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Êtes-vous vraiment contre le financement des syndicats?

Comment expliquer que Bob soit foncièrement en guerre contre les syndicats depuis le biberon tout en investissant la majorité de ses épargnes dans les fonds des travailleurs de ces mêmes syndicats?
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Naissant des revendications pour une gestion juste, saine et équitable des salariés et luttant pour un meilleur cadre législatif influençant directement le rendement des employés, les fédérations et les centrales syndicales ont modifié leurs approches ces dernières années. Effectivement, ils se sont de plus en plus orientés vers le rendement des actifs.

Est-ce que le Fonds de solidarité de la FTQ (1983) et le Fondaction de la CSN (1996) vous disent quelque chose?

Ces deux fonds de travailleurs, non exclusifs aux travailleurs couverts ou syndiqués avec ceux-ci, sont rentables; VRAIMENT rentables.

Du premier balbutiement syndical lié à la sécurité physique des travailleurs, l'intérêt premier du fond de ces travailleurs, comme celui de la CSN, est maintenant orienté vers la sécurité financière. Pour le Fondaction, l'objectif est clair: «créer et maintenir des emplois de qualité tout en contribuant à une économie plus performante, plus équitable et plus verte». C'est louable!

Tout comme l'est la mission du Fonds de solidarité qui «consiste à contribuer à la croissance économique du Québec en créant, en maintenant ou en sauvegardant des emplois au moyen d'investissements dans les entreprises de l'ensemble des secteurs d'activité de l'économie québécoise».

Marx et Engels doivent sûrement se débattre dans leur tombe.

Pour ou contre, enclin ou non, la présence syndicale au Québec se fait encore et toujours ressentir selon les dernières données du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Il y a encore près de 40 % des gens qui sont couverts par une convention collective. Pour ceux et celles qui l'ignoraient, au Québec, nous pouvons être couvert et soumis aux règles des conventions collectives, et ce, même si nous n'avons pas adhéré au syndicat.

En effet, selon les dernières données disponibles de l'Institut de la statistique du Québec de 2013: «on dénombrait 1 381 400 travailleurs salariés québécois couverts par une convention collective et de ce nombre, 1 268 800 ou 92 % sont membres d'un syndicat. Le taux de couverture syndicale, qui exprime la proportion de salariés couverts par une convention collective, se chiffre à 39,5 %, alors que le taux de syndicalisation s'établit à 36,3 %».

Pour la petite histoire, il est primordial de comprendre la formule Rand et le mécanisme de ce prélèvement de la cotisation syndicale à la source. Au Québec, cette formule concernant le prélèvement de la cotisation est devenue une obligation légale en 1977 à la suite de son introduction par le Parti québécois dans le Code du travail. Ce qui veut dire que tous les travailleurs d'une unité syndiquée (unité d'accréditation) doivent payer la cotisation syndicale, car tous bénéficient des conditions négociées par le syndicat s'appliquant à l'ensemble des salariés couverts par l'unité.

Autrement dit, même si vous êtes cruellement contre les syndicats et que vous ne voulez pas vous syndiquer ou contribuer au mouvement syndical, eh bien vous devez quand même cotiser! Ce qui permet au salarié de profiter des bénéfices et des gains que les syndicats peuvent faire. Nous sommes ici dans l'application intégrale du concept de resquilleur («Free Rider»): profiter du bénéfice collectif sans avoir levé le petit doigt. Toutefois, il faut aussi vivre avec les conséquences en cas de grève, lock-out ou tous griefs.

Comment expliquer que Bob soit foncièrement en guerre contre les syndicats depuis le biberon tout en investissant la majorité de ses épargnes dans les fonds des travailleurs de ces mêmes syndicats?

Pour ou contre cette pratique, le présent texte n'a pas la prétention de prendre position au sujet de l'ajout de l'intérêt financier des syndicats avec l'offre alléchante de leurs fonds, de la pertinence de la formule Rand, de la nécessité d'effectuer un prélèvement automatique collectif sur la paie ou du concept de resquilleur en relation de travail. Néanmoins, ceci ne nous empêche pas d'y réfléchir un peu!

On chiale contre les syndicats et l'influente machine syndicale à s'en péter les cordes vocales, pourtant ils sont toujours là depuis près de deux siècles.

200 ans à défendre les droits des travailleurs et à veiller à l'amélioration des conditions du travail. La législation québécoise en matière de droit du travail ne serait rien sans le mouvement syndical.

200 ans à encaisser les cotisations syndicales. Les fonds de réserves ont servi depuis les premières cotisations, mais les réserves ont surtout fructifié avec les intérêts et la stabilité des cotisants dans le temps. Ce que font les syndicats avec ces cotisations et la façon dont ils en disposent ne me regarde pas et ne m'intéresse pas vraiment. C'est réglementé, c'est surveillé et c'est administré. Ce qui m'intéresse vraiment est d'un tout autre ordre, j'y arrive bientôt.

Ce qui est intéressant se résume en très peu de mots. Quoique lent et peu prononcé, nous sommes néanmoins témoins d'un déclin de la couverture syndicale au Québec. Conséquemment, l'engrangement des cotisations syndicales suit la même courbe. Mais qu'avons-nous vu apparaître dans les années 1980 et 1990 lorsque le mouvement syndical commençait, pour une des rares occasions, à s'essouffler et à encaisser ses premiers reculs, donc à voir la masse des cotisations syndicales diminuer? Exactement! La création de fonds des travailleurs.

On chiale, on peste, on refuse de signer la petite carte. On véhicule ce comportement et partage ces messages à la maison. Combien de nos pères ont sacré à la maison et ont utilisé les mêmes mots que mon père envers ceux-ci: «les hosties de syndicats à marde»? Et ce p'tit cul à la maison qui abonde dans le même sens que son paternel sans trop savoir pourquoi.

Même si ce p'tit cul ne s'est jamais syndiqué et n'a jamais travaillé dans une entreprise syndiquée, le goût de l'argent est venu chatouiller ses papilles gustatives entretemps. Son idée paternelle sur l'existence des syndicats n'a pas changé d'un iota. Ce p'tit cul devenu travailleur a un passé historique qui m'est bien connu. Pourtant, en discutant avec celui-ci sur le fond de pension de sa compagnie, du programme de REER offert par celle-ci et des quelques conseils SMarT sur son boni, il glisse sur les avantages des fonds de Fondaction et du Fonds de solidarité.

Comme je vous le disais précédemment, ce qui m'intéresse vraiment, ou plutôt m'impressionne vraiment ici, est de constater, au fil de mes échanges avec des syndiqués ou des non syndiqués, à quel point on peut être ignorant, que dis-je, volontairement ignorant lorsque cela fait notre affaire!

Sinon, comment expliquer que Bob soit foncièrement en guerre contre les syndicats depuis le biberon tout en investissant la majorité de ses épargnes dans les fonds des travailleurs de ces mêmes syndicats?

À défaut de signer la carte, on signe le chèque ;-)

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