Parmi les nombreuses choses que je pourrais évoquer de Montréal et de mes expériences, j'ai choisi de parler ici de la transformation de l'apparence de la ville en fonction des changements de saisons. Les couleurs des rues et de la ville en général, en sont de bons indicateurs.
Mais il faut que j'ajoute, entre parenthèses, que c'est la température ressentie qui semble en être le vrai marqueur. Néanmoins, on ne peut pas ignorer les couleurs de chaque saison qui embellissent Montréal.
À la première semaine de septembre, j'étais accueillie par le beau temps pendant la journée et un froid léger la nuit. C'était la période de transition climatique de l'été à l'automne. Je me souviens d'avoir été obligée de porter un manteau léger à peine une semaine après mon arrivée au pays.
Mais ce changement de température ne m'a pas surprise autant que le changement graduel de la couleur des feuilles partout à Montréal et au pays. Tandis que je m'habituais au rythme de mes études, j'étais reconnaissante de la nouveauté dans ma vie et, surtout, de la beauté de la ville. J'ai été touchée par les couleurs rouge, jaune, bleu, marron, vert et orange qui décoraient les arbres.
Il me semblait qu'un «Montréal multicolore» détonnait du reste du monde, bien qu'il s'agisse de couleurs communes à l'automne dans les régions froides du monde. Puisqu'à Delhi, ma ville natale, on assiste à une transformation soudaine du vert au marron, puis à la disparition des feuilles, être au milieu de ces couleurs diverses était étrange et amusant. Le Mont-Royal, décoré par ces couleurs, ressemble à une toile décorant le centre-ville à l'arrière de l'Université McGill.
Je parcourais les rues couvertes de feuilles multicolores et, tout à coup, j'ai découvert que les rues se tapissaient de neige. En un clignement d'oeil, la ville était devenue blanche!
Lors de ma deuxième année de francisation, nous avons lu le fameux recueil de nouvelles de Monique Proulx, Les Aurores montréales, dont le premier texte «Gris et blanc» me paraît vraiment pertinent.
Nous, les gens qui venons des pays tropicaux, nous identifions à la surprise du personnage principal, un jeune garçon latino-américain ayant immigré avec sa famille à Montréal. Dans sa lettre adressée à son chien Manú, qui demeurait encore dans son pays d'origine, le jeune garçon décrivait sa nouvelle vie, notamment la beauté de l'hiver. Il dit: «La beauté, Manú. La beauté blanche qui tombait à plein ciel comme tu n'as pas idée, absolument blanche partout où c'était gris».
Oui, je suis d'accord avec lui. C'est vraiment beau! Je me souviens être sortie de ma résidence juste pour observer les premiers flocons de neige, même s'ils étaient encore trop peu nombreux pour saisir l'instant avec mon cellulaire. La beauté de l'hiver est accentuée par les lumières artificielles; le soleil se couchant tôt à cette époque de l'année. L'obscurité est camouflée par le chatoiement des lumières artificielles sur la neige fraîche immaculée. D'ailleurs, on se retrouve souvent face à ce dilemme: marcher dans la neige fraîche ou choisir de la laisser intacte. Bien qu'il soit aussi amusant de jouer dans la neige que de la laisser intacte, la marche du retour à la maison laisse place à l'admiration des expériences sensorielles que nous offre la ville.
En avril, les tempêtes de neige se succèdent, comme à chaque année. Au moment où l'on pense que le printemps est arrivé, on voit apparaître par la fenêtre un nouveau banc de neige. Malgré l'arrivée du printemps en avril, on ne le perçoit réellement qu'en mai, lors du dégel et, surtout, dans l'attente des petites feuilles d'un vert tendre et des premiers bourgeons. Ça, c'est la partie la plus jolie et surprenante. En moins d'une semaine, la température grimpe et la ville redevient verte! Les arbres prennent vie avec leurs nouvelles feuilles et les fleurs apparaissent. Montréal redevient multicolore!
Avançons dans le temps jusqu'à juin, le mois marquant le début de l'été, une saison que l'on attend avec enthousiasme. Montréal se transforme encore! J'ai observé que la ville se faisait belle et attrayante, grâce aux oeuvres dessinées à même les rues, aux peintures murales, aux fêtes, aux spectacles présentés dans de nombreux quartiers et, bien sûr, aux tenues vestimentaires estivales. Lors de cette saison, j'assiste à tous les spectacles, juste parce que c'est une nouvelle expérience.
Nous sommes actuellement en été. Nos manteaux d'hiver, dont nous nous étions débarrassés depuis que la température est devenue plus clémente, resteront dans le placard pour quelques mois de plus. J'aimerais dire que peu importe la saison, Montréal ne sera jamais une ville incolore ni sans vie.
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