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Ce que j'ai appris après 15 ans passés à élever des garçons

Je vous prie, encore une fois, de bien vouloir excuser mes généralisations. Bien sûr, les mères de garçons ne connaissent pas nécessairement tout cela, et beaucoup de mères de filles s'y sont probablement reconnues...
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Le début

Jack avait six semaines quand j'ai vraiment compris que j'étais la mère d'un garçon et que je ne pouvais plus faire marche arrière. Mon mari devait aller à Miami pour un voyage d'affaires et son patron avait (très gentiment) suggéré que je l'accompagne avec le bébé, pour changer d'air. Quelle super idée! Après trois jours et nuits sans dormir, je suis rentrée sans mon mari, un bébé grincheux dans les bras. Dans l'avion, j'ai eu droit à la totale : je l'ai nourri, je lui ai fait faire son rot, il a vomi dans mon cou et a rempli plusieurs fois sa couche (pour l'instant, rien de bien spécifique à un nourrisson mâle). Nous sommes rentrés en taxi, toutes fenêtres ouvertes, couverts l'un et l'autre de fluides corporels divers.

Je lui ai retiré son cache-couche souillé en le maintenant d'une main sur la table à langer et en cherchant une couche à tâtons de l'autre. C'est là que j'ai entendu un bruit bizarre, comme des glouglous. J'ai levé la tête. Il urinait et son jet formait un bel arc de cercle jusque dans sa bouche. Ça le faisait gargouiller. Un exploit physiologique impossible pour une fille, même la plus douée. Premier instant inoubliable pour les mères qui ont des garçons.

Je ne suis vraiment pas sexiste et je n'aime pas véhiculer des stéréotypes. Je me force à éviter de penser que mes fils refuseront de porter ce t-shirt rose, ou que mes nièces n'aimeront pas assister à un rallye de «monster truck» (elles en raffolent). Mais cela fait maintenant quinze ans que je suis maman de garçons, et certaines choses me paraissent évidentes.

Deuxième moment inoubliable pour les mères qui ont des garçons

En 2007, j'étais devant notre nouvelle maison avec mes deux jeunes fils. Je leur ai montré le petit rosier, près de la porte, et demandé sur un ton enjoué : «Elles sont jolies ces fleurs, non?» «Ouais», a répondu Jack (sept ans). Après quelques secondes de silence pendant lesquelles nous avons admiré la beauté de la nature (croyais-je), il a ajouté : «Je me demande combien de temps elles mettraient à mourir si je faisais pipi dessus». Une fille aurait-elle fait ce genre de commentaire? Ce n'est pas impossible, mais très improbable. Je n'arrive même pas à imaginer que l'une de mes quatre nièces me ferait la même remarque.

Tout sert de pistolet

Au début, vous vous dites : «Je ne vais quand même pas leur acheter des pistolets en plastique. Je ne veux pas qu'ils se disent que les armes à feu sont des jouets.» Et puis vous voyez qu'ils en construisent avec des Lego, avec leurs circuits automobiles, avec des rouleaux de papier hygiénique... Bref, avec tout et n'importe quoi. C'est là que votre grand-oncle Ivan leur achète un fusil en plastique. Votre belle-mère fronce les sourcils quand vous émettez des réserves parce que ses fils ont joué avec et qu'ils n'en sont pas morts. La preuve : j'ai épousé l'un d'eux. Vous capitulez dans un soupir tandis que votre enfant court menacer le chien.

Les blagues sur le zizi

Les garçons éprouvent généralement un plaisir inné et profondément ancré à faire de l'humour douteux et déplacé. Oh oui, je sais bien que ça n'est pas réservé à la gent masculine. Moi aussi j'aime ça (je pourrais regarder et écouter Melissa McCarthy et Amy Schumer toute la journée) mais, au risque de faire du «féministement incorrect», j'affirme ici que les garçons sautent généralement plus volontiers sur l'occasion de faire une blague salace.

Par exemple, mon Charlie, à huit ans :

Charlie : «Tu veux que je te raconte une blague de mauvais goût?»

Moi : «Euh, pourquoi pas. Mais de mauvais goût comment?»

Charlie : «Un monsieur a un accident de voiture. A l'hôpital, le médecin dit : 'Bon, tout va bien, sauf votre zizi. On va devoir le changer. Heureusement pour vous, on sait comment faire. Ça va vous coûter 1 000 $ par centimètre. Rentrez chez vous, parlez-en avec votre femme, et revenez nous voir demain.'»

«Le lendemain, le monsieur revient. Le docteur lui dit : 'Alors, vous avez vu avec votre femme? Vous voulez combien de centimètres?'»

«Le monsieur répond» : 'En fait, on ne va pas prendre un nouveau zizi. On va plutôt refaire la cuisine.'»

Une pause. Charlie, tout fier, me fait un grand sourire.

Moi (ne sachant s'il faut en rire ou en pleurer) : «Où as-tu entendu ça?»

Charlie : «À la radio.»

Moi : «Ah bon? Où ça?»

Charlie : «Chez papi. L'autre fois.»

Moi : «Et tu as compris?»

Charlie (après une pause) : «Pas vraiment.»

Alors, je lui ai expliqué.

Les filles

Eh oui, être mère de garçons implique qu'on aura droit à leurs commentaires sur la gent féminine. Quand ils sont grands, on en entend moins, mais on peut observer leur comportement. Et lorsqu'ils sont petits, qu'ils n'ont pas encore compris que nous sommes des vieux débris complètement dépassés, ils aiment bien nous faire part de leur avis sur la question.

Charlie, à neuf ans : «Tu sais, maman, je voulais pas de copines, mais ça s'est fait comme ça et j'ai dit OK. En fait, c'est plutôt sympa.» (Rappelez-moi, comment on arrête le temps, déjà? Ah oui, on ne peut pas.)

