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Le Pakistan face aux nouvelles tentatives de déstabilisation

Le Pakistan a été oublié, et pourtant, l'instabilité qui y règne pourrait avoir des conséquences bien plus importantes pour la région et pour le monde que celle provoquée par les Talibans afghans.
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Smoke rises from the site of a bomb blast in a market in Quetta, Pakistan on Saturday, Feb. 16, 2013. Senior police officer Wazir Khan Nasir said the bomb went off in a Shiite Muslim-dominated residential suburb of the city of Quetta. Residents rushed the victims to three different hospitals.(AP Photo/Arshad Butt)
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Smoke rises from the site of a bomb blast in a market in Quetta, Pakistan on Saturday, Feb. 16, 2013. Senior police officer Wazir Khan Nasir said the bomb went off in a Shiite Muslim-dominated residential suburb of the city of Quetta. Residents rushed the victims to three different hospitals.(AP Photo/Arshad Butt)

Les regards des chancelleries occidentales, des médias et de l'état major de l'OTAN ont été tournés entièrement vers le conflit afghan, vers cette guerre qui s'éternisait. Aussi, le Pakistan a été oublié, et pourtant, l'instabilité qui y règne pourrait avoir des conséquences bien plus importantes pour la région et pour le monde que celle provoquée par les Talibans afghans.

Même si l'Inde reste pour le Pakistan un adversaire de premier plan, au nom de l'attachement à la question du Cachemire, c'est l'Afghanistan qui occupe une place centrale dans la politique pakistanaise, et cela depuis l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en décembre 1979. Rappelons que l'origine de l'instabilité actuelle du Pakistan remonte à cette époque où les Etats-Unis firent du Pakistan la base arrière des moudjahidines afghans lesquels combattaient l'armée rouge. Washington a soutenu alors le général Zia Ul Haq, en échange d'un soutien aux combattants afghans. De son côté, le dictateur pakistanais s'est lancé dans une islamisation à outrance du Pakistan et a soutenu la création des organisations extrémistes destinées à aller se battre au Cachemire.

Le Pakistan et les services américains ont choisi de soutenir les partis les plus extrémistes de la résistance afghane au nom de l'efficacité de la lutte contre le communisme (l'islam contre le communisme). La plupart des chefs actuels de l'insurrection en Afghanistan sont des anciens protégés du Pakistan et des Etats-Unis. C'est le cas de Gulbuddin Hekmatyar, le chef du Hezb-é-islami, l'une des factions de l'insurrection actuelle. Le redoutable Jallaluddin Haqani, dont ses réseaux sont responsables de la plupart des attentats contre la force de la coalition, était reçu à l'époque à la Maison Blanche par le président des Etats-Unis, Ronald Reagan, en tant que "combattant de la liberté".

Cette politique a certes contribué à la défaite de l'Union soviétique en accélérant ainsi sa désintégration. Mais elle a aussi encouragé la naissance et le renforcement des mouvements islamistes extrémistes en Afghanistan et au Pakistan. Il s'avère donc que le Pakistan a une grande responsabilité dans la création et le soutien à ces mouvements avant d'en être aujourd'hui la victime.

Après l'intervention américaine en Afghanistan consécutive aux attentats terroristes du 11 septembre, la plupart des dirigeants des Talibans et d'Al-Qaeda se sont repliés dans les zones tribales autonomes pakistanaises. Leur présence a participé à la naissance d'un mouvement des Talibans pakistanais, Harakat-e-Tahrik-e-Talibans Pakistan (TTP), plus radical que les Talibans afghans. En même temps, sous la pression américaine, le gouvernement pakistanais a pris des mesures contre les organisations islamistes extrémistes en interdisant ces dernières. Cette mesure a poussé les militants à regagner les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan et à renforcer davantage le TTP. La plus connue de ces organisations est le Lashkar-e-Jhangvi (LeT) et Sipah-e-Sahaba Pakistan (SSP).

L'objectif de tous ces mouvements djihadistes est la déstabilisation du Pakistan qui leur permettrait d'y installer un pouvoir semblable aux Talibans afghans. Ainsi, depuis quelques années, le Pakistan est le théâtre d'attentats ayant causé plus de morts que pendant la guerre en Afghanistan.

Les attaques contre la minorité chiite, qui représente près de 20 % de la population, sont l'un des moyens de déstabilisation du pays. Cette minorité est visée par les attentats sanglants perpétrés dans les provinces du Nord-ouest dans les localités habités par les chiites tels que la vallée de Kurram et Ourokzaï, mais c'est la communauté chiite hazâra de Quetta, la capitale du Baloutchistan, qui est la cible principale du LeT. La minorité hazâra est d'autant plus visée, parce que non seulement ses membres sont de confession chiite considérés par les extrémistes sunnites comme "hérétiques", mais ils sont en outre originaires d'Afghanistan.

A la fin du 19e siècle, sous le règne du roi Abdur Rahman, l'ethnie hazâra vivant au centre de l'Afghanistan (dont Bamiyan, avec ses grands statues de Bouddha détruites par les Talibans, est connu) a été victime de massacres, de déportations et d'esclavagisme. Une partie d'entre eux ont émigré à Quetta, alors sous juridiction de l'Inde britannique.

Le 16 février, un attentat a fait 81 morts et près de 200 blessés. Déjà, en janvier, un attentat a fait plus de 100 morts parmi les Hazâras. Ce chiffre macabre se rajoute aux 400 morts de l'année 2012. L'objectif des extrémistes du LeT, de confession sunnite, est de provoquer une confrontation à caractère confessionnel laquelle déstabiliserait définitivement le Pakistan.

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