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Pour une conversion des subventions aux CPE en une allocation aux parents

Conçu selon une politique qui n'est pas sans rappeler les défunts principes communistes morts et enterrés sous les décombres du mur de Berlin, ce réseau fondé sur un substrat syndical tenace, reste, pour le moins, difficile à gérer même pour un gouvernement majoritaire.
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Sérieusement, la modulation a été une grande réforme et un pas majeur pour un réseau qui souffrait beaucoup de son manque d'équité. Surtout envers les familles à faible revenu. Conçu selon une politique qui n'est pas sans rappeler les défunts principes communistes morts et enterrés sous les décombres du mur de Berlin, ce réseau fondé sur un substrat syndical tenace, reste, pour le moins, difficile à gérer même pour un gouvernement majoritaire.

Les artisans de cette politique surannée tiennent mordicus à ce qu'elle soit conservée, non pas pour son efficacité, mais surtout comme empreinte politique très bénéfique en période électorale. Quand on parle de CPE, la seule personne qui nous vient à l'esprit est sa génitrice, Mme Pauline Marois. Personne ne pense alors aux centaines de milliers de familles qui ont du faire leur deuil de ces places subventionnées. Personne ne peut imaginer le retard que cette politique a infligé au réseau en matière de réalisation de places, encore moins au trou galactique dans nos finances que tout cela a causé et cause toujours. Plus étonnant encore, est le fait que les syndicats, habituellement hostiles aux riches, en sont venus à les défendre, juste pour maintenir une hypothétique universalité qui n'a jamais eu lieu, en prenant le soin d'étayer le tout proclamant que c'est un choix de société.

Mais de quelle société parle-t-on ici? Celle que l'on connait n'a jamais fait un tel choix et personne ne l'a jamais consultée d'ailleurs à ce sujet. Tout a été décidé et exécuté dans des bureaux loin de cette même société.

Il n'est pas rare aussi d'entendre ceux qui profitent de cette manne proclamer pompeusement que les CPE sont victimes de leur succès. De quel succès s'agit-il? On gruge une large part du budget pour un résultat aussi médiocre et on se targue d'être un succès? Pour qui? Car ni le gouvernement, qui regarde avec inquiétude sa dette grossir, n'est vraiment pas chaud à continuer dans cette soi-disant «success story» aux allures de fiasco, sur tous les plans. Ni les parents, qui sont la société, qui se voient offrir un réseau inique, majoritairement constitué encore de places en milieu familial, milieu à la sombre réputation d'opaque d'où rien ne filtre, ne voient plus ces CPE très budgétivores, comme solution à cette situation qui n'a que trop duré.

Le monde entier nous envie, disent ceux qui veulent toujours garder cette touche péquiste dans le paysage politique. Mais admettons que cela soit vrai, savent-ils que nous n'en avons pas les moyens? Savent-ils que cela nous endette de maintenir à flot cette politique de subventions? C'est le syndrome de la Rolex; on envie toujours celui qui l'a et il sait qu'on ne se pose jamais la question s'il en a les moyens ou pas. Il a une Rolex et nous sommes épatés point barre!

Mais vu de l'intérieur, ce réseau semble en proie à d'incessants tiraillements entre différentes factions. Si ce ne sont pas les CPE ou les milieux familiaux, qui sont mécontents et avec eux toute l'artillerie lourde que sont les syndicats, ce sont les garderies subventionnées qui marchent pour une histoire d'inégalité des subventions ou qui exigent à tort, c'est aussi dire leur inconséquence, le limogeage d'un haut fonctionnaire. Ou alors ce sont carrément les partis de gauche - gauche juste dans ce dossier, car ils peuvent être de droite voire populistes dans d'autres comme celui de la charte des valeurs - qui montent au créneau... On voit bien que la société ou les parents sont maintenus loin des sphères de décision et ce n'est ni pour ni dans leur intérêt que se déclenchent ces hostilités. Et quand il s'agit de coupures budgétaires, ce sont toujours les enfants qui écopent, pour que soient préservées les couches supérieures réservées aux salaires.

Il est difficile de croire qu'un tel système admette une solution, car très complexe, aux équations aussi déroutantes qu'imprévisibles, très hyperstatique - où le nombre d'inconnues est très supérieur au nombre d'équations qui le caractérisent - et mal modélisé, en raison du brouillamini qui règne entre concepteurs, conçus, exceptions aux règles, exécutants, syndicats, partis, services, programmes, maternelles à 4 ans, associations, appels d'offres bâclés, manque de transparence dans le milieu familial, listes d'attente aux innombrables guichets uniques apparents ou non, etc..

