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À celui qui a crié «Baise-la» à l'avant-première de «Wonder Woman»

Quand une femme l'emporte à la bagarre et dans tous les domaines intellectuels, il ne reste donc que ça? La «baiser»?
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Quelques jours avant sa sortie, Warner Bros organisait l'avant-première de Wonder Woman au Grand Rex à Paris. Ce vendredi soir, j'y étais, parmi les journalistes, blogueurs et influenceurs. Vous aussi, monsieur, vous étiez dans la salle. Et il faut qu'on parle.

Je ne sais pas si vous avez apprécié le film. Moi oui, plutôt. Mais dès le début, un petit détail m'a agacé...

Avez-vous remarqué que la princesse Diana s'entraîne comme une forcenée parmi les Amazones avec... des talons? En 2017, même avec une femme réalisatrice aux commandes (Patty Jenkins), on trouve réaliste de faire combattre une superhéroïne avec des plateformes aux pieds.

Qu'est-ce que vous en dites? Les talons, c'est sans doute un cadeau des dieux grecs, au même titre que le lasso magique et le bracelet à l'épreuve des balles, non? Comme le veut la genèse de Wonder Woman, la sublime Diana a été forgée dans l'argile. Mais sa mère et Zeus n'ont pas oublié les talons! Alors, à la liste des pouvoirs surnaturels de la princesse des Amazones, merci d'ajouter: «mettre une raclée aux Allemands et sauver le monde des humains perchée sur des chaussures qui font mal aux pieds». Elle le mérite.

Mais j'ai vite oublié ce détail. Parce que, contrairement aux femmes Power Rangers à qui on a ajouté des talons en 2017 alors qu'elles n'en avaient pas au départ, Wonder Woman a toujours porté des échasses. Dès sa première apparition en 1941. Aussi, je n'ai pas souhaité réduire ce film et son héroïne 100% badass à une paire de pompes, ça aurait été dommage. Mais si j'ai vite oublié les talons, c'est surtout grâce à vous. Vous avez totalement détourné mon attention des pieds de Gal Gadot. Car j'ai entendu votre cri dans la salle.

C'était au milieu de la projection, après les scènes de combat bien musclées dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Là, Wonder Woman et un personnage masculin se rapprochent. Et c'est à ce moment-là que vous avez hurlé: «Baise-la!».

Dans la salle, vous avez provoqué des rires. Puis, une femme vous a répondu. «Baise-le!», a-t-elle corrigé, s'époumonant à son tour. Un partout, balle au centre? Pas vraiment.

Votre «Baise-la» m'est resté en travers de la gorge, tout le long du film. J'y pense encore dès que je passe devant une affiche de la triomphante Wonder Woman. Alors j'aimerais comprendre...

Est-ce que votre cri était celui d'un garçon se réjouissant de voir une scène de sexe? Est-ce que c'était un cri pour amuser la galerie? Une référence au personnage de Kheiron dans Bref peut-être?

Si vous vous reconnaissez dans ce billet, n'hésitez pas à me contacter pour me donner votre explication. En attendant de vos nouvelles, je vais vous dire comment je l'ai vécu.

Ce «Baise-la!» gueulé dans la salle, je l'ai pris comme un cri du cœur. Le cri d'un homme qui ne voit que cette réponse face à une femme belle, forte et intelligente que personne ne peut contrôler. Pas même le viril pilote de l'armée américaine. Ce Steve Trevor qui se fait mener par le bout du nez par l'Amazone, plus puissante que lui, plus cultivée que lui.

Quand une femme l'emporte à la bagarre et dans tous les domaines intellectuels, il ne reste donc que ça? La «baiser»?

Quand une femme l'emporte à la bagarre et dans tous les domaines intellectuels, il ne reste donc que ça? La «baiser»? Ce «Baise-la!» c'était, pour moi, le cri d'un mec qui n'a vraiment rien compris à Wonder Woman.

Si j'ai interprété votre «Baise-la!» ainsi, c'est aussi à cause d'un autre incident dans la salle, avant-même le début du film. Nous attendions que ça commence quand le journaliste Sébastien-Abdelhamid a pris la parole pour faire une rapide présentation. Quand il a déclaré qu'il était bon de voir un film avec une femme superhéroïne, des huées se sont fait entendre... Le décor était posé.

Mon invitation tient toujours monsieur. J'attends votre réponse. Mais j'attends surtout que les superhéroïnes viennent botter les fesses de ceux qui veulent les huer et les «baiser».

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