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Les priorités à la bonne place

Malgré tous les problèmes criants qui se dressent sur le chemin du Québec, plusieurs me classeront comme un fédéraliste pour avoir osé dénoncer cet immobilisme dans lequel nous entraîne le PQ depuis le départ de Lucien Bouchard. Pourtant, est-il possible d'être souverainiste tout en reconnaissant que l'indépendance ne soit pas accessible en raison des conditions économiques actuelles?
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Ladite solution ex cathedra du PQ

Nous sommes probablement quelques-uns préoccupés par la situation du Québec à avoir fait des vœux de révolution politique durant le temps des fêtes. Au moment d'envisager la nouvelle année, certains ont probablement fantasmé d'un 3e référendum se préparant pour 2014 en réponse au succès fulgurant de la Charte. D'autres que je trouve un peu plus lucides, mais tous autant optimistes ont peut-être demandé au père Noël de faire en sorte qu'il n'y ait plus trop de moisissures dans les écoles et de réduire le temps d'attente dans les urgences... etc. Non pas qu'il soit impossible de souhaiter à la fois un pays pour 2014 et un système public fonctionnel. Ce n'est pas ce que je dis et j'espère donc ne pas me faire servir une rhétorique simpliste du genre «marcher et mâcher de la gomme en même temps». Sur le fond des problèmes étatiques que nous rencontrons, les péquistes (et non les souverainistes) croient que ces complications sont dues au fait que le fédéral draine les ressources financières du Québec, ce faisant la souveraineté serait d'après eux la solution qui réglerait les situations précédemment énumérées.

Dans les faits, le Québec est en partie dépendant des transferts fédéraux qui composent 20,8% des revenus, incluant la péréquation. Au sujet de la péréquation, il est utile de rappeler que le «déséquilibre fiscal» est une théorie issue du rapport Séguin commandé à l'époque par Bernard Landry (et probablement d'où s'inspire l'actuelle stratégie autour de la Commission sur l'assurance-emploi). En 2007, le gouvernement Harper agréait à cette théorie et donnait 1,949 milliard au Québec afin de régler cette question. Les premiers 700 millions dégagés furent utilisés par les libéraux afin d'offrir des baisses d'impôts.

Le Québec s'endette déjà massivement afin de s'offrir de nombreux services que les autres provinces n'ont pas. Nous pouvons donc affirmer qu'il serait irréaliste d'amputer une bonne partie des revenus tout en espérant balancer le budget l'année suivante sans mesure complémentaire. Sans oublier qu'un Québec indépendant devrait mettre de l'argent de côté pour bâtir les ministères que le Canada occupe déjà à sa place.

Fondamentalement, si vous croyez que le fédéral reçoit plus de notre argent qu'il ne nous en retourne, sachez que c'est faux et que vous avez tort.

Conditions gagnantes ou conditions sine qua non?

Jusqu'ici, je tombe quelque peu dans le piège péquiste. Ce piège voulant que chaque politicien soit catégorisé en fonction d'une allégeance souverainiste ou fédéraliste. Ce piège favorisant un débat sans fin autour de la question constitutionnelle et visant à restreindre les débats publics à celle-ci plutôt que de s'attarder à d'autres enjeux plus importants sur lesquels le Parti québécois n'est pas compétent. Pendant que j'explique ma position constitutionnelle ou que d'autres débattent sur la charte, nous pourrions parler encore plus longuement des écoles, des urgences, du vieillissement de la population, des régimes de retraite, de la dette ou encore de la maladie mentale.

Malgré tous ces problèmes criants qui se dressent sur le chemin du Québec, plusieurs me classeront comme un fédéraliste pour avoir osé dénoncer cet immobilisme dans lequel nous entraîne le PQ depuis le départ de Lucien Bouchard, par ailleurs, lui aussi qualifié comme un traître à la nation. Pourtant, est-il possible d'être souverainiste tout en reconnaissant que l'indépendance ne soit pas accessible en raison des conditions économiques actuelles? Reconnaître que la solution aux problèmes économiques du Québec passe par des réformes de l'appareil gouvernemental est-il exclusivement l'apanage du fédéral? À la fin, la saine fiscalité qui se dégagera de ces réformes est-elle favorable ou défavorable à un Québec souverain?

Évidemment, je crois que de poser la question c'est y répondre. N'importe qui voulant l'indépendance est en faveur d'un Québec économiquement fort, tout comme le sont ceux ayant une vision du Québec à l'intérieur du Canada. En principe, personne ne devrait être contre une économie prospère. À moins d'avoir un rapport scientifique confirmant qu'une hécatombe naturelle surviendra suite au développement des ressources. Ce que Martine Ouellet et Daniel Breton semblent avoir. C'est pourquoi la division souverainiste/fédéraliste ne fait pas de sens sur cette question.

