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Les troubles alimentaires n'ont rien à voir avec la nourriture

Le seul moyen pour que la personne atteinte d'un trouble alimentaire décide de s'en sortir, c'est lorsqu'elle décidera de le faire. Car pour que la solution trouvée soit durable, il faut qu'elle parte de sa propre volonté vers un mieux-être sincère et non qu'elle le fasse pour les autres.
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La semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires bat son plein (2 au 8 février 2014). Les organismes La Maison L'Éclaircie et ANEB Québec s'associent afin de sensibiliser le maximum de gens possibles à cette cause qui touche une très grande proportion de femmes (et, de plus en plus d'hommes.)

Ce soir aura lieu la soirée-bénéfice Le Cri du Corps au Métropolis de Montréal à 20h. Les billets sont au coût de 25$ chacun (plus les frais de service sur TicketMaster).

Coeur de pirate, Kaïn, Marjo, William Deslauriers et plusieurs autres prendront part à cette soirée culminante qui permettra d'amasser de nombreux fonds pour supporter le travail de ces organismes qui agissent autant auprès des personnes atteintes que de leurs proches.

Selon l'ANEB, les troubles alimentaires sont des maladies mentales, mais également «des désordres complexes, principalement caractérisés par des habitudes alimentaires anormales, une crainte intense de prendre du poids et une grande préoccupation de l'image corporelle.» Les troubles n'ont généralement pas de cause unique. C'est souvent une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui peuvent mener au déclenchement de la maladie chez un individu.

Le film documentaire d'Hélène Bélanger-Martin La peau et les os - après, tourné 20 ans après la première version de la réalisatrice Johanne Prégent, témoigne du caractère sournois de la maladie et vient chercher les téléspectateurs droit au coeur par les récits poignants et bouleversants d'Annie, Isabelle, Marlène, Charlotte et d'Hélène elle-même.

Mais concrètement, qu'est-ce qu'un trouble alimentaire?

Il y a bien entendu, l'anorexie et la boulimie dont le public a régulièrement entendu parler avec les années. L'anorexie est caractérisée par une «brusque perte de poids résultant soit de régimes draconiens, de jeûnes, de vomissements provoqués, d'utilisation de laxatifs et/ou d'exercices physiques excessifs.» L'aménorrhée (irrégularité ou arrêt complet des menstruations) est également un symptôme que l'on peut observer. Pour poser le diagnostic, il faut que le poids de la personne chez qui on soupçonne le trouble soit en déca d'au moins 15% de son poids minimal normal, compte tenu de son âge et de sa taille en raison d'une crainte obsessionnelle et pathologique de prendre du poids. Généralement, il est beaucoup plus facile de constater à la vue qu'une personne souffre d'anorexie contrairement à la boulimie où les personnes atteintes ont un poids le plus souvent en apparence normal (bien qu'on ne puisse considérer le poids comme seul critère pour diagnostiquer la maladie).

Pour ce qui est de la boulimie, elle se caractérise par «des épisodes de compulsion alimentaire suivie de comportements compensatoires», les mêmes que précédemment nommés pour l'anorexie dans la plupart des cas. Les crises (rages de nourriture) dans lesquelles les personnes atteintes se sentent coupables, honteuses et en perte de contrôle sont généralement vécues dans le secret. Les personnes souffrant de boulimie ont également une crainte pathologique de prendre du poids ainsi qu'une distorsion cognitive quant à leur image corporelle, et ce, indépendamment du fait que le poids peut se retrouver près de la normale, sous ou au-dessus.

Il existe également d'autres troubles, méconnus, mais qui ont un impact tout aussi important.

L'hyperphagie ressemble beaucoup à la boulimie, cependant, sans les comportements compensatoires. La honte, la culpabilité, les régimes amaigrissants ainsi que la dépression vont de pair avec ce diagnostic.

De nouveaux troubles ont également fait leur apparition, comme le mentionnait Daphnée Hacker-B dans le journal Métro la semaine dernière. Il s'agit de l'orthorexie (obsession de la santé et du fait de manger des aliments de qualité) ainsi que de la bigorexie (obsession par rapport à la prise de la masse musculaire, que l'on retrouve généralement chez les hommes).

Les troubles alimentaires non spécifiques peuvent être diagnostiqués chez des personnes qui ont plusieurs critères diagnostics, mais qui n'entrent pas complètement dans un trouble ou dans l'autre. La souffrance n'en est pas moins importante.

Existe-t-il des traits de caractère qui prédisposent aux troubles alimentaires?

Oui, sans tomber dans les généralités, il y a notamment le perfectionnisme, la rigidité, l'hypersensibilité au jugement d'autrui, une faible estime de soi (ou une estime personnelle essentiellement basée sur l'apparence physique) qui peuvent être en cause dans le cocktail de facteurs prédisposants. Il arrive également qu'il y ait d'autres diagnostics comme, par exemple, que certains troubles de la personnalité soient posés en corrélation avec celui de trouble alimentaire.

Pourquoi les troubles alimentaires ne sont-ils pas une question de nourriture?

Parce qu'ils sont essentiellement une question de contrôle. La personne atteinte gère de manière rigide son alimentation parce qu'elle sent que ce contrôle lui fait défaut dans d'autres sphères de sa vie. Il ne faut donc pas se centrer sur le symptôme (la perte de poids, les habitudes alimentaires anormales), mais sur la cause profonde du mal-être et de la détresse de la personne.

Comment puis-je aider une personne qui souffre de troubles alimentaires?

Il est normal de ressentir de l'incompréhension, de l'impuissance et de la frustration devant un proche qui souffre de troubles alimentaires et qui s'autodétruit devant nos yeux. Le premier réflexe que nous aurions tous serait d'inciter la personne à manger. Ou encore, de faire des commentaires à l'égard de son poids. Or, comme expliqué dans le précédent paragraphe, cela serait contourner la source réelle du problème. Et agir de la sorte risque même de l'amplifier. Il est important de ne pas jouer aux psychologues et d'aller chercher de l'aide auprès de ressources comme ANEB Québec par exemple. Il faut également s'informer et se documenter sur la question afin d'être quelque peu plus outillé pour faire face à cette problématique.

Le seul moyen pour que la personne atteinte d'un trouble alimentaire décide de s'en sortir, c'est lorsqu'elle décidera de le faire. Car pour que la solution trouvée soit durable, il faut qu'elle parte de sa propre volonté vers un mieux-être sincère et non qu'elle le fasse pour les autres. Lorsque la personne exprime des commentaires désobligeants en lien avec son image corporelle, vous pouvez par exemple lui refléter que vous l'aimez comme elle est ou encore que vous sentez que cela lui trotte dans la tête et lui demander si elle aimerait en parler. Il est cependant important de ne pas rester seul avec cette situation.

Au Québec, environ 100 000 femmes et filles sont touchées par des troubles alimentaires. Non traitées, plusieurs personnes atteintes vont décéder des complications liées à la maladie.

N'hésitez pas à contacter l'ANEB Québec pour une liste de ressources où vous pouvez aller chercher de l'aide, pour vous ou pour quelqu'un que vous aimez.

www.anebquebec.com et www.anebquebec.com/blogue

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