Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Nouvelle controverse au YMCA : le burkini

Les YMCA du Québec viennent de lancer ces jours-ci une campagne invitant les femmes à venir profiter de leurs piscines pour nager en toute liberté et à leurs rythmes. C'est tout à fait louable mais il y a un hic.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Un fait divers ? Sûrement pas !

Les YMCA du Québec viennent de lancer ces jours-ci une campagne invitant les femmes à venir profiter de leurs piscines pour nager en toute liberté et à leurs rythmes. C'est tout à fait louable, mais il y a un hic, l'accroche pour la promotion est une femme en burkini, souriante dans l'eau, accompagnée de deux enfants.

Le burkini pour ceux qui ne le savent pas est le vêtement islamique conçu pour les musulmanes, les recouvrant totalement à l'exception du visage, car nager avec le visage couvert s'est révélé impossible lorsque ce vêtement fût imaginé et testé par les gardiens de l'orthodoxie islamique. En bref, le burkini est à la burqa, ce que le maillot de bain féminin est à la jupe et au corsage de l'Occidentale.

On se doute qu'une telle initiative des YMCA venant après l'épisode du givrage des vitres du YMCA de Park-Extension ne passe pas inaperçue. La controverse n'a pas tardé à éclater, elle fait le buzz des médias sociaux ainsi que des radios. Madame Michèle Sirois, présidente de PDF (Pour les Droits des Femmes) fut interviewée le jeudi 12 novembre par l'animateur radio Benoît Dutrizac et exprima son étonnement d'une telle campagne, déclarant «Quelle image d'intégration des femmes musulmanes on transmet aux Québécois et aux Québécoises ? Quelle image de la femme en général : cacher votre corps, car il est provoquant s'il n'est pas couvert ? Et en plus, pourquoi pas une image d'homme qui va au bain libre avec ses enfants ?»

Au-delà du fait divers, que peut bien signifier pour les YMCA cette promotion ? Trois possibilités me viennent à l'esprit :

Premièrement, est-ce une simple approche publicitaire ?

Deuxièmement, est-ce la promotion d'un message de solidarité avec un groupe social en besoin de protection et de services, dans la ligne de la philosophie traditionnelle des YMCA s'adressant aux couches défavorisées de la société ?

Et troisièmement, est-ce plutôt un message aux futurs réfugiés syriens devant arriver incessamment suite aux engagements électoraux de Justin Trudeau ?

Quelque chose cloche pourtant dans chacun de ces trois cas de figure.

Si c'est une pure accroche publicitaire pour accroître la clientèle, la photo, en se restreignant à une niche très minoritaire raterait son objectif. De plus, l'image d'une femme en burkini va provoquer la controverse comme lorsque l'organisme avait fait givrer ses vitres pour plaire aux juifs ultras orthodoxes de Park-Extension.

Si c'est un message de solidarité avec un groupe social défavorisé ou ostracisé, pourquoi ce groupe très réduit et sûrement pas le plus prioritaire au Québec en termes de besoins ? Il y a des groupes sociaux en bien plus grande difficulté et plus nombreux : les pauvres, les assistés sociaux, les chômeurs, les mères de famille monoparentale, etc.

Si c'est un message en lien avec les réfugiés, il pose problème, car afficher comme bienvenue une femme en burkini, exprime une adhésion à une vision de la femme en opposition radicale avec une valeur fondatrice du Québec contemporain, à savoir l'égalité Homme/Femme

On doit chercher ailleurs la motivation du YMCA qui ne peut ignorer que cette campagne suscitera inévitablement des remous.

Essai d'explication

On constate une convergence entre divers acteurs sociaux : dirigeants politiques, élites universitaires, monde des médias, monde associatif, regroupements religieux, pour prétendre que le Québec est en proie à une vague d'islamophobie et qu'il convient de lutter contre ça. Entre autres :

1. Les discours dominants dans les médias caractérisant comme islamophobe toute critique de l'islam, comme l'avait fait la journaliste Johanne Faucher dans l'émission «Enquête» de Radio Canada intitulé «La montée de l'intégrisme. Lever le voile» en novembre 2014

2. La tenue récente du 29 octobre au 1er novembre à l'INRS-UCS d'un large symposium international [Islamophobie Race-Religion-Libéralisme] organisé par d'éminents professeurs québécois sur l'islamophobie réunissant tout un aréopage d'universitaires américain et européen et québécois. Les conférenciers principaux étant le professeur Joseph Massad de l'université Columbia et l'inévitable Jacques Frémont le président du CPDPDJ, l'homme qui sera chargé des basses œuvres de la future loi 59. À noter la participation de diverses organisations musulmanes comptant des islamistes notoires.

3.La volonté du gouvernement Couillard avec le projet de loi 59 de criminaliser officiellement les discours haineux, mais visant en fait à interdire toute critique de l'islam au prétexte que c'est l'islamophobie qui cause ou facilite la radicalisation des jeunes musulmans, incités de ce fait à glisser vers le terrorisme

4.Le discours de Justin Trudeau, déclarant durant la campagne électorale récente à une musulmane voilée, que le Canada avait été construit par une multitude de cultures et qu'il ferait tout pour que cette femme voilée puisse vivre en totale conformité avec les spécificités de sa culture à elle.

5.À l'instigation de Françoise David, la chef de Québec solidaire, l'adoption à l'unanimité par l'Assemble nationale d'une résolution condamnant l'islamophobie au Québec

6. Et finalement, la campagne d'affichage des burkinis, des YMCA, endossant de fait une pratique qui heurte les sentiments de la majorité de la population québécoise hostile à un différentialisme institutionnalisé entre les femmes et les hommes, et rejetant de ce fait tous les signes vestimentaires marquant l'infériorisation des femmes

Une telle unanimité de points de vue d'une large fraction des élites indique que la lutte contre l'islamophobie fait aujourd'hui partie du discours dominant. Or on sait très bien que la notion d'islamophobie est une trouvaille dont l'unique objectif est d'empêcher tout regard critique sur l'islam et ses pratiques au Québec, car les faits ne confortent nullement un prétendu racisme et discrimination systématique à l'encontre des musulmans. Qui croirait en effet que les musulmans sont ostracisés alors que le Canada et le Québec comme tous les pays occidentaux les accueillent en grand nombre et à bras ouverts.

Le problème n'est pas là, il n'a jamais été là. Le problème est d'abord celui de la difficulté d'une fraction significative des nouveaux venus à accepter de s'intégrer aux us et coutumes laïques du pays, et ensuite à l'étrange conception des élites à l'effet que le Canada serait un pays hors-sol, construit et habité par un Homme universel, mais dont l'universalité ne serait que l'addition de multiples singularités. Cet Homme universel aurait de plus un penchant particulier pour les victimes, pas nécessairement un penchant égal pour toutes les victimes, certaines moins égales que d'autres. Pour l'heure, il ne faut rien refuser à ceux qui se réclament de l'islam.

Mais la réalité est têtue, l'invitation à pratiquer le burkini par les YMCA n'aidera sûrement pas à l'intégration des femmes musulmanes ni à fortiori à consolider un socle de valeurs communes !

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST:

Des Iraniennes enlèvent le voile sur la Toile

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.