En effet, le Québec s'orientera dorénavant d'après une dualité opposant la gauche et la droite. Bien entendu, ceux qui croient que l'indépendance est la solution à tous les problèmes tenteront de reproduire la dualité précédente étant donné qu'elle est favorable à leur option. Ils prétendront que la gauche est indépendantiste et que la droite est nécessairement un nouvel aspect du fédéralisme, ce qui ne fait aucun sens puisque l'indépendance n'est même pas proche d'être à l'ordre des débats. Pires, certains ont une vision très manichéenne de la réalité, les souverainistes sont des maîtres Jedi à la défense du Pepsi tandis que les fédéralistes sont des maîtres Sith servant les intérêts du Coke. Ce nouvel axe politique oppose plutôt ceux croyants qu'il soit normal que le Québec s'endette pour payer ses dépenses à ceux qui sont partisans d'un État plus petit et d'un fardeau fiscal moins lourd.

2014 - Le moment de vérité

Au cours de l'année 2014, les astres que le Parti Québécois souhaite éviter s'aligneront de manière que je lui prévois désavantageuse. D'après le Polimètre Marois, le PQ aurait fait 113 promesses durant la campagne électorale, pour finalement n'en tenir complètement que 24. Après avoir notamment promis le déficit zéro en campagne électorale pour terminer l'année très loin de l'équilibre budgétaire, nous sommes plusieurs à croire que le PQ n'a pas les qualités économiques requises pour gérer la province de Québec. Maintenant, imaginez-les à la tête d'un pays! Même les Jedi qui aiment le Pepsi se sont probablement posé des questions lorsqu'une des solutions du gouvernement consistait à utiliser Léo Bureau-Blouin comme une marionnette afin de nous faire boire la taxe sur les boissons gazeuses. Tout cela au nom du bien commun et de la jeunesse, bien entendu. La planète se porte également beaucoup mieux depuis l'instauration des «Écofrais» (qui, rappelons-le, ne sont pas une taxe aux dires du gouvernement, mais plutôt des frais de gestion).

Je ne suis pas non plus très impressionné de la manière dont le gouvernement a transféré lâchement l'imputabilité de l'augmentation des taxes scolaires aux Commissaires Scolaires. Je trouve qu'il est contradictoire pour Marie Malavoy de repousser la date de l'élection scolaire tout en plaidant l'imputabilité politique d'élus qui auront eu au total des mandats d'une durée de 7 ans en plus d'être assis sur un maigre taux de participation de 8%. Drôle de vision de la démocratie.

La Commission Charbonneau risque également de nous apprendre plusieurs détails supplémentaires sur la manière dont les gouvernements précédents ont collaboré avec les syndicats infiltrés par la mafia. À force d'entendre des histoires épouvantables impliquant des amis du régime comme Guy Chevrette, André Boisclair ou encore Élaine Zakaïb, peut-être que le PQ décidera d'arrêter de faire semblant que la faute n'est qu'aux libéraux. Je souhaite pour 2014 qu'ils revoient le fonctionnement du système d'appel d'offres. Ainsi, à défaut de nous être fait voler de partout dans le domaine de la construction, nous pourrions peut-être au moins sauver l'informatique. Malheureusement, le Parti Québécois choisit de ne pas agir à propos de l'argent actuellement englouti dans les contrats informatiques et préfère plutôt entretenir ses alliances syndicales en vue d'une éventuelle élection.

Préoccupez-vous des vrais enjeux!

Pour conclure, j'invite tous ceux qui croient en la liberté du Québec et non pas nécessairement en l'indépendance à éviter de s'enfermer dans la chapelle idéologique que le Parti québécois cherche à entretenir avec le débat sur la charte. J'ajouterais même que certains dirigeants péquistes eux-mêmes ne croient probablement pas réellement que la souveraineté soit la solution aux problèmes économiques, ils font semblant d'y croire et posent « des gestes de souveraineté menant à l'indépendance » afin de conserver les votes des plus rêveurs au sein du mouvement. L'évolution du Québec n'emprunte pas ce chemin, c'est la réélection d'un gouvernement et d'un bilan économique pire que son prédécesseur qui l'emprunte. C'est malheureusement en s'enfonçant dans un chemin comme celui-là que les Québécois risquent de ne jamais voir se réaliser les nombreux projets de société qui leur ont été promis par la classe politique.

Autrement dit, en voulant se faire réélire à tout prix, en mettant des lunettes roses et en refusant d'emprunter le chemin que Lucien Bouchard souhaitait entreprendre, les péquistes sont en partie responsables de la dérive économique qu'a entreprise le Québec. Et ce faisant, ils sont également entièrement responsables de l'échec autour de l'option qu'ils proposent. Effectivement, le chemin proposé par Lucien Bouchard était une médecine sévère, mais sans elle le Québec ne pourra plus jamais être libre de son destin ni de son développement.

Au cas où vous ne l'auriez pas encore décodé, je me considère souverainiste.

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