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Mon féminisme optimiste, à l'heure des médias sociaux

Comme des millions de femmes, Kelly Oxford a été dégoûtée par les propos misogynes de Donald Trump, révélés par la vidéo datant de 2005. Elle ne pensait pas récolter ce tsunami d'aveux, cette déferlante de confessions, ce mouvement social où les femmes brisent le silence, les tabous et la honte.
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Il y a, ces derniers jours, un alignement d'étoiles, une nébuleuse, une convergence de sujets à saveur féministe. J'adore ça, je dois l'avouer. Quand l'espace public est soudainement envahi d'articles, de tweets, de commentaires qui visent à faire avancer l'égalité entre les sexes et/ou lutter contre le sexisme ordinaire; je me réjouis. J'y vois le progrès en marche. J'y vois l'espoir, avec un grand E. Les choses sont loin d'être parfaites, entendons-nous, mais les aberrations sexistes ne sont plus tues. Elles ne sont plus vécues dans la honte, l'isolement, la peur. Elles n'appartiennent plus «à la sphère privée», ou à l'histoire individuelle de ces femmes victimes d'agressions. Non, elles sont reliées entre elles et dénoncées comme faisant partie d'une culture, justement nommée ces dernières années «culture du viol».

Les femmes, et beaucoup d'hommes avec elles, ces jours-ci, parlent, dénoncent, s'insurgent. Bien des acquis féministes ont marqué le 20e siècle; l'égalité des droits, l'accès à l'éducation, au marché du travail, à la contraception. C'était fondamental. Les grandes batailles ont eu lieu, mais la guerre n'est pas encore gagnée. Les mentalités, c'est long à changer, pas mal plus long que la rédaction d'un article de loi. Et à mon avis, c'est là que les innombrables échanges et partages qui découlent de l'utilisation des médias sociaux vont être fort utiles aux femmes, mais aussi aux autres, minoritaires.

#notokay

L'auteure canadienne Kelly Oxford a reçu plus de 10 millions de tweets avec le hashtag #notokay où les femmes témoignent d'agressions sexuelles qu'elles ont subies. 10 millions en une seule journée! Comme des millions de femmes, Kelly Oxford a été dégoûtée par les propos misogynes de Donald Trump, révélés par la vidéo datant de 2005. Elle ne pensait pas récolter ce tsunami d'aveux, cette déferlante de confessions, ce mouvement social où les femmes brisent le silence, les tabous et la honte.

La voix des femmes a longtemps été muselée. Aujourd'hui, plus personne ne pourra les faire taire.

Les femmes ont cette particularité depuis des millénaires; elles parlent. Elles se confient les unes aux autres. Elles tirent de ces échanges la force morale pour affronter l'adversité, les petites et grandes violences du quotidien. Combien de fois dans mes lectures sur la misogynie des lettrés de l'Antiquité, du Moyen-âge et de l'Époque moderne ai-je lu cette invective des hommes envers le «placotage» des femmes! Comme ils ont voulu les faire taire, ces femmes, qui osaient critiquer leur sort, par ailleurs fort peu enviable. Par tous les moyens, les hommes se sont approprié le discours, les écrits et toutes les sphères du pouvoir. La voix des femmes a longtemps été muselée. Aujourd'hui, plus personne ne pourra les faire taire. Même les Trolls sur les réseaux sociaux qui déversent leur fiel n'arrivent pas à faire taire la masse désormais trop nombreuse des femmes qui ne veulent plus subir insultes et injures. Leur tactique d'intimidation sont elles aussi dénoncées.

À l'heure d'internet et des médias sociaux, tous ceux qui profitaient de l'ombre, qui imposaient leur bon vouloir et terrorisaient en toute tranquillité voient émerger une nouvelle ère, une ère baignée des lumières de l'authenticité. Tout peut aujourd'hui être filmé, photographié, enregistré. Tout écrit laisse une trace numérique. Les minoritaires ne sont plus isolés; ils partagent leur vécu, ils s'épaulent, ils luttent avec humour et intelligence.

Donald Trump s'est défendu en parlant de «propos de vestiaires», comme si le fait qu'ils se soient déroulés en privé, entre hommes, le dédouanait d'une quelconque manière! Il est réjouissant aujourd'hui de constater que de nombreux hommes réagissent sur les médias sociaux en dénonçant de tels propos et refusent d'être associés de facto à de tels agissements. Tous les hommes, heureusement, ne se comportent pas comme des goujats lorsqu'ils se retrouvent entre eux, dans des vestiaires ou ailleurs, ne parlent pas des femmes comme de simples objets ou proies dont ils pourraient simplement se saisir.

Je déteste Trump, il me donne mal au cœur. Pas seulement parce que c'est un misogyne, mais aussi parce que c'est un narcissique, un populiste et un ignare. L'écouter me déprime profondément. Mais comme je suis une optimiste, voici ce que je souhaite. Je souhaite que cet être abject ait contribué à l'avancement du féminisme. Je souhaite que ses propos dégradants sur les femmes aient provoqué un mouvement de dénonciation sans précédent, qui ne s'arrêtera jamais et qui, à terme, aura changé la culture. Enfin, je souhaite que les électeurs américains, assez écoeurés par lui et ses semblables, élisent la première femme présidente; Hillary Clinton et que les deux chambres des représentants tombent aux mains des démocrates. Si ce scénario se concrétisait, cette première présidente pourrait ainsi accomplir de grandes choses; faire de son mandat une réelle occasion de changements. Si ce scénario se concrétisait je pense que je dirais Merci, M. Trump!

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