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Le poil est en vogue, même celui des autres

Le fait de porter de la fourrure aujourd'hui répond à un besoin de "luxure" et de clinquant, et non plus de survie.
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La mode n'est pas à l'abri de l'absurdité, c'est bien connu. Certaines tendances n'ont pas manqué de se faire remarquer, que ce soit en bien ou en mal. Néanmoins, l'une d'entre elles est, de loin la plus absurde de toutes ; celle de porter la peau d'êtres vivants sur soi, leurs fourrures plus précisément. En effet, la fourrure fait un triste retour sur les cintres des magasins de vêtements cette saison (theguardian.com, 2015). Plusieurs d'entre nous portent fièrement leur manteau à col de fourrure, ou leur tuque à pompon en fourrure. Ces gens connaissent-ils vraiment tout le dommage qu'entraîne l'achat d'un tel article ?

Jadis utile, désormais futile

Il y eut des temps où les vêtements de fourrure étaient effectivement une question de survie. Que ce soit les hommes des cavernes, aux Vikings, en passant par les Amérindiens et les coureurs des bois. L'animal était généralement tué en liberté, puis sa dépouille était utilisée dans son intégralité ; la peau pour se vêtir, la carcasse pour se nourrir. Aujourd'hui, très peu de communautés vivent dans des froids extrêmes en ayant des ressources si limitées qu'elles justifient l'usage de la fourrure. Tout au long du dernier siècle, les produits synthétiques offerts par l'industrie du textile se sont grandement développés et améliorés, rendant ainsi la fourrure désuète. Le fait d'en porter aujourd'hui répond donc à un besoin de luxure et d'approbation, et non plus de survie.

Un combat oublié

Pourtant, le combat afin d'informer et de sensibiliser les consommateurs à la dure réalité de la fourrure a bel et bien eu lieu il y a 25 ans de cela. En effet, le mouvement anti-fourrure est devenu une partie intégrante de la culture populaire au cours des années 1980-1990. Il naquit grâce aux campagnes contre l'abattage des phoques dans les années 1970, puis se développa en un mouvement plus global touchant tous les animaux utilisés pour leurs fourrures (*Emberly 1997). Vous-même ou vos parents s'en souviennent peut-être ? Aujourd'hui, ce combat éthique a malheureusement été mis aux oubliettes par la nouvelle génération, et l'industrie s'en frotte avidement les mains

Le Guantánamo des bêtes

En 2014, on comptait un total de 287 fermes d'élevage de visons et de renards au Canada, dont 26 au Québec (Statistique Canada, 2015 ; furbearerdefenders.com). Sur ces fermes, le bien-être de ces animaux est laissé pour compte. Selon plusieurs experts ayant visionné des vidéos tournées sur des fermes d'élevage canadiennes, leurs conditions de vie sont misérables ; « L'eau, lorsqu'il y en a, semble contaminée par des matières fécales et être difficile d'accès pour plusieurs renards » affirme Sherri Cox, docteure en médecine vétérinaire de l'Ontario.

Sara Shield, docteure en comportement animal et chercheuse, déclare, quant à elle que « les cages qu'on nous montre sont sales, surpeuplées et n'offrent pas suffisamment d'espace à chaque individu. À cause de cet environnement pauvre et restreint, plusieurs animaux ont développé des comportements stéréotypés ; un type de mouvement anormal, répétitif et invariable qui apparaît chez les animaux confinés dans des endroits qui ne répondent pas à leurs besoins naturels » (finilafourrure.com). On parle donc de conditions de vie bien loin de celles minimalement requises pour le bien-être d'un animal, quel qu'il soit.

Toléreriez-vous de telles conditions pour votre chien ou votre chat ? Alors, pourquoi donc l'accepter, et même l'encourager pour de futiles garnitures sur des vêtements ? La limite du tolérable a largement été dépassée. Pour la mise à mort, les visons sont endormis au monoxyde de carbone dans leur cage grâce à une unité mobile. Les renards, quant à eux, n'ont pas cette chance ; ils sont électrocutés à l'aide de deux électrodes, l'une placée dans la bouche, puis l'autre dans l'anus. L'électrocution peut nécessiter jusqu'à 10 secondes avant de tuer complètement l'animal (truthaboutfur.com). Ces méthodes sont propres aux fermes canadiennes. Cependant, plusieurs compagnies de vêtements achètent leur fourrure de la Chine, de la Russie, ou encore d'autres pays où les conditions de détention et d'abattage des animaux sont encore moins humaines.

Le piège à surprises

Concernant le trappage, les pièges pour les petits animaux sont conçus afin de tuer l'animal sur le coup... en théorie. Pour les animaux plus grands, tels que le coyote ou le lynx, le piège vise à le maintenir sur place jusqu'à ce que le chasseur fasse sa « tournée de pièges » et l'abatte (truthaboutfur.com). Bien sûr, les surprises ne sont pas rares. Plusieurs autres animaux sauvages peuvent s'y prendre, qu'il s'agisse d'une espèce rare, de rejetons, ou même d'animaux de compagnie. Selon des trappeurs dont je tairai les noms ici, il arrive parfois que l'animal piégé, désespéré de retrouver sa liberté, s'arrache délibérément la patte afin de sortir du piège.

Les alternatives

Comme l'industrie de la fourrure et la souffrance qu'elle occasionne à nombre d'êtres vivants sont bien souvent mal connues par les consommateurs, la fourrure fit un retour en force dans le monde de la mode (theguardian.com, 2015). Pourtant, des options bien plus qu'acceptables sont accessibles et abordables ; choisir des vêtements et accessoires sans fourrure, ou en fourrure synthétique. La fourrure recyclée est également un choix possible, bien qu'elle soit plus difficile à trouver.

Acheter c'est voter !

Sachant donc que de consommer de la fourrure, c'est prendre part à une industrie désuète qui génère d'intolérables souffrances chez les animaux, achèteriez-vous des produits Rudsak ou un manteau Canada Goose à présent ? Il est primordial de connaître les conséquences de ses choix, et l'achat d'articles de fourrures en comporte trop. La nouvelle génération de jeunes consommateurs doit prendre conscience que le superbe collet de fourrure sur un manteau convoité a été obtenu en scalpant la peau de renard ayant vécu une vie de misère et s'étant achevé de façon horrible. En 2016, il s'agit d'une industrie immorale et rétrograde qui n'a plus sa place dans tout pays qui se dit développé. En terme de consommation, acheter c'est voter, et ce dicton prévaut dans oh combien de domaines ! À vous maintenant de l'utiliser à bon escient pour entamer le changement !

*Emberley, J. (1997). The Cultural Politics of Fur. Cornell University Press

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