Pourtant, à bien y réfléchir, il admet bien une solution et elle a le mérite d'être unique ainsi que d'appartenir au domaine de définition du problème qui n'est autre que l'ensemble des parents de notre société, concernés par cette problématique, et non pas les syndicats, les partis, les éducatrices, les associations et je ne sais qui d'autre:

Il faut remettre la subvention directement aux parents sous forme d'allocation pour achat de services de garde.

C'est ce que fait le gouvernement fédéral aujourd'hui et tout le monde est hyper content. Surtout les parents. Et l'on se demande pourquoi notre province s'est-elle égarée dans les chemins sinueux et ingérables que constituent les subventions de toutes sortes, octroyées selon les avis de comités consultatifs qui ne représentent pas vraiment tout le réseau?

Cette solution n'est que justice rendue aux parents. Et c'est ainsi que l'article premier de la loi sur les services de garde, qui n'a jamais été respecté par ses concepteurs même, le sera enfin, à savoir; donner le choix au parent. Le réseau sera enfin uniforme, homogène, juste et équitable. Seuls les critères des parents primeront et non plus ceux des institutions de garde.

Ceci ramènera le calme et la sérénité qui manquaient cruellement à ce réseau très instable et très clivé; garderies subventionnées, non subventionnées, CPE, bureaux coordonnateurs, milieu familial subventionné ou privé voire illicite. Y investir est aujourd'hui très risqué, en raison des changements perpétuels et inattendus qui l'accablent, car mal conçu à la base. Pour exemple, le ministère de la Famille avait pris la décision de lancer des appels d'offres pour les places subventionnées. Tout le monde pouvait y participer.

Mais voilà que le 24 octobre 2011, un appel d'offres de 15 000 places est lancé, mais cette fois-ci et sans crier gare, de nouvelles règles y ont été introduites. Règles qui éliminent d'office toutes les installations non subventionnées qui ont déjà obtenu un permis, mais qui permettent bizarrement à celles subventionnées d'y participer pour augmenter leur nombre de places. C'est comme si un arbitre de soccer, juste quelques secondes avant de siffler le coup d'envoi de la partie, annonçait aux deux équipes que les chauves, les gauchers, les non-moustachus et les Botswanais ne seraient pas admis à jouer. Inutile de préciser que les initiés, eux, se sont présentés tous droitiers, avec des cheveux plein la tête et des moustaches à la Nietzsche bien garnies et vous aurez deviné que le gardien de but de l'autre équipe était originaire du Botswana.

Et on ne parle pas des CPE, financés par l'argent du contribuable et favorisés par la subvention, qui surgissent juste en face de garderies non subventionnées, leur assurant ainsi une mort soudaine et certaine. Beaucoup ont disparu à cause de cette concurrence déloyale induite par l'argent du contribuable. On est aux antipodes de la lucidité et de la clarté du penseur économiste Frédéric Bastiat, grand défenseur de la libre concurrence, qui a bien dit : «détruire la concurrence, c'est tuer l'intelligence».

L'État doit sortir de ce bourbier qu'est la gestion et l'octroi de la subvention - une sorte de SubExit - et se consacrer à ce qu'il sait faire le mieux; la réglementation pour la mise à jour et l'amélioration des textes de loi, et la régulation pour ce qui est du nombre de places de telle sorte qu'il n'y ait ni trop ni peu de places à la disposition des familles. Veiller au grain. Et laisser les lois du marché gouverner la concurrence tout en aidant les familles. Naturellement, les syndicats qui abhorrent l'économie de marché, la libre concurrence et tout ce qui vient avec, verront en cette réforme qu'ils qualifieront d'immorale, une sorte de turpitude au service du privé, vu toujours comme un filou ou une sangsue. Crier au loup même s'il n'y en a pas, demeurera toujours leur fonds de commerce. Leur rêve c'est un État sans privé avec un gouvernement qui beurre épais quand il s'agit de subventions.

Au lieu de continuer à ferrailler inutilement avec les syndicats qui ne sont jamais satisfaits, ou avec des partis potentiellement négatifs à tout changement de cap, pour n'obtenir qu'un résultat à la Pyrrhus caractérisé par d'ahurissants coûts budgétaires, surtout ceux relatifs aux salaires, rappelant fortement une certaine URSS, star en son temps des subventions, qui s'est finalement effondrée sur elle-même, le gouvernement ferait mieux de convertir cette subvention en ce qu'elle était avant 1997; une allocation aux familles.

Margaret Thatcher avait dit: «Le problème avec le socialisme, c'est que, tôt ou tard vous êtes à court de l'argent des autres».

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