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Quatre leçons à tirer de 1995

Ces quatre leçons sont des idées pour amorcer une ferveur pour le changement chez les Québécois.
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En ce vingtième anniversaire du référendum de 1995, il est opportun de se rappeler des points positifs du passé, de se fonder sur les exemples internationaux (notamment l'Écosse) et d'apprendre des erreurs commises, puisque c'est ce que l'histoire doit donner à un peuple.

Bien que je n'avais pas l'âge de voter en 1995, je crois voir quatre leçons à tirer si nous voulons relancer le mouvement souverainiste pour les prochaines années:

• Miser sur l'économie comme argumentaire ;

• Mettre de la pression sur un changement constitutionnel ;

• Convaincre les citoyens de la région de la Capitale-Nationale ;

• Former une large alliance politique.

Cet anniversaire du dernier référendum nous a fait un retour historique intéressant et créés des analyses multiples plutôt consensuelles sur les constats autant venant des fédéralistes que des souverainistes. Le marais décrit par Antoine Robitaille, le plan B relaté par le fédéraliste Benoît Pelletier et les lendemains ratés expliqué par Mario Dumont sont tous des interprétations d'un socle partagé par une majorité: depuis 1995, aucun changement majeur n'a été fait sur le statut du Québec, malgré toute l'énergie démocratique dépensée dans la bataille de 1995 par la classe politique et chez tous les Québécois, qui avaient voté à hauteur de 95% le soir du 30 octobre.

Miser sur l'économie

L'argumentaire économique a souvent été mis sous le tapis par le discours revanchard des défaites des Québécois par rapport au gouvernement fédéral. Malgré ce que certains peuvent en dire, le Québec est dans une phase de stabilisation financière depuis les années 1990. Son dynamisme économique doit tout de même se redéfinir dans un contexte d'ouverture des marchés et de mondialisation, comme les pays socio-démocrates, tel que la Suède, l'ont fait depuis 1995. Jean-Martin Aussant était un excellent orateur à ce sujet, et on peut penser que PKP devrait en faire de même.

Le Québec devrait miser sur des exemples scandinaves probants: taxes à la consommation élevée, taxe des PME au plus bas comme moteur économique, stimuler l'entreprenariat social et économique; mais aussi sur des tendances mondiales: l'économie numérique, le développement durable et la démocratie ouverte.

Le Québec est aussi très influencé sur les fluctuations de la monnaie canadienne, alors que la monnaie le plus stable au monde est chez nos voisins du sud, où plusieurs entreprises québécoises exportent leur produit. Le vote des nationalistes du centre-droit ne demande qu'à être interpellé par ce discours.

Mettre de la pression sur un changement constitutionnel

Récemment, les événements qui ne sont pas liés au statut du Québec ont remis en lumière la principale faiblesse politique du Canada, cette Constitution qui est devenu la béquille de tout changement profond au Canada, que ce soit par rapport au Sénat (procès Duffy), l'utilité du lieutenant-gouverneur (Lise Thibault), le multiculturalisme (port du kirpan) et les conditions de vie des Autochtones (mouvement Idle No More, violence envers les femmes autochtones). Trudeau père avait voulu judiciariser la politique avec succès, malgré une stratégie douteuse lors du rapatriement de la Constitution, qui a été récemment mis en lumière par le livre de l'historien Frédérick Bastien, La Bataille de Londres.

Ce fait étant encore dans l'air, il faut autant soit peu, comme le fait François Legault ou devraient le faire les élus souverainistes, mettre de la pression sur les gouvernements libéraux à Québec et à Ottawa, afin de démarrer des discussions sur les changements constitutionnels possibles pour répondre au problème dysfonctionnel de l'État canadien. Il faut donc ouvrir le jeu. Sans changement à court terme, le référendum de 1995 n'aura encore rien donné de concret au Québec. Le confort et l'indifférence dans ce dossier doivent être considérés comme un beau risque menant peut-être à la souveraineté.

Convaincre les citoyens de la région de la Capitale-Nationale

Les citoyens de la région de la Capitale-Nationale doivent aspirer à voir Québec devenir une ville de calibre internationale en tant que point culminant des relations étrangères d'un pays en émergence, au lieu d'une capitale provinciale.

En 1980, la région de Québec avait un pourcentage du Oui plus élevé que la moyenne québécoise, alors que depuis 1995 cet élan a perdu des plumes. La configuration politique de la ville a nettement changé depuis, et les appuis à la souveraineté perdus en 1995 peuvent être retrouvés, notamment avec un argumentaire plus économique.

Un élément qui pourrait catalyser les forces de la région est évidemment un personnage politique bien établi dans la région, qui pourrait stimuler la vision de capitale internationale et ouverte sur le monde. Le maire de Québec actuel a évidemment toutes les qualités pour propulser cette vision, encore faut-il qu'il est la volonté et la motivation à s'investir dans cette nouvelle vigueur souverainiste.

Former une large alliance politique

En 1995, la coalition pour le référendum entre l'ADQ, le Bloc québécois et le PQ avaient été une brillante idée. Par contre, les continents politiques ont bien changés, et la division du vote souverainiste entre Québec solidaire, Option nationale, le PQ et le vote nationaliste de la CAQ est contre-productif.

De plus, l'individualisme à tout rompre a créé un appétit pour un projet de société et d'une «re-solidarisation» nouveau genre. L'Écosse a été un bel exemple de mouvement associatif qui n'avait pas été intégré à aucun parti politique directement, mais bel et bien une vague de fond apolitique, comme le Conseil de la souveraineté devrait en être le véhicule au Québec. Une alliance électorale pour le meilleur candidat souverainiste dans chaque comté avec une stratégie d'unir les forces souverainistes doit être discutée. Véronique Hivon semble la bonne personne pour mener ce bateau. Il s'agit de trouver la formule la plus pragmatique, inclusive et démocratique pour camper le projet dans un rendez-vous démocratique rassembleur et non pas «sectaire», comme certains ont aimé l'appeler par le passé.

Ces quatre leçons sont des idées pour amorcer une ferveur pour le changement chez les Québécois. Par contre, il ne faut non plus sous-estimer le fait d'avoir des leaders charismatiques, des appuis internationaux, des discours d'ouverture aux Néo-Québécois et aux Anglophones (encore une fois, pas «sectaire»), des instruments démocratiques modernes, une clarté dans la stratégie et le mandat que le référendum pourrait donner aux députés au pouvoir.

La question que l'on doit maintenant se poser: est-ce que les Québécois ont un appétit pour le changement et ce qu'ils ont appris depuis 1995; ou les énergies dépensées dans ce genre de débat démocratique aussi sain ne sert pas un peuple, mais bien que la classe politique qui se retrouve dans l'équipe gagnante ?

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