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Congés de maladie payés: le Canada doit agir

Si les conservateurs se souciaient vraiment du travailleur canadien moyen, ils s'empresseraient d'ajouter auun nombre minimum de jours de congé de maladie payés pour tous ceux et celles qui travaillent dans les industries sous réglementation fédérale.
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Au cours des derniers mois, de nombreuses sources ont rapporté que les conservateurs de Harper allaient s'attaquer aux conditions de travail des fonctionnaires en réduisant drastiquement leurs congés de maladie. Fidèles à leur politique du « diviser pour régner », les conservateurs espèrent ainsi dresser les fonctionnaires syndiqués contre les travailleurs non syndiqués du secteur privé qui, généralement, ne bénéficient pas des congés de maladie payés. En fait, les conservateurs, sous la houlette de Tony Clement, président du Conseil du Trésor, font tout en leur possible pour entretenir l'animosité entre ces deux groupes. Ainsi, au lieu de chercher à améliorer les conditions de travail des Canadiennes et Canadiens et d'accorder la priorité à la santé publique, ils propagent des renseignements erronés sur le coût des congés de maladie et les taux d'absentéisme.

Comme le taux de syndicalisation du secteur privé est bien moins élevé que celui du secteur public, il n'est guère surprenant que la plupart des travailleurs n'aient pas de congés de maladie payés. Ces derniers doivent négocier individuellement leurs conditions de travail avec l'employeur; leur pouvoir est donc limité. Et n'oublions pas que le secteur privé est obnubilé par la course aux profits, faisant ainsi pâtir les travailleurs, même lorsque les compagnies s'enrichissent. Prenons comme exemple la société Carterpillar qui, en 2011, a demandé à ses employés de London, en Ontario, d'accepter que leurs salaires soient réduits de moitié alors qu'elle affichait un profit d'environ 5 milliards de dollars. Ou encore la Banque Royale du Canada qui, en 2012, a remplacé son régime de retraite à prestations déterminées, pourtant rentable, par un régime de retraite à cotisations déterminées, un modèle beaucoup plus risqué. Cette année-là, la banque avait réalisé un bénéfice record de 7,5 milliards de dollars. Et que penser des grandes compagnies ferroviaires canadiennes qui, en dépit de la tragédie survenue à Lac-Mégantic en 2013, refusent encore de mettre en application les mesures proposées pour combattre la fatigue chez les conducteurs de train en raison des coûts ainsi occasionnés.

Bien sûr, les choses pourraient être différentes, car les gouvernements ont un rôle important à jouer pour que tous les travailleurs, du secteur public ou privé, syndiqués ou non, soient traités équitablement. Pourtant, lorsqu'on lit le Code canadien du travail ou d'autres lois provinciales en la matière, on constate que les travailleurs n'ont pas droit à un nombre minimum de congés de maladie payés. Ahurissant, non? En fait, dans plusieurs provinces, la seule protection qui leur est offerte en cas de maladie, c'est une disposition interdisant une rétrogradation ou un congédiement.

Si les conservateurs se souciaient réellement du travailleur canadien moyen, ils s'empresseraient plutôt d'ajouter au Code canadien du travail un nombre minimum de jours de congé de maladie payés pour tous ceux et celles qui travaillent dans les industries sous réglementation fédérale. Et ils établiraient ainsi une norme en la matière pour des centaines de milliers de travailleurs, ce qui pourrait inciter les provinces à en faire autant.

Outre ce que dicte le bon sens - lorsqu'on est malade, mieux vaut rester chez soi que se présenter au travail - d'autres arguments militent en faveur d'une telle mesure. Certains, dont la protection de la santé publique et les questions économiques, devraient même plaire aux conservateurs, eux qui sont obsédés par la chose économique. Faire en sorte que les travailleurs puissent prendre des congés de maladie payés lorsqu'ils sont malades est l'un des meilleurs moyens de limiter la propagation de maladies infectieuses, qu'il s'agisse d'un simple rhume ou d'une autre affection grave, comme le SRAS. Mais si les travailleurs n'ont pas de congés de maladie payés, ils iront, plus souvent qu'autrement, travailler même s'ils sont malades au lieu de perdre leur salaire. Résultat : ils transmettent leur maladie à leurs collègues, ce qui réduit la productivité globale et ralentit l'économie.

Les faits sont là. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, dans une étude sur les congés de maladie payés parue en 2010 : « En 2009, lorsque la crise économique et la pandémie de grippe H1N1 se sont déclarées simultanément, un nombre alarmant d'employés n'ayant pas la possibilité de prendre des congés de maladie se sont présentés au travail tout en étant malades. Le virus H1N1 s'est alors propagé dans les lieux de travail. Aux États-Unis seulement, quelque sept millions de travailleurs ont été infectés. » L'OMS a également mis en évidence le fait que « la présence d'employés malades sur les lieux de travail entraîne, outre les coûts de soins de santé (il faut soigner un plus grand nombre de personnes présentant des symptômes plus graves), des coûts liés à une baisse de productivité et au ralentissement économique qui en découle. » [traduction]

Malgré tout ce qu'ils disent au sujet de l'économie, les conservateurs continuent de s'attaquer au régime de congés de maladie des fonctionnaires fédéraux au lieu d'en offrir à l'ensemble des travailleuses et travailleurs. Comparons cette attitude intransigeante à la situation aux États-Unis - pays où les travailleurs sont bien moins protégés qu'au Canada - où plusieurs collectivités publiques se dotent de politiques sur les congés de maladie payés pour tous.

Voici quelques exemples. En 2007, San Francisco a exigé que tous les employeurs établis dans la ville accordent jusqu'à huit jours de congé de maladie payés à leurs employés qui cumulent une année de service à temps plein. En 2012, le Connecticut est devenu le premier État à adopter une loi sur les congés de maladie payés, loi qui a été bien accueillie. Au début de 2014, la ville de New York a élargi la portée de sa loi sur les congés de maladie. Désormais, toutes les entreprises comptant cinq employés ou plus y sont assujetties. Les travailleurs peuvent utiliser ces congés non seulement lorsqu'ils sont malades, mais aussi pour s'occuper d'un parent malade, y compris les grands-parents et les petits-enfants. En septembre 2014, la Californie a adopté une loi accordant des congés de maladie payés à tous les travailleurs californiens. Ceci est particulièrement intéressant pour nous puisque la population et le rendement économique de cet État sont comparables à ceux du Canada. Signalons aussi que l'assemblée législative du New Jersey étudie actuellement un projet de loi sur les congés de maladie payés, étant donné que plusieurs villes avaient déjà adopté des règlements à cet égard. Et en novembre, les citoyens du Massachusetts ont voté pour une nouvelle loi sur les congés de maladie qui prendra effet l'été prochain.

Au Canada, en revanche, on ne fait rien. Ce qui n'est guère surprenant de la part d'un gouvernement qui refuse d'exercer son leadership dans plusieurs dossiers qui pourraient améliorer le sort des Canadiennes et Canadiens. On n'a qu'à penser à la sécurité de la retraite, à programme d'assurance-emploi équitable, à un plan national de services de garde d'enfants, à un régime national d'assurance-médicaments ou à un régime de soins dentaires. Cette inaction n'est, finalement, qu'un autre exemple du manque de vision des conservateurs et de l'essoufflement de la machine conservatrice après neuf ans au pouvoir. C'est aussi une des raisons qui inciteront les Canadiens à voter autrement en 2015.

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