Il y a peu de temps, une de nos amies est venue avec sa fille de 15 ans. Nous avons été étonnés de voir Jack (même âge) passer une bonne partie de l'après-midi à nettoyer sa chambre à fond en nous criant de nous y mettre aussi parce que «c'est vraiment le bordel dans cette maison!» Comme il a l'habitude de laisse traîner ses trophées de sport sur l'armoire, telle de charmantes porcelaines, on peut lui faire confiance. Notre fils, celui qui est tellement écolo qu'il fabrique du compost avec les déchets qui se sont accumulés sur son bureau, pense que notre maison n'est pas accueillante? Vite, à nos balais!

La franchise

Ça n'a rien de typiquement masculin, mais je me sens obligée d'en parler. Mes fils n'y vont vraiment pas par quatre chemins. Il y a quelque temps, je me suis acheté une paire de très jolies espadrilles (enfin, à mon sens) à semelle compensée. En les voyant, Jack a eu une réaction spontanée (du genre : «Ça me désole que tu les trouves belles, et je pense que tes amies partagent mon point de vue»). Quand j'ai la faiblesse de les mettre pour sortir, la distance physique qu'il met entre nous me rappelle ce qu'il en pense. Heureusement qu'on a des enfants! Sinon, on chanterait à tue-tête avec la radio, on danserait comme des fous aux mariages... Bref, on profiterait de la vie dans un ridicule assumé.

En tant qu'auteur de livres culinaires, j'ai vraiment besoin de savoir ce que mes fils pensent de ce que je prépare. Et si vous levez les yeux au ciel, vous avez bien raison. La plupart des enfants se sentent autorisés à exprimer ce qu'ils pensent de notre cuisine, mais mes fils en ont fait une mission sacrée. Pour mon bien. Parfois, ils adorent ce que je fais. Mais il ne se passe pas une semaine sans qu'ils accusent un de mes plats (généralement à base de chou) d'être tellement mauvais qu'il traumatiserait tous les enfants du pays. J'ai aussi droit à de nombreuses plaintes sur l'absence de bons trucs à grignoter chez nous. Jack fait souvent remarquer qu'une professionnelle de la cuisine devrait se souvenir d'acheter des chips de tortilla. Où avais-je la tête?

Les bobos

Parents de garçons, je vous le dis : vous vous retrouverez un jour aux urgences, c'est presque certain. Si l'un des autres parents d'élève est orthopédiste, essayez de vous en faire un ami. Bon, seulement si c'est quelqu'un de bien, évidemment. Nous avons deux amis, l'un orthopédiste infantile et l'autre chirurgien plastique infantile. Parfois, on ne sait pas lequel des deux appeler en premier. Notamment quand notre enfant se dit que ce serait une bonne idée d'être debout sur une chaise de bureau pendant que son frère le propulse à pleine vitesse. Que de choix à faire...

Autre pratique à laquelle j'ai dû m'habituer : ils ne prennent pas forcément leur équipement de hockey pour y jouer. Ils peuvent aussi bien rester dehors à se taper dessus jusqu'à ce que l'un (Charlie) se mette à pleurer. Ah, et j'ai dû me faire à l'idée que je ne suis pas une mauvaise mère quand je demande à mon mari s'il veut parier sur le nombre de minutes qui s'écouleront avant les premiers cris. Faire un petit geste de victoire quand on a deviné juste (avant d'aller au secours du blessé) est également toléré.

La faim

On sait tous qu'un adolescent mange des quantités astronomiques de nourriture. Les recettes qui annoncent «pour huit personnes» sont trompeuses. Il faudrait dire «pour huit personnes normalement constituées OU quatre ados». Un jour, j'ai testé une recette de nouilles chinoises et j'en ai fait une pleine marmite pour les amis de mes fils. Après le repas, je leur ai demandé ce qu'ils en avaient pensé, sur une échelle de un à dix. Max, un copain de Jack, a sorti : «Je mettrais cinq, parce que j'en ai repris cinq fois». Faut-il préciser que Max n'est pas très bon en maths? Pour manger, en revanche, il est très doué. Je l'ai déjà vu avaler six sandwichs. APRÈS avoir dîné.

AXE

J'ai vu mes amies se battre avec leurs filles à propos de la quantité de maquillage autorisée, ou de l'âge auquel elles ont le droit de se raser les jambes. Mais si vous n'avez pas de fils, vous n'avez peut-être jamais entendu parler d'AXE. C'est une marque de déodorants pour hommes, de ceux qui vous décrochent les poils de nez. Imaginez : un cocktail de testostérone, d'herbicide et de désodorisant pour taxi. Appliquez le mélange sur une aisselle pleine de transpiration. Sans oublier que ces mixtures répondent aux doux noms d'Anarchy, Fresh Excite, Armor ou encore Cool Metal. L'autre jour, Charlie se mettait du déo. Je lui ai demandé s'il pensait vraiment en avoir besoin, du haut de ses douze ans. «Mais j'aime l'odeur. Ça fait 'teuf', tu ne trouves pas?»

Ah oui, pardon. Mea culpa.

Je vous prie, encore une fois, de bien vouloir excuser mes généralisations. Bien sûr, les mères de garçons ne connaissent pas nécessairement tout cela, et beaucoup de mères de filles s'y sont probablement reconnues. Il est même possible que je perpétue des stéréotypes, et ce n'est pas du tout ce que je souhaite. Mais je connais très peu de familles de filles où un gros pet lâché en plein repas ou au milieu d'un film émouvant devient le truc le plus drôle depuis l'invention... des déodorants AXE, probablement!

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Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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