Alors que nous quittons le Japon, comment croire que c'est il y a seulement un peu plus d'une semaine que nous donnions le premier concert de cette tournée? En neuf jours, nous avons traversé le Japon à bord d'autobus et de trains, allant même jusqu'à trouver un typhon sur notre route et lui survivre! C'est avec grand bonheur que nous avons fait l'expérience de la culture japonaise, tout en offrant la nôtre aux mélomanes. J'ai récemment partagé ici mes impressions sur ce qui m'a semblé distinguer et rendre uniques les différentes salles et villes où nous avons joué. Notre dernier concert a pris place à Sapporo, sur la scène de la Kitara, avec son orgue imposant et son acoustique superbe. Ce concert a été particulièrement réussi, et cette salle entièrement lambrissée de bois, au design rappelant celui de la Philharmonie de Berlin, s'est immédiatement transformée en coup de cœur pour l'Orchestre.
Cette tournée se distingue de certaines autres - en Europe ou en Amérique du Sud, par exemple - par le fait que la plupart des salles japonaises sont relativement récentes, leur construction datant fréquemment des années 80 ou 90. Alors que les grandes salles européennes impressionnent par leur importance historique, nous avons trouvé ici des architectures innovatrices et des acoustiques planifiées avec grand soin, dans des lieux aux espaces et aux ambiances résolument modernes. En dépit de leur construction récente, plusieurs salles du Japon ont déjà une riche histoire et de remarquables propriétés sonores. Avant que la Maison symphonique de Montréal ne soit construite, les musiciens de l'OSM étaient convaincus que toutes ces salles étaient supérieures à la nôtre. Ce sentiment a même perduré jusqu'à la fin de notre dernière tournée ici en 2008. Mais cette fois, plusieurs de mes collègues musiciens m'ont confié avoir vécu cette tournée dans un nouvel état d'esprit, qui les verra retrouver avec bonheur notre nouvelle salle, lorsque cette tournée aura pris fin.
J'ai également fait mention du rythme effréné de nos déplacements. Sept concerts en neuf jours: voilà qui représente tout un défi, pour un groupe aussi nombreux, mais notre périple s'est fait dans la meilleure des humeurs. J'ai constaté avec joie que plusieurs d'entre nous ont su goûter les panoramas, les sons et les saveurs, tout en assurant à chaque concert un haut niveau d'interprétation. Voilà qui témoigne de la qualité et de l'intégrité professionnelle des musiciens de l'OSM.
Combien de fois avons-nous joué chaque œuvre figurant au répertoire de cette tournée? Au moins quelques fois chacune et certaines plus souvent que d'autres. Mais chaque occasion de rejouer une oeuvre nous offre l'opportunité précieuse de lui donner une énergie renouvelée, de peaufiner son style d'interprétation et de lui apporter un plus grand raffinement. Nos publics au Japon ont manifesté chaleur, courtoisie et enthousiasme, et nos intermédiaires et organisateurs de concerts là-bas ont fait preuve d'une efficacité et d'un professionnalisme sans faille.
Alors que nous disons au revoir au Japon, j'ai la conviction que la musique nous ramènera bientôt dans ces salles, où nous avons développé des liens solides et durables avec les mélomanes au fil des années.
Mais d'abord, pour la première fois dans l'histoire de l'OSM, nous allons nous rendre en Chine, pour y donner deux concerts aux programmes cette fois complètement différents. Ainsi, nos concerts à Pékin et à Shanghai seront composés exclusivement d'œuvres de Richard Strauss. Nous avons choisi cette année la musique de Strauss pour honorer la mémoire de feu Franz-Paul Decker, ancien chef de l'OSM dont les interprétations de ces œuvres lui ont valu notoriété et grand respect. C'est d'ailleurs lui qui dirigeait l'OSM lors de sa venue en Asie en 1970.
Dans cet esprit, nous sommes honorés de pouvoir faire découvrir au public chinois cette grande tradition ainsi que le Québec lui-même, à travers la personnalité sonore unique de l'OSM, et cela pour la toute première fois.
La tournée de l'OSM en Asie
