Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Hunger Games» ou la lutte des classes version «téléréalité»

Les pauvres contre les riches, les possédants contre ceux qui n'ont rien, les nantis contre les défavorisés. Ces concepts sont vieux comme le monde et pourtant, d'après Suzanne Collins, auteure de la trilogie littéraire "The Hunger Games", ces antagonismes ont encore de beaux jours devant eux.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Les pauvres contre les riches, les possédants contre ceux qui n'ont rien, les nantis contre les défavorisés. Ces concepts sont vieux comme le monde et pourtant, d'après Suzanne Collins, auteure de la trilogie littéraire "The Hunger Games", ces antagonismes ont encore de beaux jours devant eux.

Le studio de production américain Lionsgate a eu un véritable coup de génie en acquérant les droits de la trilogie afin de l'adapter au cinéma.

Désormais, il joue dans la cour des grands et protège jalousement sa juteuse licence.

Mais qu'est-ce donc que "Hunger Games"? Nous allons essayer de résumer les deux premiers épisodes avant d'aborder plus en profondeur le troisième, "La révolte", sorti en Blu-ray et DVD chez Metropolitan/Seven7.

"Hunger Games"

Nous nous trouvons dans un futur indéterminé mais que nous pouvons imaginer lointain, l'humanité a connu de profonds bouleversements.

L'État de Panem, situé dans l'ancienne Amérique du Nord, constitue désormais la puissance dominante. Il est composé de 13 districts, des micro-villes ayant chacune des fonctions bien précises. Elles doivent produire des biens de consommation au service du tout-puissant Capitole, capitale de Panem, et de sa population qui vit dans l'opulence et l'excès.

Les districts sont numérotés en fonction de leur niveau social. Par exemple, le district 1 s'occupe de produire des bijoux et autres joailleries, le district 4 s'occupe de la pêche, et les derniers districts, les maudits, les plus pauvres, où règnent en maîtres famine et terreur, les 11, 12 et surtout le 13 effectuent les tâches les plus ingrates, comme l'extraction du charbon.

Le niveau social des districts tranche radicalement avec la modernité, le futurisme et la richesse du Capitole, dirigé d'une main de fer par le président Snow, véritable dictateur sans aucun scrupule. Celui-ci est magistralement interprété à l'écran par Donald Sutherland.

Après une révolte des districts, achevée dans un bain de sang, le Capitole impose à tous, en guise de punition, de fournir une fois par an deux "tribus", c'est-à-dire des jeunes gens - âgés de 13 à 18 ans - qui devront s'entretuer devant la caméra, pour le plaisir macabre des habitants, friands de ce jeu de téléréalité d'un nouveau genre : les "Hunger Games".

Tous les ans, le Capitole procédera à une "moisson" de combattants, qui auront 1 chance sur 24 de sortir vivants de ces jeux sordides.

Comble du cynisme, plus une famille dans le besoin réclame une aide alimentaire au Capitole, plus l'un de ses membres a des chances d'être tiré au sort.

Notons au passage que le district 13 a été complètement anéanti par le Capitole et ne participe pas au jeu, du moins pour l'instant.

Mais avec la 74e édition des "Hunger Games", les choses vont changer. Le Capitole va commettre la lourde erreur d'accepter que Katniss Everdeen se porte volontaire à la place de sa jeune sœur Prim. Katniss représentera donc le district 12 avec un jeune boulanger, Peeta Mellark, interprété par Josh Hutcherson, acteur inoubliable dans le film "Le Secret de Terabithia".

Katniss, véritable héroïne de la saga, est incarnée par la belle Jennifer Lawrence, devenue depuis une superstar mondiale.

Vous l'aurez deviné, à l'issue de maintes aventures, le duo remportera les "Hunger Games", en refusant de s'entretuer et en choisissant le suicide.

Option inconcevable pour le Capitole et les producteurs de l'émission, qui accepteront qu'il y ait finalement deux vainqueurs au lieu d'un.

