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Un tabarnak bien placé

Je suis pleinement conscient qu'il m'arrive, à l'occasion, de sacrer plus que ne peut le faire un prêtre le dimanche lors de sa messe.
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SrdjanPav via Getty Images

Au Québec, à défaut de nous consacrer à la prière, nous sacrons en ti-pépère!

Ce n'est pas que je parle mal, ou bien que je ne sais pas m'exprimer, ou bien que je manque de vocabulaire –qui n'en manque pas?-, mais un petit crisse ou bien un petit tabarnak bien placé, ça fait toujours du bien, et ça dit ce que cela a à dire, lorsque le sacre est utilisé au bon moment.

Ne pensons qu'à un bon coup de marteau sur le doigt; ne pensons qu'au petit orteil qui frappe le coin du lit lorsque la maison est plongée dans le noir; ne pensons qu'à notre réaction à la suite de l'annonce d'une perte d'emploi, et il est facile de comprendre, que lâcher un sacre de douleur est beaucoup plus libérateur –et instinctif que de dire saperlipopette!

Je suis aussi pleinement conscient qu'il y a un temps, des lieux et des personnes avec qui nous pouvons nous exprimer ainsi.

Je suis pleinement conscient qu'il m'arrive, à l'occasion, de sacrer plus que ne peut le faire un prêtre le dimanche lors de sa messe. Je suis aussi pleinement conscient qu'il y a un temps, des lieux et des personnes avec qui nous pouvons nous exprimer ainsi. Sans avoir peur d'être déplacé, vulgaire, et sans avoir peur que l'on nous étiquette et nous prête de mauvaises intentions.

Ayant des enfants, il m'arrive de m'autocensurer, puisqu'il faut bien montrer l'exemple à l'occasion, surtout lorsque nous sommes en position d'autorité.

Parlant de position d'autorité, - vous me voyez venir- cela me fait penser au merveilleux monde du travail. Allons, ne venez pas me dire que vous n'avez jamais entendu quelqu'un sacrer au travail... surtout si vous occupez une fonction de col bleu ou bien avez orbité autour de l'univers des cols bleus. Avant de m'égarer, j'aimerais immédiatement signaler que le langage familier et vulgaire n'est pas exclusif à cette catégorie d'emploi.

Revenons donc à nos moutons. Ainsi, nous avons tous été témoins auditifs de l'utilisation de termes catholiques en milieu de travail. Entre collègues, ça peut passer, mais lorsque ce langage est utilisé par notre supérieur, nous pouvons nous questionner. Comme je le mentionnais précédemment, un sacre bien placé au bon moment peut passer. Mais lorsque le sacre fait partie de nos communications courantes avec nos subordonnés, des problèmes se créent. Encore plus, lorsque ce supérieur doit faire respecter des politiques d'entreprise et doit prendre des mesures disciplinaires, tout en étant crédible, à l'endroit de ses employés qui sacrent à tout rompre, surtout en présence de clients.

Reprenons ce supérieur, qui blasphème à en faire de l'asthme, et qui se spécialise dans la création de néologismes blasphématoires.

Un jour, un poste convoité se libère et se présente à ce supérieur. Évidemment, sa première réaction se verbalise en disant : « tabarnak, ce poste est pour moi!» Personne ne se formalise ou développe une gastro-entérite en entendant le superviseur expirer ce genre de poésie.

Nous pouvons en échapper un, je peux le comprendre, mais utiliser délibérément 15 crisses, osties, ou tabarnaks dans une seule et même réponse, me laisse pantois.

Par contre, les oreilles me froissent, lorsque je mets mon chapeau de recruteur, et que j'entends ce même superviseur faire des accords verbaux blasphématoires à répétition en entrevue... Nous pouvons en échapper un, je peux le comprendre, mais utiliser délibérément 15 crisses, osties, ou tabarnaks dans une seule et même réponse, me laisse pantois.

Ce superviseur qui avait le meilleur profil et le plus d'expérience reliée à l'emploi, ne vient pas seulement perdre toutes ses chances –sans qu'il ne s'en aperçoive ou saisisse la raison, puisque cela fait partie de son discours-, mais vient aussi confirmer qu'il n'était pas préparé, qu'il n'est pas prêt pour ce type de responsabilité, et que son directeur actuel doit absolument travailler avec ce dernier sur certaines compétences douces .

Je mets ma main au feu que ce superviseur sacrera à la suite de l'annonce du refus; qu'il invoquera certaines paroles empruntées au catéchisme pour mettre la cause du refus sur mes épaules. Ici, comparativement à l'entrevue qui m'a laissé sans mot, je n'ai qu'envie de dire : « tabarnak, forces-toé un peu la prochaine fois! »

Avril 2018

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