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Non, arrêter l'alcool ne fait pas de moi une rabat-joie, alors arrêtez de critiquer mon choix

On dit souvent qu’on s’amuse plus quand on picole trop. A l’inverse, ceux qui ne boivent pas sont considérés comme des rabat-joie.
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Anchiy via Getty Images

J'ai arrêté l'alcool il y a trois mois. Ça ne fait pas de moi une sainte. J'ai toujours adoré boire: ah, ces premières gorgées, et l'effet que l'alcool peut avoir sur l'amour que je ressens pour mes personnes préférées, mes morceaux préférés... Tout, en fait!

Mais j'ai un petit bout d'un an qui ne dort pas très bien. Je suis épuisée. Avant, je buvais quelques fois par semaine – modérément, en général, mais parfois excessivement – et j'étais curieuse de voir si le fait d'arrêter l'alcool dissiperait ma fatigue. Ça fait 12 semaines et je suis toujours éreintée. Mais aussi moins anxieuse et plus productive. Ma peau est plus lumineuse. Au quotidien, l'alcool ne me manque pas. J'ai l'impression d'avoir pris une décision positive qui améliore ma qualité de vie.

Alors pourquoi voit-on souvent le fait de ne pas boire comme un choix répréhensible? Et pourquoi la façon dont nous considérons la consommation – et l'abus – d'alcool est-elle aussi absurde?

J'ai été surprise par un reportage diffusé sur BBC Breakfast la semaine dernière. On y rapportait que quatre Britanniques sur cinq mentent à leur médecin sur leur consommation d'alcool et que 65% de la population montre une forme de dépendance à l'alcool. Il s'agit de statistiques sérieuses. Pourtant, les présentateurs commentaient le reportage en riant de leurs propres petits mensonges à ce sujet. Une présentatrice s'est fendue d'un "Il n'y a que les accros au thé qui sont honnêtes sur leur consommation d'alcool" avant de lever les yeux au ciel pour nous faire comprendre qu'elle n'était ni accro au thé ni honnête sur sa consommation d'alcool.

Ils employaient le même ton léger que celui adopté pour annoncer le bulletin météo ou une vidéo animalière amusante.

Une autre émission récente, Live Well for Longer sur Channel 4, montrait trois groupes de femmes essayant d'arrêter l'alcool pendant un mois. La plupart buvaient bien plus que la limite recommandée; l'un des groupes consommait au moins une bouteille de vin chaque soir.

Un médecin les prévenait que la consommation abusive d'alcool augmentait leur risque de cancer et de mort prématurée. Pourtant, seules quelques-unes semblaient prendre la mesure de ce qui était dit. Les autres plaisantaient avec la présentatrice Kate Quilton sur la façon dont elles allaient tenir jusqu'à la fin du mois.

J'ai eu l'impression de ne pas comprendre la blague.

Avant de bannir l'alcool de ma vie, je riais des escapades où je m'étais blessée, bourrée. Je regardais la série First Dates et je me disais que les personnes qui commandent un soda quand elles vont au pub sont bizarres ou qu'elles ont "un problème".

On dit souvent qu'on s'amuse plus quand on picole trop. A l'inverse, ceux qui ne boivent pas sont considérés comme des rabat-joie. Mes amis m'incitent à prends un verre ou me demandent si je suis enceinte parce qu'ils ont besoin de me voir justifier ce choix.

En plus d'être dangereuse, cette attitude est assez agaçante quand on ne boit pas. Ça rend la sobriété très difficile à vivre, qu'on s'y essaie parce qu'on a un bébé qui ne dort pas, parce que la consommation d'alcool nous déprime, parce qu'on a insulté son compagnon ou sa compagne quand on était bourré(e), ou encore parce que l'on souffre d'une maladie du foie et que notre vie en dépend.

Nos ressentis sur la consommation d'alcool – et sur le fait de ne pas boire – sont complexes et profondément ancrés. Ils sont sans doute modelés, dans une certaine mesure, par les messages que nous servent les médias et la société.

Il faut commencer à prendre la consommation excessive d'alcool sérieusement, à regarder en face ses conséquences potentiellement négatives, et ne pas en rire, afin de modifier la façon dont est communément considéré l'alcool.

Les comportements commencent à changer, lentement. L'alcool n'a plus autant la côte chez la Génération Y: une étude de l'ONS (Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni) réalisée en 2016 a montré que plus d'un quart des 16-24 ans ne boivent pas. Je suis trentenaire et je pense que ma génération peut apprendre de la suivante en acceptant le fait que la consommation abusive d'alcool est dangereuse, et qu'il existe des personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas boire.

Je ne dis pas qu'il faut devenir accro au thé mais j'exhorte les gens à accepter la sobriété et à respecter les choix d'autrui.

Allez, santé!

Ce blogue, publié à l'origine sur le HuffPost britannique, a été traduit par Laura Pertuy pour Fast for Word.

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