Nous ne détaillerons pas la mise en scène des jeux par le Capitole qui reprend les codes de la téléréalité d'aujourd'hui. Il y aura même un triangle amoureux, avec Katniss, son petit copain qui regarde les jeux depuis sa télévision et Peeta ; cela pourrait ressembler à "l'Île de la tentation", mais ne vous méprenez pas, ce triangle est passionnant et très bien écrit.

Dernière chose concernant le premier épisode de la saga : la façon scandaleuse dont fut traité Gary Ross, son réalisateur. Les "as de la critique" ont jugé bon de mettre à terre son travail en le qualifiant pour la plupart de "mauvais". Ces belles âmes devraient comprendre que Ross n'a disposé "que" d'un budget de 73 millions de dollars pour faire son film. Comme nous l'avons précisé plus haut, Lionsgate est une major de taille moyenne, et n'avait pas la puissance financière pour en faire une véritable super production ; ce sera différent pour les autres films de la saga.

De plus, Ross a eu de l'intuition en faisant appel à Jennifer Lawrence. La bande originale est fantastique, tout comme la direction artistique qui illustre parfaitement la décadence du Capitole. Mention spéciale à Stanley Tucci, interprète du rôle de César, sorte de Patrick Sabatier aux dents trop blanches, présentateur des "Hunger Games". Toutes ces idées géniales, nous les devons à Gary Ross, rendons-lui hommage.

"Hunger Games", "L'embrasement"

La révolte gronde à nouveau dans Panem. La mort de Rue, jeune Noire qui noue une belle amitié avec Katniss durant les jeux, et surtout la tentative de suicide avec des baies empoisonnées de Peeta et Katniss pour refuser catégoriquement de s'entretuer, ont redonné de l'espoir à tous les districts, surtout les plus pauvres.

Le président Snow le sent bien. Il va obliger nos deux vainqueurs à entamer une tournée dans tout Panem pour faire la promotion du Capitole en les menaçant de les faire tuer s'ils refusent.

Devant l'échec de cette stratégie, il va alors convoquer tous les vainqueurs des "Hunger Games" encore en vie pour les jeux de "l'expiation".

Des "Hunger Games" plus grands, plus forts et plus violents que les jeux "classiques".

Snow veut faire comprendre à tous les districts qu'il garde la main, que son autorité est incontestable.

Katniss et Peeta seront donc obligés de rempiler. Ils devront, cette fois-ci, affronter des combattants aguerris, vainqueurs d'autres jeux. L'arène sera encore plus tortueuse, avec des pièges mortels à chaque tournant. Mais là encore, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu, car "certains candidats" font partie de la rébellion, et sont là uniquement dans le but d'aider Katniss à survivre. À la fin du film, elle détruira l'arène des jeux de l'expiation devant tous les téléspectateurs du Capitole, et surtout devant un Snow tétanisé. Elle sera exfiltrée des jeux par un aéronef de la rébellion pour se réveiller au cœur du district 13. La révolte peut commencer.

Exit Gary Ross, place à Francis Lawrence (sans lien de parenté avec Jennifer). Le film est bien réalisé, Lawrence est un metteur en scène confirmé, il avait déjà officié sur "I Am Legend", avec Will Smith. La direction artistique n'a été que très légèrement revue, mais tous les comédiens ont répondu présents pour ce nouvel opus, avec une apparition, et non des moindres, celle du regretté Philip Seymour Hoffman dans le rôle du nouveau producteur des "Hunger Games", le précédent ayant été tué par Snow.

Pourtant, malgré un budget de 133 millions de dollars, soit plus du double du premier épisode, on ne vibre pas autant. Cela est sans doute dû à la redite des jeux, mais il s'agit surtout d'un épisode "transitoire", avec le dénouement final, la révolte.

