseillant et en corrigeant certaines erreurs techniques.
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La fiction n'a pas attendu que la Nasa envoie des types sur la lune pour imaginer que l'homme pourrait un jour y poser ses moon boots. Nombreux sont les écrivains (Jules Verne, Philip K. Dick) à avoir annoncé ce que serait notre futur, d'un point de vue technologique, mais aussi éthique. Ça fait toujours moins de bruit et c'est sans doute moins sexy, mais l'inverse est aussi vrai. On se souvient des travaux hallucinants d'un Carl Sagan essayant de parler au vide intersidéral grâce à la sonde Pioneer et dont le résultat le plus probant fut d'inspirer toute une armée de jeunes freaks (Spielberg, Chris Carter, Brad Wright entre autres).

Autre exemple révélé par le Wall Street Journal cette semaine : The Nasa Inspired Works of Fiction. Il ne s'agit pas d'un nouveau programme spatial, mais, abracadabra! d'une sorte d'atelier d'écriture un peu magique où des scientifiques et des ingénieurs de la NASA aident des écrivains à développer des histoires crédibles en partageant leur expertise, en conseillant et en corrigeant certaines erreurs techniques. Lancé en partenariat avec la maison d'édition Tor, spécialisée dans la SF, le programme vient tout juste de sortir un lapin de son chapeau:Pillar to the Sky de William Forstchen. Ou quand la science-fiction rencontre le fait scientifique.

Ça n'est pas la première fois que la Nasa s'aventure sur le terrain irrationnel de l'art. Dans les sixties ,elle avait commandé à Norman Rockwell, Annie Leibvitz et Andy Warhol toute une série de travaux pour célébrer ses exploits - c'était la grande époque. Elle a aussi ses entrées à Hollywood, rayon grosses tambouilles, où elle officie comme consultante sur des films comme Armageddon, The Avengers et Transformers. Il y a deux ans, l'agence a même travaillé avec will.i.am sur une chanson qui fut diffusée pour la première fois sur Mars.

Oui, du fait de la supériorité technologique, économique et culturelle des Américains, le premier son humain que les martiens auront entendu est une chanson du leader des Black Eyed Peas. Chienne de vie. Quant au programme de coopération d'écriture, il prépare déjà d'autres sorties sur des thèmes aussi scientifiquement plausibles que l'exploration d'astéroïdes, les trous de ver spatiotemporels ou la possibilité que des extraterrestres arrivés sur Terre il y a très très longtemps se soient adaptés et vivent parmi nous.

Pourtant, baser des scénarios fantastiques sur des faits plausibles et scientifiquement valides semble un business plan tout à fait contradictoire avec un genre littéraire qui passe son temps à tirer au pistolet laser et faire voler des soucoupes volantes dans tous les sens. Du moins, c'est l'image que la plupart d'entre nous en a. Les liens entre les deux domaines (recherche scientifique et fiction) existent en fait depuis très longtemps et des auteurs comme Greg Egan, Kim Stanley Robinson ou, chez nous, Jean-Claude Dunyach sont les bornes les plus connues de ce que l'on appelle la hard science-fiction. La Nasa s'en sert juste pour faire du rebranding et tout le monde est gagnant. Les écrivains ont accès à des recherches très poussées et parfois obscures et l'agence y voit un moyen innovant de toucher les gens et les informer sur les travaux qu'elle conduit. Quand le moindre financement pour coloniser Mars est désormais soumis au vote d'une bande de députés économes, ça peut toujours servir.

Alors c'est sûr, ces "ateliers d'écriture" ne sont pas banals (tellement américains en même temps). Des petits malins y voient d'ailleurs une sorte de propagande déguisée de la part de la Nasa qui voudrait simplifier l'obtention de crédits en s'achetant la sympathie des lecteurs. Mouais, et alors? Enidia Santiago-Arce, la dame qui coordonne officiellement le programme, a beau assurer tout le monde qu'il n'y a aucun financement de la part de l'agence et que les participants écrivent tout ce qu'ils veulent, on s'en fout pas mal. C'est une foutue bonne idée. Ce qu'Enidia Santiago-Arce ne dit pas en revanche c'est si la NASA prend des notes, de son côté. Au cas où.

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