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TransCanada vous souhaite un joyeux Jour de la Terre

La compagnie TransCanada entreprendra aujourd'hui et jusqu'au 30 avril des levées géophysiques en prévision de la construction de son terminal pétrolier à Cacouna. Sans la vigilance du, les Québécois n'auraient même pas été informés de ces travaux qui risquent d'affecter les populations de bélugas.
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La compagnie TransCanada offre aux Québécois un présent tout spécial en ce Jour de la Terre 2014 : elle entreprendra aujourd'hui et jusqu'au 30 avril des levées géophysiques en prévision de la construction de son terminal pétrolier à Cacouna. Sans la vigilance du journal Le Devoir, les Québécois n'auraient même pas été informés de ces travaux qui risquent d'affecter les populations de bélugas, espèce emblématique du Saint-Laurent et du Québec.

C'est vendredi dernier que les Québécois apprenaient avec stupéfaction que les travaux préliminaires à la construction du terminal de Cacouna étaient sur le point de débuter avant même que le projet d'oléoduc n'ait été débattu au Québec, et sans que la localisation d'un éventuel terminal pétrolier n'ait été soumise à une expertise scientifique et à une consultation publique.

Or, TransCanada a choisi Cacouna pour installer son terminal d'exportation du pétrole des sables bitumineux, bien que le choix de ce site mette en péril les populations de Bélugas du Saint-Laurent. Selon Robert Michaud du Groupe de recherche et d'étude sur les mammifères marins (GREMM), cité par Le Devoir, ce projet pourrait signer l'arrêt de mort de cette espèce : « Est-ce qu'on peut construire un port pétrolier dans un habitat essentiel pour le béluga du Saint-Laurent ? Je suis convaincu que non. C'est un projet qui, s'il se réalise, se fera avec des impacts très importants pour les bélugas. En fait, ce choix d'emplacement risque d'être désastreux pour la population ». Il reste aujourd'hui moins de 900 bélugas dans le Saint-Laurent.

L'idée même d'installer à Cacouna, dans l'un des plus beaux sites du Québec, un port pétrolier qui vise à exporter le pétrole albertain démontre, à mon avis, l'insensibilité de TransCanada à ce qui fait la fierté des Québécois. J'ai grandi à Rimouski, le long du fleuve Saint-Laurent, et comme les gens de Charlevoix, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et de la Côte-Nord, le Saint-Laurent coule dans mes veines. Pour nous, le Saint-Laurent vaut infiniment plus que les champs de boue albertains qu'on cherche à exporter à travers notre fleuve. Si les Bélugas disparaissent, une partie de nous s'éteindra, mais est-ce que les bénéfices de TransCanada en seront affectés ?

En débutant dès maintenant ses travaux, il me semble que TransCanada prend pour acquis qu'Ottawa et Québec approuveront son projet, et que les consultations à venir ne sont que des formalités. Mais la ville de Kitimat en Colombie britannique vient de dire non au projet Northern Gateway d'Enbridge, et le président Obama continue de reporter l'approbation du projet Keystone XL de TransCanada aux États-Unis. Pendant ce temps, TransCanada espère traverser le Québec avec le plus important oléoduc de sable bitumineux au monde !

Qu'on se le dise, c'est aux gens de Cacouna et aux Québécois dans leur ensemble de décider de l'usage qu'on fera de leur fleuve. Cette décision ne sera pas prise à Calgary ou à Ottawa, avec des autorisations délivrées en catimini sans que les Québécois en soient informés et sur la base de réglementations fédérales qui ont été rendues insignifiantes par le projet de loi Mammouth de 2012. À titre d'exemple : l'Office national de l'énergie a désormais le pouvoir d'autoriser une activité qui va à l'encontre de l'habitat critique d'une espèce menacée. Rien de rassurant pour les Bélugas dont l'habitat va être affecté par le projet de port pétrolier. Peut-on encore faire confiance aux processus réglementaires existants ? Il est permis d'en douter.

En ce jour de la Terre 2014, TransCanada nous offre un cadeau empoisonné : le démarrage d'un projet qui vise à utiliser notre fleuve pour exporter le pétrole de l'Alberta et à implanter à Cacouna un terminal pétrolier qui implique un risque réel que les bélugas du Saint-Laurent ne soient plus parmi nous lorsque viendra le temps de célébrer le Jour de la Terre 2024.

Ce projet insensé doit être immédiatement suspendu et soumis à une véritable expertise scientifique et à une consultation publique. J'encourage les gens de partout au Québec à se joindre à la manifestation de dimanche prochain à Cacouna pour défendre les bélugas et refuser de faire du fleuve Saint-Laurent une voie d'exportation des sables bitumineux.

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