"Hunger Games", "La révolte"

La révolution est en marche. La chef du district 13, du moins ce qu'il en reste, demande à Katniss de devenir le porte-étendard de tous ces gens prêts à se sacrifier pour que cesse la tyrannie du Capitole. L'image d'un oiseau, le geai moqueur, sera son emblème. Mais Katniss Everdeen doit accepter son statut de leader, et se montrer à la hauteur des espoirs placés en elle.

Mais on ne devient pas si facilement le Lénine des temps modernes, elle devra apprendre à communiquer, et surtout, à devenir une star de la télévision, car c'est par ce biais que la dissidence propagera son message de liberté.

Peeta Mellark est aux mains du Capitole et participera à une campagne de propagande anti-rébellion.

Gale, meilleur ami de Katniss, souhaite l'aider, malgré une déception amoureuse de plus en plus forte, pour ne pas dire dévastatrice, vis-à-vis d'elle.

Le Capitole n'hésite plus à massacrer les populations civiles qui se rangent du côté des rebelles, et donne à Katniss l'occasion de s'affirmer enfin en tant que chef de cette révolution en marche. Point d'orgue de cette émancipation, l'hymne des rebelles, "L'arbre du pendu" (interprété dans sa version originale par Jennifer elle-même, ndlr), entonné par Katniss, sera le point de départ d'actions militaires radicales contre le Capitole.

Les dés sont jetés, finis les "Hunger Games", place à la guerre civile !

C'est la mode en ce moment à Hollywood, le dernier tome d'une saga est adapté en deux films pour des raisons évidentes de rentabilité.

On ressent une légère frustration en visionnant "La révolte", car on s'attend à du grand spectacle, à des batailles avec une Katniss Everdeen en général du peuple contre les élites, et l'on a, en fait, beaucoup d'émotion et peu d'action. Ce sera pour le chapitre final.

Le travail de Francis Lawrence s'est grandement affiné depuis l'épisode précédent où il a repris en main la saga.

Une réalisation irréprochable, avec des plans-séquences très intéressants. Nous pensons particulièrement à la scène où Katniss, seule avec son arc et ses flèches explosives, fait face à deux avions chasseurs bombardiers. Prometteur pour l'ultime épisode de la saga dans lequel il ne devrait y avoir que des batailles.

Le Blu-ray, quant à lui, est excellent, comme toujours avec Metropolitan/Seven7. L'image est somptueuse, le son pétarade bien et "L'arbre du pendu" est parfaitement sonorisé grâce à la haute définition du Blu-ray.

Les bonus ne sont pas en reste. Avec douze minutes de scènes coupées, un hommage au défunt Philip Seymour Hoffman, la chanson de la rébellion et bien sûr un making-of très complet, les fans seront aux anges.

En résumant la saga "Hunger Games", nous avons voulu démontrer à quel point celle-ci se situe dans l'air du temps.

Jamais les riches n'ont été aussi riches, ni les pauvres aussi pauvres, l'univers futuriste de "Hunger Games", par le biais de jeux télévisés sordides, reproduit la même situation sociale et le même esprit d'une humanité en pleine déroute.

Le message très positif de Suzanne Collins à travers sa trilogie littéraire est utile. Les plus riches ne pourront plus éternellement ignorer la souffrance dans laquelle se trouve leur voisin. Un jour, la révolte grondera, et le monde ne sera plus le même.

Alors ne manquez pas la saga "Hunger Games", bien plus aboutie que des séries aussi indigentes que les "Harry Potter" ou autres "Twilight" ! En attendant la sortie du chapitre final en décembre prochain au cinéma, régalez-vous des trois premiers films en qualité Blu-ray, disponibles partout!

Et n'oubliez jamais, "puisse le sort vous être favorable"!

"Hunger Games", "Hunger Games, L'embrasement", "Hunger Games, La révolte" sont disponibles en Blu-ray, DVD et VàD chez Metropolitan/Seven7.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Hunger Games: La révolte - Partie 1

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.