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Une nécessaire reconnaissance du savoir expérientiel des jeunes en santé mentale

75% des premiers signes de problèmes de santé mentale apparaissent avant l’âge de 25 ans, dont 50% avant l’âge de 14 ans.
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Nous organisons un rassemblement en santé mentale, par, pour, et avec les jeunes ayant un vécu en santé mentale, le 18 mai 2019 dans la ville de Québec.
Elva Etienne via Getty Images
Nous organisons un rassemblement en santé mentale, par, pour, et avec les jeunes ayant un vécu en santé mentale, le 18 mai 2019 dans la ville de Québec.

En février dernier, les ministres McCann et Carmant ont annoncé la tenue d'un Forum de consultation sur la santé mentale des jeunes du Québec au printemps 2019. S'échelonnant sur une journée, ce forum réunira «des jeunes et des familles touchées par les troubles mentaux, des experts du milieu communautaire et de la recherche, des proches, des infirmières, des travailleurs sociaux, des médecins psychiatres et d'autres professionnels», pouvait-on lire sur le communiqué de presse. Récemment, le cabinet de la ministre annonçait l'ajout de consultations satellites transpartisanes dans dix régions du Québec.

En tant que membres du comité organisateur d'un projet par et pour les jeunes ayant un vécu en santé mentale*, nous considérons que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) fait un pas dans la bonne direction en élargissant la portée de ses initiatives. Comme l'a démontré la couverture médiatique du système de santé des derniers mois, s'attaquer à ce mal qui afflige un grand nombre d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes sur notre territoire est un impératif.

Rappelons que 75% des premiers signes de problèmes de santé mentale apparaissent avant l'âge de 25 ans, dont 50% avant l'âge de 14 ans.

Toutefois, l'attention médiatique et le contexte politique actuels se doivent d'être pris comme une occasion pour réaffirmer la place centrale que doit avoir le savoir expérientiel des jeunes dans l'organisation des services qui leur sont dédiés.

Nous sommes des jeunes qui avons en commun un savoir expérientiel en santé mentale. Allant bien au-delà d'une vision strictement biomédicale, nous estimons que notre vécu, sans égard à la pose d'un diagnostic par un professionnel, est une forme d'expertise qui doit être reconnue comme telle, et doit être placée au centre des décisions nous concernant directement — la lettre de la jeune Émilie Houle, 23 ans, rendue publique après sa mort par suicide, en est un triste rappel.

Aussi, nous croyons fondamentalement que la santé mentale doit être comprise de manière holistique plutôt que parcellaire. Cela veut dire que l'ensemble des déterminants sociaux ayant un impact sur la santé mentale des jeunes doivent être considérés et pris en compte dans la mise en place de programmes et de politiques publiques.

Les problèmes de santé mentale des jeunes ne peuvent plus être combattus en vase clos: ils se doivent d'être abordés de manière transversale par le biais de nombreux ministères, et par une multiplicité d'acteurs travaillant en collaboration. De plus, plusieurs phénomènes sociaux qui favorisent leur émergence et leur chronicité doivent être remis en question, comme la société de performance, les discriminations systémiques ou l'isolement social.

C'est dans cet esprit de reconnaissance du savoir expérientiel que nous organisons un rassemblement en santé mentale, par, pour, et avec les jeunes ayant un vécu en santé mentale, le 18 mai 2019 dans la ville de Québec.

Sous l'égide de l'AQRP, un organisme existant depuis plus de 25 ans, notre souhaitons créer une communauté identitaire où les jeunes ayant un savoir expérientiel en santé mentale peuvent se reconnaître en termes de parcours, besoins, préoccupations et aspirations partagés et spécifiques, et se mobiliser pour la valorisation de leur expertise sur leur propre condition. Nous opérons de manière horizontale dans notre mode d'organisation, afin que la voix de chacun de nos membres soit entendue.

Considérant l'ampleur des problématiques de santé mentale chez les jeunes du Québec, nous saluons l'élargissement de l'initiative gouvernementale, mais avec l'espoir que les efforts en santé mentale jeunesse sauront donner une plus grande place à la parole des jeunes, sur un pied d'égalité des autres types de savoirs.

*Les membres du Comité Orientation et Suivi (C-OS) du Grand Rassemblement Jeunesse en Santé mentale (GRJ-SM) de l'Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP).

Signataires:

Kharoll-Ann Souffrant

Jack Boudreau

Cathy Martineau

Vincent Arseneault

Dylan Hervé

Janie Dolan Cake

Ronny Al-Noisir

Emmanuelle Saulnier-Leclerc

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