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Trump, le climat et nous: lettre à ceux qui n'ont pas l'intention d'abandonner

Trump ne peut pas à lui seul stopper une transition énergétique devenue inévitable. Tout au plus pourra-t-il la ralentir. Voici pourquoi.
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Comme moi, vous vous êtes probablement réveillés avant le lever du soleil, les yeux ouverts dans le noir avec la confirmation que le cauchemar était bien réel. Il l'est. Comme vous, j'ai ressenti hier soir une douleur au ventre, une grande inquiétude pour mes enfants qui se sont endormis inquiets, eux aussi. Quel avenir leur réserve-t-on ?

Si je vous écris aujourd'hui, c'est que j'ai besoin de sentir que cet obstacle nouveau ne nous arrêtera pas. J'ai besoin de sentir que nous sommes des millions, et que nous n'abandonnerons pas nos valeurs de justice, de diversité et de protection de la vie sur Terre.

Ne nous trompons pas : l'élection de Donald Trump et d'un Congrès entièrement contrôlé par le Parti républicain et les intérêts du pétrole, du charbon et du gaz, est dévastatrice pour la lutte aux changements climatiques. On peut s'attendre très rapidement à ce que le nouveau président approuve Keystone XL, élimine les réglementations sur les centrales au charbon qui étaient la pierre angulaire de l'action d'Obama sur le climat, et ralentisse ou élimine les investissements en énergies renouvelables. On peut également s'attendre à ce qu'il se retire de l'Accord de Paris dès qu'il en aura l'occasion. Tout cela met en péril l'objectif des États-Unis qui était de réduire de 26-28 % leurs émissions de GES d'ici 2025. Cela remet également en cause l'atteinte des objectifs fixés à Paris.

Mais Trump ne peut pas à lui seul stopper une transition énergétique devenue inévitable. Tout au plus pourra-t-il la ralentir. Voici pourquoi.

D'abord, les investissements dans les énergies renouvelables ont dépassé ceux dans les énergies fossiles depuis 2010, et l'écart continue de se creuser. Deux fois plus de fonds ont été investis dans les énergies vertes que dans les combustibles fossiles en 2015, avec pour résultat que pour la première fois les nouvelles capacités d'énergies vertes ont dépassé les énergies fossiles. Cette transformation se produit parce que les énergies vertes sont désormais plus compétitives que les combustibles fossiles dans plusieurs marchés, peu importe les mesures de lutte aux changements climatiques.

Ensuite, les États et les villes américaines, de la Californie jusqu'à New York, ont entrepris de mettre un prix sur les émissions de carbone, d'investir dans les énergies renouvelables et dans les infrastructures de transport collectif. Cette tendance va se poursuivre. La Chine va elle aussi poursuivre ses efforts et a récemment annoncé son intention de diminuer ses émissions de 18 % par unité de PIB d'ici 2020.

Comme le chantait Vigneault, nous devons rouler comme baril de poudre, passer comme glace en débâcle.

Dans le secteur des transports, on estime maintenant que les véhicules électriques arriveront à parité-prix avec les véhicules à essence dans cinq ans, en 2022. Déjà, les ventes de véhicules électriques ont été multipliées par six depuis 2014. Des analyses prédisent maintenant que cette croissance exponentielle pourrait causer un effondrement des cours du pétrole au tournant de la décennie. Si le divorce entre l'automobile et le moteur à explosion se confirme, nous assisterons à une réduction importante des émissions dans le secteur des transports.

Finalement, et c'est ici que nous devons relever la tête, le mouvement citoyen mondial de lutte aux changements climatiques ne va pas s'arrêter. Les actions citoyennes, incluant de nombreuses actions de désobéissance civile pacifique, vont se multiplier partout aux États-Unis. Au Canada aussi. Nous devons être solidaires des citoyens américains et des premiers peuples qui vont défendre valeureusement leurs terres, notre terre, et nos enfants.

Le plus beau geste de solidarité que nous pouvons poser est de gagner nos batailles, ici, chez nous, et de prouver que la victoire est toujours possible. Ce qui est en jeu, ici, n'est pas de savoir si la transition énergétique se produira. Ce qui est en jeu, c'est la vitesse à laquelle elle arrivera, et si elle sera suffisamment rapide pour sauver notre climat.

La réponse est entre nos mains.

C'est pourquoi nous ne devons pas lâcher prise. Nous devons au contraire redoubler d'ardeur et créer une véritable marée humaine. Comme le chantait Vigneault, nous devons rouler comme baril de poudre, passer comme glace en débâcle.

Donald Trump a peut-être brisé une vague dans la lutte aux changements climatiques. Mais il ne pourra pas empêcher la marée de monter.

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