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L'indépendance énergétique? Oui!

Préférez-vous les bananes ou le printemps? La question peut vous sembler absurde, mais c'est exactement le genre de fausse opposition qu'un sondage continental publié à l'occasion du Jour de la Terre propose. Le sondage révèle que les Nord-Américains priorisent l'indépendance énergétique par l'entremise de l'expansion des sables bitumineux à la lutte aux changements climatiques...
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Fairbanks, Alaska, United States, North America
Getty Images
Fairbanks, Alaska, United States, North America

Préférez-vous les bananes ou le printemps? La question peut vous sembler absurde, mais c'est exactement le genre de fausse opposition qu'un sondage continental publié à l'occasion du Jour de la Terre propose. Le sondage révèle que les Nord-Américains priorisent l'indépendance énergétique par l'entremise de l'expansion des sables bitumineux à la lutte aux changements climatiques. En lisant ce sondage, il m'est revenu cette vieille blague absurde que les enfants se racontent. Ceci s'appelle une fausse opposition, et ma réponse a toujours été : les deux.

Ce sondage est très intéressant à plusieurs niveaux. D'abord parce qu'il est totalement biaisé puisqu'il fait une fausse opposition entre l'indépendance énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Placés devant un tel dilemme, il est surprenant que 30% des Américains, 32,5 % des Canadiens et 53,4 % des Québécois priorisent la réduction des GES à l'indépendance énergétique.

Pourquoi s'agit-il d'une fausse opposition? Parce que l'indépendance énergétique et la réduction des émissions de GES peuvent et doivent aller de pair. L'autosuffisance énergétique passe par la diminution de la consommation d'énergie et le remplacement des importations par des sources nationales. L'administration Obama investit depuis des années dans les programmes de développement des énergies renouvelables en sol américain et a renforcé les normes d'efficacité énergétique dans le transport pour travailler en ce sens. Ce faisant, on réduit la facture énergétique des ménages américains et on diminue les émissions de GES.

Imaginons un moment que nous ayons demandé aux Nord-Américains s'ils préféraient réduire leur facture énergétique en diminuant leur consommation de pétrole ou bien augmenter leur facture énergétique et contribuer à l'aggravation du réchauffement climatique. On peut supposer que les réponses auraient été différentes. Il est évident que ce sondage vise à positionner les sables bitumineux comme la seule option permettant l'indépendance énergétique nord-américaine, alors que c'est loin d'être le cas. Les États-Unis, le Canada et le Québec disposent de plusieurs autres options qui permettent de renforcer l'indépendance énergétique en luttant contre le réchauffement climatique.

Par ailleurs, le sondage définit l'indépendance énergétique à l'échelle continentale, ce qui est pour le moins surprenant quand on sait que les Américains ont présentement l'objectif d'assurer leur propre indépendance énergétique par des sources d'approvisionnement en sol américain d'ici 2030. Les sables bitumineux canadiens ne font pas partie des plans. Les Américains veulent produire leur propre énergie, et ils prennent les moyens pour y arriver.

De la même manière, pour les Québécois, l'indépendance énergétique est synonyme d'énergie produite ici, au Québec, et non pas d'un changement à nos sources d'importation. L'importation de pétrole coûte 14 milliards $ par an aux Québécois, peu importe qu'il provienne d'Alberta ou d'Algérie. Cet argent quitte le Québec et ne reviendra plus. Et qu'on ne vienne pas nous servir l'argument de la péréquation : si le Québec diminuait de moitié sa consommation de pétrole, il n'aurait plus besoin de péréquation. Point à la ligne. On ne va quand même pas nous vendre l'idée que nous devrions enrichir l'Alberta avec notre argent, pour ensuite recevoir de la charité. Gardons plutôt notre argent chez nous!

Le Québec dispose de confortables surplus énergétiques. La vraie indépendance énergétique au Québec passe par la substitution du pétrole par l'électricité dans nos transports. Le Québec produit des autobus, des trains, des métros, et a l'un des plus importants potentiels au monde pour passer aux transports électriques. Le couple pétrole-automobile coûte annuellement 25 milliards $ à l'économie québécoise, ce qui creuse notre déficit commercial. Inverser cet exode de capitaux doit devenir une priorité nationale.

Sur le plan strictement financier, l'électrification des transports est l'équivalent d'une seconde Baie-James, sans compter les bénéfices évidents pour la lutte aux changements climatiques. Ceci permettra de renforcer notre indépendance énergétique, de conserver notre richesse ici et de diminuer les émissions de GES. Cela, les Québécois le savent. Et bien qu'on en trouvera plusieurs pour dénoncer le fait que les Québécois préfèrent la lutte aux GES à une indépendance énergétique factice qui repose sur l'enrichissement de l'Alberta, on en trouvera plusieurs autres, dont je fais partie, qui pensent que les Québécois sont plus intelligents qu'on ne veut le croire et qu'ils ne se laisseront pas enfermer dans un faux dilemme.

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