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Élections: Les enjeux environnementaux de la campagne

La campagne électorale tourne déjà à plein régime et les thèmes de l'intégrité et de la corruption, des droits de scolarité et de l'économie en occupent le premier plan. Derrière ces grandes lignes de force électorales se profilent également des enjeux environnementaux qui ont commencé à faire parler d'eux dans la campagne. En voici un aperçu.
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La campagne électorale tourne déjà à plein régime et les thèmes de l'intégrité et de la corruption, des droits de scolarité et de l'économie en occupent le premier plan. Derrière ces grandes lignes de force électorales se profilent également des enjeux environnementaux qui ont commencé à faire parler d'eux dans la campagne. Après la mobilisation sans précédent du 22 avril dernier qui a réuni 250 000 personnes sur les thèmes de l'environnement et du bien commun, ces thèmes ne peuvent plus être occultés. En voici un aperçu.

Pétrole d'Anticosti et d'Old Harry : Le Québec est en proie à une fièvre de nationalisme pétrolier et nombreux sont ceux qui voient notre dette fondre comme les glaces de l'Arctique si le Québec se lançait dans l'aventure pétrolière. Certains dénoncent également le fait qu'Hydro-Québec ait cédé à la compagnie Pétrolia ses droits pétroliers sur Anticosti et qualifient cette transaction de « vol su siècle ». Mais le potentiel pétrolier d'Anticosti, comme celui d'Old Harry, n'est pas encore prouvé. Aussi, pour exploiter Old Harry le Québec doit compléter son évaluation environnementale stratégique et négocier la création d'un office pétrolier avec le gouvernement fédéral. En outre, les Madelinots s'inquiètent des impacts d'un déversement sur le tourisme et les pêcheries qui génèrent annuellement 120 millions de dollars de retombées aux Iles.

Gaz de Schistes : L'arrivée cavalière de l'industrie gazière dans la vallée du Saint-Laurent a engendré l'une des plus importantes mobilisations citoyennes des dernières décennies au Québec. Les craintes quant à l'impact de l'exploitation gazière sur les eaux souterraines, les eaux de surface et la qualité de l'air demeurent. Suite à un rapport du BAPE, une évaluation environnementale stratégique a été lancée et permettra de mieux documenter certaines de ces craintes. Au terme de cet exercice, le défi demeurera d'assurer l'acceptabilité sociale de l'industrialisation d'une des régions les plus densément peuplées du Québec. Une question demeure : si le Québec se lance dans l'industrie pétrolière et gazière, devra-t-il abandonner sa cible de réductions des émissions de gaz à effet de serre? Sinon, quel secteur devra faire des efforts de réductions supplémentaires pour compenser l'arrivée de ces nouveaux émetteurs?

Plan Nord et Mines : L'idée d'ouvrir le Nord du Québec pour en permettre l'exploitation des ressources naturelles ne date pas d'hier. Le gouvernement sortant a lancé un imposant plan d'investissement dans les infrastructures pour attirer les compagnies minières, forestières et énergétiques dans le Nord du Québec. Ce plan est assorti de l'engagement de protéger 50 % du Nord de l'activité industrielle. Malgré cet objectif louable, on a critiqué le fait que le Plan Nord ait deux vitesses : rapide pour les routes et le développement industriel, lent pour la conservation qui doit s'échelonner sur deux décennies. En outre les régions les plus au sud du Plan Nord, qui renferme les fragiles écosystèmes de la forêt boréale, risquent de subir des pressions de plus en plus fortes sans être protégées adéquatement. On a aussi reproché au Plan Nord l'absence de plan d'affaires permettant de mesurer les retombées économiques prévues et la rentabilité des milliards qui y seront investis. On lui a aussi reproché de brader une ressource collective au profit d'intérêts étrangers. La réforme de la loi sur les mines et de son régime de redevances, dans le but de rehausser les revenus tirés de l'exploitation minière, demeure un thème central de la campagne.

Indépendance au pétrole, transport et climat : Le secteur du transport représente 43 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec. Le Québec a fait des progrès importants en matière de réduction des émissions depuis 2006, et a adopté une cible de réduction de -20 % d'ici 2020, l'une des cibles les plus ambitieuses au monde. Sans s'attaquer de front au secteur du transport, le Québec ne pourra vraisemblablement pas atteindre sa cible dans huit ans. De plus, la dépendance à l'automobile dans le secteur des transports nourrit notre déficit commercial puisque le Québec doit importer pour $ 25 milliards de pétrole et automobiles annuellement. Les investissements dans les transports ont été massivement concentrés dans le secteur routier depuis une décennie, aggravant ce phénomène. Le Québec compte aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de véhicules de plus qu'en 2000 et l'étalement urbain continue de nourrir la congestion routière qui coûte 1,5 milliard $ annuellement à Montréal seulement. Il est impératif de s'attaquer de front aux transports collectifs et à l'aménagement urbain.

Plus que jamais les enjeux environnementaux sont au cœur des discussions sur l'avenir socio-économique du Québec. L'énergie, les ressources naturelles, le transport et l'aménagement urbain sont devenus des enjeux incontournables lorsque vient le temps d'imaginer ce que le Québec sera dans 5, 10 ou 20 ans. Les Québécois qui ont manifesté par centaines de milliers le 22 avril dernier sont en droit d'exiger de leurs leaders une vision cohérente du développement durable du Québec, une vision qui ne lèguera pas une dette écologique aux générations futures pour payer l'épicerie aujourd'hui.

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