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Il faut souffrir pour trouver un emploi

Se chercher un emploi, c'est se remettre en question sans cesse. C'est tenter de comprendre sans avoir de réponses, tout en poursuivant les interminables postulations, les recherches incessantes et la préparation qui s'en suit.
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Se chercher un emploi, c'est sourire, alors que c'est pourtant la dernière chose que l'on a bien envie de faire.
Frank and Helena via Getty Images
Se chercher un emploi, c'est sourire, alors que c'est pourtant la dernière chose que l'on a bien envie de faire.

C'est en ayant les deux pieds dans la merde que l'on doit prendre des décisions et faire des actions pour s'en sortir.

Plutôt qu'être sur l'assurance-emploi, nous choisissons de travailler. Rien ne nous y oblige et pourtant, nous choisissons de nous lever tous les matins et de répéter la routine. Nous pourrions déjouer le système, mais quelque chose nous empêche de le faire. Donc, on travaille pour vivre, et certains d'entre nous ont l'impression de vivre que pour le travail.

Que sommes-nous sans travail? Qui devenons-nous lorsque l'on perd son emploi?

Dans le merveilleux monde du travail, la vie se résume en très peu de choses en entrevue, et c'est encore plus bref sur un CV. Le pire, c'est que de ce simple résumé — comparable au résumé d'un film que nous retrouvons sur l'endos des pochettes de films —, dépend notre avenir professionnel et nos chances de décrocher un emploi.

Chercher un emploi, c'est devoir et savoir faire preuve d'humilité.

Se chercher un emploi, c'est souffrant!

Chercher un emploi, c'est stressant et cela demande une gestion de stress incroyable. Mets ça dans ta grille d'analyse, mon bon recruteur, avant même de me poser ta question sur la façon dont je réagis et gère mon stress. Se faire licencier à 20 ans, c'est une chose, mais se faire licencier à 37 ans avec deux enfants et une femme, des factures et une hypothèque, des recruteurs qui appellent et qui ne rappellent pas, et des entrevues à répétition avec des processus qui s'étendent dans le temps, c'est une autre chose.

-Quand le mandat débute-t-il?

-Aussi tôt que possible!

-Très bien, je suis disponible dès maintenant et je peux vous rencontrer à votre convenance.

- Nous aurons un entretien téléphonique dans un premier temps. Ensuite, dans l'éventualité où nous retenons votre candidature et que nous la soumettons au gestionnaire responsable, selon ses disponibilités, nous allons planifier une première entrevue en personne avec la gestionnaire la semaine prochaine. Une seconde entrevue sera à prévoir quelque part la semaine suivante. Finalement, un test psychométrique, une prise de référence et une étude sur les antécédents criminels devront évidemment être complétés.

Un «aussi tôt que possible» de trois semaines, ça vous dit quoi?

D'autant plus, que dans la plupart des entrevues, le recruteur et le gestionnaire posent toujours des questions sur le sens de l'urgence et sur la façon de gérer diverses priorités et tâches dans le temps. Nous devons toujours répondre que nous sommes au-dessus de nos affaires et que nous gérons notre temps à la perfection. Nous devons les convaincre, d'abord sur ce point, et ensuite, les réconforter à l'aide de divers exemples.

Pendant ce temps, je réfléchis toujours à la période d'affichage de quatre semaines qui a été respecté à la minute près, et ce, même si 14 candidats parfaits avaient déjà postulé après 48 heures. Je réfléchis aussi à l'intervalle de trois semaines pour les diverses entrevues, ainsi qu'à la période de grâce avant le début de l'emploi.

Pendant que je pense à l'éternité que représente cette période de temps, je dois aussi penser au choix de mes exemples pour démontrer que j'ai été confronté plusieurs fois à gérer des mesures d'urgence qui demandaient des actions urgentes et immédiates et non trois mois plus tard. Le tout, avec un sourire évidemment, puisque nous sommes en entrevue.

Se chercher un emploi, c'est se remettre en question sans cesse. C'est tenter de comprendre sans avoir de réponses, tout en poursuivant les interminables postulations, les recherches incessantes et la préparation qui s'en suit.

Se chercher un emploi est un emploi à temps plein. C'est se demander s'il n'avait pas été préférable de dire oui, malgré tous les inconvénients.

Se chercher un emploi, c'est l'insécurité. Se chercher un emploi, c'est frustrant, et davantage lorsque nous aimions notre emploi précédent.

Se chercher un emploi, c'est avoir le sentiment de s'abaisser et de parfois devoir se faire la part belle uniquement pour plaire.

Parfois, c'est aussi espérer secrètement que le recruteur ne rappelle pas, puisque nous sommes amenés à comparer et rencontrer tellement de gens avec qui nous ne voulons pas travailler.

«Avec quel type de personnalité avez-vous plus de difficulté à travailler?»

Avec quelqu'un comme toi, justement, et ceci malgré le fait que je te suis reconnaissant de m'avoir contacté... mais, se chercher un emploi, c'est quand même savoir concéder, faire des compromis et des sacrifices, et surtout savoir se la fermer quand il le faut.

Ainsi, se chercher un emploi, c'est sourire, alors que c'est pourtant la dernière chose que l'on a bien envie de faire.

Se chercher un emploi, c'est apprendre à être patient.

Selon les données de Statistique Canada du mois de février 2019, nous sommes actuellement tout près de 240 000 chercheurs d'emploi à nous sentir comme ceci, sans parler de tous ceux qui rêvent de changer d'emploi et qui se limitent à rêvasser puisqu'ils n'ont surtout pas envie de se sentir comme cela.

Se trouver un emploi, c'est un soulagement, ça enlève réellement un poids de ses épaules. Ici, nous pouvons dire que le travail est bon pour la santé...

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