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J’aime ne pas t’écouter parler

Parfois, prendre 5 minutes pour tenir une rencontre un à un n'est peut-être pas une si mauvaise chose.
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Klaus Vedfelt via Getty Images

Parler pour parler; parler pour ne rien dire; parler pour ne pas laisser parler; parler à des gens qui ne comprennent rien lorsque l'on parle, surtout parce qu'ils ne veulent rien comprendre et ne pas écouter; ou bien parler en croyant dur comme fer que cette fois-ci le message a passé et que tout le monde a compris. Compris de la même façon, et surtout, de la façon dont nous voulions nous faire comprendre.

Ça vous dit quelque chose? Ces états de fait vous sont probablement très familiers si vous êtes gestionnaire. Toutefois, il n'y a pas que les bons et les mauvais gestionnaires d'un côté, et les bons et mauvais employés de l'autre côté. Il y a aussi toutes sortes de relations positives et négatives qui surviennent, se développent, culminent et aboutissent entre le ou les employés et le gestionnaire. Au cœur de ce débat : la communication.

En délectant les commentaires bancals des joueurs de hockey du Canadien de Montréal, à la radio, après une énième défaite, quelque chose s'est immiscé dans mon oreille, et je me disais qu'il était impossible d'avoir entendu ce que je venais d'entendre. Puisque ni les commentateurs, ni les journalistes, ni les analystes ne semblaient réagir. Personne ne semblait s'en faire. Pire, tout le monde semblait l'accepter. Mais ça me semblait tellement difficile à accepter, à moins que l'on nous prenne vraiment pour des imbéciles, que la seule explication logique qui m'est eu permis de penser, était le fait que personne n'écoutait celui qui parlait, ou bien si on écoutait, on ne comprenait pas et on n'y portait que très peu d'attention.

Comme à son habitude, le Canadien dormait au gaz lors du commencement de la première période l'autre jour, et a connu un certain regain d'énergie, en sautant sur la glace, à son retour du premier entracte. À la fin de la partie, comme à son habitude, les journalistes envahirent le vestiaire de l'équipe, et à tour de rôle, les joueurs paradèrent devant les micros des journalistes.

Peu importe le journaliste, les questions demeurent essentiellement les mêmes. Peu importe le joueur, les réponses demeurent interchangeables. Mais dans les faits, la défaite de l'autre jour m'a prouvé le contraire.

Un premier journaliste pose ses questions et parmi celles-ci s'en trouve une qui se formule ainsi : « que vous êtes-vous dit dans le vestiaire, entre la première et la deuxième période, pour que vous puissiez revenir aussi fort en début de deuxième période ?» Le joueur donne sa réponse. Les analystes, à la radio, échangent sur les réponses.

Les analystes, à la radio, échangent sur les réponses. Je commence à sourciller.

La scène se poursuit entre un second journaliste et un second joueur qui, de toute évidence, n'a pas écouté les réponses du 1er joueur. Étonnamment, parmi l'ensemble des possibilités de formulation de question, le second journaliste formule la même question que ci-haut formulée. Le joueur donne sa réponse. Les analystes, à la radio, échangent sur les réponses. Je commence à sourciller.

Aussi incroyable que cela ne puisse l'être, la scène se reproduit une troisième fois, et là, je ne fais pas que commencer à sourciller, je les immobilise d'étonnement.

La même question a été posée à trois reprises à trois joueurs différents, ayant assisté au même discours du coach, pourtant, aucun des trois joueurs interviewés n'a donné la même réponse. Au point de se demander s'il était bien présent dans le vestiaire.

Ici, un discours, et trois compréhensions et interprétations différentes. À ces différences, s'ajoutent trois explications différentes face aux journalistes. Réalisant ceci, ne soyons pas surpris du piètre résultat sur la glace, puisqu'aucun de ces 3 valeureux gaillards n'a appliqué les recommandations de l'entraîneur de la même façon.

Pourtant, ils sont payés des millions. Pourtant, ils sont entourés de professionnels, d'entraîneurs, et d'adjoints en gestion de ceci et en gestion de cela. Chose certaine, personne ne comprend la même chose.

Laissons les millions de côté et imaginez-vous maintenant, à titre de nouveau gestionnaire ou de gestionnaire expérimenté, au sein d'une équipe de travail où tout va de travers. Vous y êtes? Maintenant, reportez-vous aux trois joueurs ci-haut mentionnés et prenez-les plutôt comme des employés auxquels vous devez vous adresser lors d'une réunion.

Ce n'est pas parce que les gens hochent de la tête, par approbation, même après avoir posé 4 fois la question, à savoir si tout était clair, qu'ils comprennent et retiennent ce qui devait être compris et retenu dans les faits.

Parfois, prendre 5 minutes pour tenir une rencontre un à un n'est peut-être pas une si mauvaise chose. En plus de vous assurer un peu plus que vos employés vous comprennent, vous contrôlez aussi le message véhiculé, par l'ensemble des employés, en dehors des 4 murs de votre entreprise. Si cela peut prévenir les situations dichotomiques semblables à celle précédemment décrite, pourquoi pas?

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