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La patrie du pape condamne les abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique

Ce sujet est matière à controverse car le pape François, lorsqu'il était archevêque du plus grand diocèse d'Argentine, aurait fermé les yeux sur les abus sexuels commis sur des enfants.
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La Cour suprême d'Argentine a rendu le 29 mars 2016 un verdict clé pour les victimes d'abus sexuels sur mineurs au sein de l'Église catholique liés à une affaire qui dure depuis près de 25 ans. Les juges ont validé la peine de prison de 12 ans du prêtre pédophile Fernando Enrique Picciochi pour avoir abusé sexuellement de pensionnaires âgés de 13 ans du collège marianiste catholique de la capitale.

La décision est un pas important vers la reconnaissance de tels crimes envers des petits pensionnaires dans le pays d'origine du pape. Bien qu'il y ait eu plus de 100 accusations de pédophilie par des prêtres catholiques en Argentine, très peu ont été reconnus coupables. Bishop Accountability, une organisation basée aux États-Unis qui enquête sur les abus sexuels au sein du clergé, rapporte que parmi les 51 prêtres argentins accusés publiquement d'avoir agressé sexuellement des enfants, au moins 7 semblent encore travailler dans une institution religieuse.

Bien que l'Église catholique aux États-Unis ait payé près de 2 milliards de dollars américains afin de régler les litiges liés aux abus sexuels, aucune victime n'a été compensée dans les établissements publics en Argentine, selon des groupes de défense des droits de l'Homme. En 2013, un Argentin victime d'abus sexuel par un curé pédophile a reçu une indemnisation de 30 000 dollars US de la part de l'évêché de Quilmès, dans la banlieue sud de la capitale.

Sebastián Cuattromo, qui a été abusé sexuellement par le prêtre Picciochi lorsqu'il avait 13 ans, dit avoir été persuadé de signer une clause de confidentialité afin de garder le silence et d'abandonner ses poursuites judiciaires en échange de 40 000 dollars américains.

«Cette décision est très importante», explique l'homme de 39 ans, assis sur les marches de la Cour suprême dans le centre de Buenos Aires. «Je suis très heureux... et je souhaiterais que ma souffrance d'enfant et mes années de combat aident les autres», dit le président de l'organisation Adultes pour les droits de l'enfance, à Buenos Aires. L'association sensibilise l'opinion publique sur la maltraitance des enfants par des prêtres prédateurs.

L'UNICEF Argentine estime que 228 enfants sont exploités sexuellement chaque heure en Amérique latine et dans les Caraïbes. «La Cour suprême et les autres instances juridiques doivent évidemment aborder ces affaires, qui sont perverses et contre l'humanité», souligne Alejandro Russo, recteur de la Cathédrale métropolitaine de Buenos Aires. «Je n'ai jamais eu à faire face à ce type d'affaire dans mon église», ajoute t-il.

Ce sujet est matière à controverse, car le pape François, lorsqu'il était archevêque du plus grand diocèse d'Argentine, celui de Buenos Aires, de 1992 à 2013, aurait fermé les yeux sur les abus sexuels commis sur des enfants, selon l'organisation Bishop Accountability. «Nous estimons de manière conservatrice que de 1950 à 2013, plus de 100 prêtres à Buenos Aires ont offensé des enfants et des dizaines de [ces cas] étaient connus des superviseurs diocésains, y compris Bergoglio», indique le rapport.

M. Cuattromo explique qu'il a demandé de l'aide auprès du cardinal Jorge Mario Bergoglio (NDLR: futur pape François) en 2002. Il dit n'avoir reçu aucune réponse positive suite à une rencontre avec son secrétaire. Ce fut la preuve selon laquelle «la hiérarchie catholique à Buenos Aires en 2002 a sous-estimé la gravité des crimes d'abus sexuels sur enfants et n'a pas reconnu la souffrance des victimes», dit-il.

Néanmoins, le souverain pontife s'est engagé à «éradiquer de l'Église ce fléau». En 2015, il a rencontré des victimes d'actes pédophiles commis par des prêtres. Il a également annoncé que le Vatican adoptera une politique de «tolérance zéro» à l'égard de tels crimes.

«Les gestes publics du pape François devraient être analysés dans le contexte de la lutte des victimes, qui a gagné une reconnaissance internationale au point où les autorités catholiques les plus influentes, par commodité plutôt que par conviction, ont dû prendre en compte cette réalité», affirme M. Cuattromo.

Il se réfère, en particulier, à l'enquête «Spotlight» sur un scandale de pédophilie impliquant des prêtres catholiques dans la ville américaine de Boston. Le film Spotlight a remporté l'Oscar du meilleur film cette année.

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