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Le Hobbit: les Cinq Armées ont-elles vaincu Peter Jackson?

Adapter un livre de 320 pages en trois films de 2h45 en moyenne, sans compter les versions longues en vidéo, constituait un pari risqué, pour ne pas dire "casse-gueule". Mais pour Peter Jackson, que nous considérons comme le plus grand réalisateur de l'époque, rien n'est impossible.
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Adapter un livre de 320 pages en trois films de 2 H 45 en moyenne, sans compter les versions longues en vidéo, constituait un pari risqué, pour ne pas dire "casse-gueule".

Mais pour Peter Jackson, que nous considérons comme le plus grand réalisateur de l'époque, rien n'est impossible.

Ainsi, il y a deux ans, sortait dans les salles obscures Le Hobbit : un voyage inattendu, une odyssée plus féerique qu'épique, mais avec de nombreux "rajouts" à l'histoire originale afin de pouvoir nourrir les deux autres films de la trilogie. Le résultat fut excellent, réalisé comme toujours avec maestria par Jackson et ses équipes de Weta, son studio d'effets spéciaux, ayant largement supplanté ILM sur le plan technique comme sur le plan artistique.

Mais il manquait un je-ne-sais-quoi. Face aux trois films de la première trilogie de la Terre du Milieu, Le Seigneur des anneaux, on vibrait, on frissonnait, on pleurait aussi. On ressortait de la salle bouleversé. Avec ce premier épisode du Hobbit, on se disait que l'on avait vu un grand et beau spectacle, mais pas à la hauteur du Seigneur des anneaux en termes d'émotion.

Un an plus tard, apparaissait La Désolation de Smaug, avec ce fameux dragon qui nous terrifia depuis notre découverte de Bilbo Le Hobbit, le livre. Autant dire que nous n'avions pas été déçus, le spectacle fut encore meilleur que le premier, avec de nouveaux personnages passionnants comme l'elfe Tauriel.

Le combat avec le dragon s'avéra titanesque, la joute verbale opposant Bilbo et Smaug se révéla tout simplement un bijou d'écriture. Mais le film s'arrêtait en plein suspense avec la troupe de nains ayant réussi à chasser le dragon enragé du royaume d'Erebor, mais en mettant en péril les habitants de Lacville, sur lesquels se vengera le monstre cracheur de flammes.

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D'où notre impatience de découvrir le dernier volet de cette trilogie qui, d'après de nombreux spécialistes, sera la dernière incursion d'Hollywood dans la Terre du Milieu.

L'action démarre avec un Smaug déchaîné, brûlant tout sur son passage, les maisons de bois comme les "Lacvillois". Bien entendu, nous ne dévoilerons pas la fin, même si vous vous en doutez, Barde empoignera la dernière flèche noire grâce à l'aide de son fils et la décochera sur le dragon. À vous de découvrir la suite en allant voir le film.

Comme d'habitude avec Peter Jackson, le film prend des proportions titanesques, avec la fameuse bataille des Cinq Armées qui oppose les nains alliés aux elfes et aux hommes à l'armée des orques et des trolls commandée par le perfide Azog, l'orque pâle. À noter que celui-ci fait partie des rajouts faits par les scénaristes du film ; dans le roman d'origine, nulle trace de sa présence car en "réalité" il fut tué au cours d'une bataille bien antérieure. Mais le personnage se trouve parfaitement pensé, on l'adopte donc volontiers.

Thorin "Écu-de-chêne" est rendu fou par le trésor maudit d'Erebor, il recherche désespérément l'Arkenstone, Bilbo Fili et Kili tentent de le raisonner mais rien n'y fait. Pendant ce temps, Bard revendique une partie du trésor de la montagne afin d'assurer la subsistance des survivants de Lacville, mais Thranduil, roi des Elfes noirs, arrive avec une importante armée au pied de la montagne pour la conquérir. Tout ce beau monde devra affronter une armée gigantesque de trolls et d'orques.

Autant vous dire que le moment est dantesque, la bataille fait rage de toute part et sur plusieurs fronts, sans compter Sauron qui, aidé par les neuf rois déchus, commence sa résurrection. L'action demeure virevoltante et majestueuse, la caméra de Peter Jackson fait des prouesses, de plus, l'émotion est bien présente car attention, il y aura des morts chez les héros.

Tous les ingrédients sont réunis pour retourner le cerveau des spectateurs et pourtant, quelque chose ne fonctionne pas. Quelque chose d'indescriptible qui nous prenait aux tripes devant, par exemple, Les Deux Tours, deuxième épisode de la trilogie de l'anneau. Peut être la musique de Howard Shore, beaucoup moins bien pensée que pour la trilogie précédente, ou bien les enjeux dramatiques de l'histoire, moins importants... Et si, tout simplement, les scènes de ce troisième volet, aussi sublimes soient-elles, ressemblaient trop à celles de la première trilogie ? Peter Jackson a pris un risque énorme en adaptant en trois films un livre d'à peine 320 pages, celui de devoir rajouter des éléments scénaristiques totalement artificiels. Le problème vient sans doute aussi de là.

Les combats restent néanmoins titanesques, les personnages jouent leur destinée dans une fresque immense dont ils sont les protagonistes. Le Hobbit, la bataille des Cinq Armées est un excellent divertissement, mais qui n'atteint pas, comme les deux premiers films de cette seconde trilogie "jacksonienne", le niveau du Seigneur des anneaux. Les temps ont changé, la mode de l'"héroic fantasy" est sans doute quelque peu passée, il est plus difficile de s'émerveiller devant les batailles d'un autre monde se situant dans un Moyen Âge fantasmé.

Mais si vous êtes fan de Tolkien, ne ratez pour rien au monde ce film malgré tout grandiose, vous passerez un excellent moment, en attendant la version longue qui sortira l'année prochaine en Blu-ray.

Celle-ci contiendra à coup sûr ces fameuses scènes manquantes, qui sauront enfin nous faire vibrer. Pour conclure cette tribune, j'aimerais vous citer l'une des dernières phrases de Thorin "Écu-de-chêne", nouveau roi d'Erebor, lourde de sens : Si les gens s'occupaient plus de leur "chez-soi" que de l'or, le monde serait bien plus joyeux. Sage parole à méditer, surtout à notre époque.

Le Hobbit: un voyage inattendu

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