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Polluer le Québec, une publicité à la fois

Nous pensions que le Québec était à l'abri de la désinformation financée à coup de millions en raison de la barrière de la langue. Mais en réalité, c'est l'absence de l'industrie pétrolière sur notre territoire qui nous avait isolés de ces campagnes mensongères. Le réveil est brutal. La vigilance est de mise, plus que jamais.
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Partout où l'industrie pétrolière s'implante, elle importe avec elle ses tactiques de désinformation développée aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Le Québec n'y échappe pas et il n'est plus possible de naviguer sur le web ou de regarder un bulletin d'information télévisé sans voir des publicités sur Énergie Est. C'est la grande invasion. Et les deux derniers jours ont sonné le réveil pour tous ceux qui croyaient encore que l'industrie allait jouer fair play au Québec dans sa campagne pour faire accepter les pipelines et refuser la lutte aux changements climatiques.

Le 18 novembre, Greenpeace (remercions Dieu qu'ils existent) nous révélait le plan de communications que la firme de relations publiques Edelman avait concocté pour TransCanada qui utilisait all the dirty tricks in the book. La stratégie propose la création de faux groupes citoyens, une tactique qui porte le savoureux nom « d'astroturfing » en référence au faux gazon qui tapisse les stades de sport. Elle suggère également de payer des citoyens pour joindre les rangs des supporters de l'oléoduc Énergie Est. Le résultat est plutôt indigeste comme l'explique ce blogue.

Dans le rayon des tactiques de diversion, on retrouve la suggestion d'enquêter sur les groupes qui s'opposent au projet d'oléoduc dans le but d'outiller des tiers qui se chargeront de les attaquer, les empêchant ainsi de remplir leur mission. J'ai moi-même eu l'honneur et le privilège d'être nommé explicitement comme opposant ciblé aux côtés de Steven Guilbeault d'Équiterre. Mais nous sommes déjà habitués à ce traitement puisque le gouvernement fédéral a usé de la même tactique en lançant l'Agence du Revenu Canada à nos trousses, ce qui ne nous empêche aucunement de remplir notre mission. Avis à tous, nous n'avons rien à cacher.

Mais il n'y a pas que TransCanada et Edelman qui ont lancé une campagne de désinformation. Le 19 novembre, une publicité est apparue sur un panneau autoroutier à Anjou : « Le soleil est le principal facteur du changement climatique. Pas le CO2, pas vous. » Le tout est signé par un groupe nommé : « Friends of Science », réputé pour mener des campagnes de désinformation sur les changements climatiques avec le financement de l'industrie des combustibles fossiles. À quelques jours de la conférence de Lima sur le climat, et à un peu plus d'un mois de l'application du marché du carbone aux pétrolières, difficile d'y voir une coïncidence.

Depuis plusieurs années nous pensions que le Québec était à l'abri de cette désinformation financée à coup de millions en raison de la barrière de la langue. Mais en réalité, c'est l'absence de l'industrie pétrolière sur notre territoire qui nous avait isolés de ces campagnes mensongères. Le réveil est brutal. La vigilance est de mise, plus que jamais.

Il semble que le ridicule ne tue plus, alors je lance ma propre réponse à la pétition « citoyenne » lancée par TransCanada où un maire du Nouveau-Brunswick nous affirme que le projet est essentiel au développement économique de sa communauté rurale. Voici le texte que je propose en appui à Énergie Est et contre la lutte aux changements climatiques :

Je m'appelle Richard. Je suis maire d'une communauté rurale du Nouveau-Brunswick. Depuis que le gouvernement Harper a coupé dans le chômage saisonnier, tout le monde a quitté le village pour aller travailler en Alberta en fly-in, fly-out. Les autres doivent accepter des emplois à 70% de leur salaire à 100km de leur domicile. Ça coûte cher d'essence ça, et c'est pour ça qu'il faut rejeter le complot des scientifiques et des socialistes qui veulent donner le pouvoir aux Nations-Unies pour augmenter nos impôts et le prix de l'essence. C'est pourquoi je suis favorable à Énergie Est de TransCanada. Le projet va créer 3 emplois pendant six mois chez nous, et si nous sommes chanceux, un déversement chez nous va créer de l'activité économique. Et les gens de TransCanada m'ont promis un nouveau Jacuzzi et des mags sur mon Ford F-150 si j'appuyais publiquement le projet. C'est ça le Nation-Building !

J'ai postulé chez Edelman. J'attends mon chèque.

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